Quelques semaines après le succès mondial du nouvea Top Gun, Nicolas Bonnal nous rappelle que Trotski avait largement anticipé le succès planétaire du cinéma (américain) et son rôle de religion de remplacement.
Le dernier Top Gun a rencontré un succès mondial extraordinaire – et Tom Cruise a gagné cent millions de dollars, bien entouré qu’il est dans son école de douze disciples. Dieu du ciel et de la guerre, l’acteur américain (qui instruit beaucoup, des Jack Reacher aux Missions) m’a remémoré un texte que j’ai écrit il y a dix ans sur un site depuis disparu. Il traitait du remplacement de la religion par le cinéma ; la référence de ce texte est Léon Trotski.
Trotski à Hollywood
En 1923, Trotski est encore au pouvoir en URSS. Il rédige un ensemble de textes sur la question du mode de vie : un de ces textes concernant l’utilisation du cinéma comme moyen de propagande et d’élimination de toute vie religieuse et chrétienne. Comme le cinéma a essentiellement servi à cette fonction au XXe siècle, avant que la télévision ne le remplace (la gluante demi-heure du Seigneur n’aura rien changé, sinon accéléré le processus), je préfère citer ce texte qui montre qu’un programme global de déchristianisation a été mis en oeuvre aussi bien dans le monde communiste que dans celui dit libre du libéralisme et de la démocratie. Cela ne fait que conformer les analyses de Kojève sur la Fin de l’Histoire et la création du petit dernier homme nietzschéen par-delà les frontières politico-stratégiques.
Trotski cherche donc à divertir et éduquer les masses. Il remarque l’intrusion du cinéma dans la vie quotidienne et son inutilisation par les Bolcheviks – on est avant le cuirassé Potemkine ! :
« Le désir de se distraire, de se divertir, de s’amuser et de rire est un désir légitime de la nature humaine… Actuellement, dans ce domaine, le cinématographe représente un instrument qui surpasse de loin tous les autres. Cette étonnante invention a pénétré la vie de l’humanité avec une rapidité encore jamais vue dans le passé. »
Dressage des masses – pardon, éducation!
Le cinéma s’impose vite à ses yeux comme un moyen de dressage des masses – pardon, d’éducation ! Même le dessin animé a une fonction de dressage de l’enfance, comme le montre le monde de Walt Disney ou celui de Tex Avery aux USA. On peut aussi penser à Charlot ou au cinéma de Frank Capra, caricaturaux dans leurs ambitions éducatives et mimétiques.
« C’est un instrument qui s’offre à nous, le meilleur instrument de propagande, quelle qu’elle soit – technique, culturelle, antialcoolique, sanitaire, politique ; il permet une propagande accessible à tous, attirante, une propagande qui frappe l’imagination ; et de plus, c’est une source possible de revenus. »
La source possible de revenus a été bien exploitée du côté de Hollywood en tout cas, avec les plus grosses fortunes de l’époque (Fred Astaire, acteur et danseur stratégique, cinquième fortune US en 1939. Comme on sait, il règne une entente cordiale contrôlée à l’époque entre l’URSS et l’Amérique de Roosevelt. Le cinéaste communiste et stalinien Eisenstein y sera reçu comme un roi quelques années plus tard. Je cite Eisenstein intentionnellement car il mêle dans son oeuvre le religieux et le cinématographe. Il le fait dans son chef d’oeuvre Alexandre Nevski et surtout dans Ivan le terrible. Ce n’est pas un hasard puisque l’un doit détrôner l’autre, après l’avoir vampirisé. Voici comment Trotski présente son affaire :
« Le cinématographe rivalise avec le bistrot, mais aussi avec l’Eglise. Et cette concurrence peut devenir fatale à l’Eglise si nous complétons la séparation de l’Eglise et de l’Etat socialiste par une union de l’Etat socialiste avec le cinématographe. »
Trotski a une vision politique et cynique de la religion…et du cinéma
Trotski a une vision politique et cynique de la religion, comme Hitler ou Napoléon, et sans doute bien d’autres politiciens : pour lui elle est un spectacle que l’on pourrait remplacer.
« On ne va pas du tout à l’église par esprit religieux, mais parce qu’il y fait clair, que c’est beau, qu’il y a du monde, qu’on y chante bien ; l’Eglise attire par toute une série d’appâts socio-esthétiques que n’offrent ni l’usine, ni la famille, ni la rue. La foi n’existe pas ou presque pas. En tout cas, il n’existe aucun respect de la hiérarchie ecclésiastique, aucune confiance dans la force magique du rite. On n’a pas non plus la volonté de briser avec tout cela. »
Il perçoit dans l’Eglise un ensemble de rites et de techniques dont on ferait bien de s’inspirer. C’est ce que font les gens du showbiz comme Coppola (les Baptêmes), les grandes messes ou bien sûr Madonna. Comme le rappelle Whoopi Goldberg dans Sister Act, les gens préfèrent aller à Las Vegas et payer que se rendre à la messe pour écouter gratis du chant sacré. The show is better ! Se voulant réaliste, Trotski ajoute :
« Le divertissement, la distraction jouent un énorme rôle dans les rites de l’Eglise. L’Eglise agit par des procédés théâtraux sur la vue, sur l’ouïe et sur l’odorat (l’encens !), et à travers eux – elle agit sur l’imagination. Chez l’homme, le besoin de spectacle, voir et entendre quelque chose d’inhabituel, de coloré, quelque chose qui sorte de la grisaille quotidienne -, est très grand, il est indéracinable, il le poursuit de l’enfance à la vieillesse. »
Le cinéma remplacera l’Eglise
Optimiste pour l’avenir, Trotski estime que le cinéma remplacera l’Eglise et le reste parce qu’il offre un show plus riche et plus varié.
« Le cinématographe n’a pas besoin d’une hiérarchie diversifiée, ni de brocart, etc. ; il lui suffit d’un drap blanc pour faire naître une théâtralité beaucoup plus prenante que celle de l’église. A l’église on ne montre qu’un « acte », toujours le même d’ailleurs, tandis que le cinématographe montrera que dans le voisinage ou de l’autre côté de la rue, le même jour et à la même heure, se déroulent à la fois la Pâque païenne, juive et chrétienne. »
On comprend dès lors l’importance politique, psychologique, culturelle du cinéma comme moyen de dressage de masses et même des élites, puisqu’on a fait des westerns et des films de propagande des chefs d’oeuvre du genre humain et que l’on a créé le syndrome du film-culte souvent de genre satanique ou contrôle mental. Je pense aussi aux films catastrophes, éducateurs de masses en temps de crise (c’est-à-dire tout le temps) et aux films conspiratifs comme ceux de Tony Scott, qui vient de mourir d’une curieuse mort. Le réalisateur d’Ennemi d’Etat a tristement fini comme Daniel Gravotte, alias Sean Connery, jeté d’un pont dans l’Homme qui voulut être roi, mort éminemment maçonnique et symbolique. J’en profite pour rappeler la mort bizarre d’un certain nombre de cinéastes spécialistes du genre conspiratif : Stanley Kubrick, Alan J.Pakula, Peter George (scénariste de Dr Folamour), les passionnants documentalistes Aaron Russo et Alan Francovitch. Le lecteur pourra se faire une idée en se penchant sur leur cas. Mais gare à la conspiration !
Je laisse encore une fois la parole à Trotski, ce grand homme et visionnaire inspirateur, si honteusement traité par le méchant Staline ! Pour beaucoup de gens à Hollywood ce fut d’ailleurs sa seule victime !
« Le cinématographe divertit, éduque, frappe l’imagination par l’image, et ôte l’envie d’entrer à l’église. Le cinématographe est un rival dangereux non seulement du bistrot, mais aussi de l’Eglise. Tel est l’instrument que nous devons maîtriser coûte que coûte ! »
Ce « grand homme » a été le bras armé du totalitarisme rouge, du supplice de l’Ukraine en 1921 et du génocide des Cosaques.
Top Gun, film qui glorifie l’homosexualité.
Trotski a saisi toute la force de divertissement du cinéma sur les populations. Mais pas au point d’imaginer son assassin par Alain Delon.
Correction : « son assassinat »
Poutine discute et patauge (suite) :
https://nicolasbonnal.wordpress.com/2022/10/13/guerre-orwellienne-et-grand-reset/
Il nous appartient donc de ne pas être aveuglé par les yeux et de rechercher la vérité même si elle est réduite, ridiculisée, pervertie, imitée et j’en passe. Et ne pas imiter le règne animal ou le monde des insectes.
Se poser la question : faut-il le néant pour nous rendre intelligent ?
Il va de soi que je me le martèle à moi-même aussi.
L’auteur admire nettement Léon Trotski et Bertrand de Jouvenel, l’un pilier incontestable du communisme sanguinaire, l’autre admirateur zélé du nazisme antisémite. Que du beau mon de chez ses références ! Deux cent millions de morts pour ces deux idéologies maitresses du XXème siècle…
Quand va-t-il nous faire l’idéologie de Pol Pot (pur produit de l’intelligentsia française) et de son disciple Maitre Jacques Vergès ?
On attend ça avec impatience.
… l’apologie, pas l’idéologie.
La détestation des arts populaires est un des grands marqueurs des idéologies promouvant les crimes de masse, c’est devenu un truisme chez les écrivains stipendiaires des plaisirs populaires. Haro, goulaguisons, externalisons, exterminons ces cafards et leurs nourritures premières !
Boire ou conduire il faut choisir ou réfléchir en dehors des clous. François S a choisi tous les poncifs de l’argumentaire occidental. Vous êtes bien de chez nous.
Je suis pour une fois complètement d’accord avec vous.
C’est ce qui fait d’ailleurs le charme de la France urbi et orbi, imposer son point de vue contre vents et marées, hors alignement. J’ai le souvenir que nos bibliothèques sont remplies jusqu’à la gueule de nos maîtres en pensée à tous, Molière, La Fontaine, Diderot, Voltaire, Montesquieu, Tocqueville, Bastiat, sans oublier Et cetera et pour finir De Gaulle condamné à mort par contumace, qui naviguèrent hors des sentiers battus des doxas de leur époque ce en toute liberté malgré les menaces de mort ou les tentatives d’assassinat…
C’est ce que vous tentez là, non, une mise à mort ?
Vos arguments ?
Éconduit par la doxa majoritaire de mon époque, tout cela est ma vie et mon être, qui puis-je ?
Et puis j’attends de vos Lumières que vous me prouviez vos dires et remplissiez mes lacunes lagunaires de votre source fertile – « tous les poncifs de l’argumentaire occidental ».
Où, quand, comment, dans quelle étagère ?
J’insiste, j’attends votre retour impatiemment, car je ne connais que trop bien les Reductio de l’Argumentum ad hominem et personam, et leur corollaire Argument d’Autorité sans autre argumentaire que la dénonciation des arguments par le discrédit personnel.
Sachez que je n’obéis à aucune autre autorité que celle de ma conscience.
Jean Cocteau à Maurice Ravel suite à ses successifs échecs au Prix de Rome « Ce que l’on te reproche, cultive-le, c’est toi ! »
Ce que j’observe par contraste, c’est que vos types de dénonciations sont moutonniers, assez symptomatiques d’une meute en chasse, du commun aligné sur la doxa majoritaire.
Bon vent car il en faut dans votre état mental accusateur public.
Vos inspirateurs ? Torquemada ? Robespierre ? Saint Just ? Turreau ?
Il est grand temps d’arrêter de péter les plombs, même la Ursula aurait du se faire virer depuis le mois de juin, de la grosse commission Européenne.