D’un certain point de vue (faut-il l’appeler « sociologique » ?), la plus grande révolution de l’histoire de l’humanité a eu lieu au tournant du premier et du deuxième quart du second millénaire chrétien, quand (notamment sous l’impulsion des ordres mendiants), au sein du catholicisme occidental récemment constitué, le prêche a pris le pas sur le rite. Le sous-entendu essentiel de cette évolution des pratiques, c’est que la vérité théologique n’a plus vocation à être un savoir spécialisé (ésotérique), mais doit être rendu accessible aux masses, c’est-à-dire exotérique. Aux masses masculines dans un premier temps : prêche latin, donc adressé aux alphabétisés, qui sont tous des hommes – mais la Réforme va y mettre bon ordre.
L’évidence de bon sens à laquelle cette révolution [1] contrevient, c’est l’idée (totalement dominante jusqu’à l’émergence de l’Occident) selon laquelle les gens sont, pour la grande majorité, incapables de « porter au concept » même la pratique de leur propre vie quotidienne (en réalité régie par la logique du symbole et du rite : aujourd’hui, par la publicité, le clip etc.). Dans un premier temps, cette révolution ne semblait pas devoir avoir de conséquences politique majeures, compte tenu de la séparation du « spirituel » et du « temporel » [2] ; mais bien entendu, 1789 (conséquence directe du franciscanisme) a tôt fait de changer tout cela.
L’exotérique qui ne veut rien
C’est à cette évolution qu’on peut faire remonter la nécessité (qui est tout sauf évidente) de prendre en compte conceptuellement [3] les réflexes cognitifs des masses – dont je vais ici donner deux exemples suffisamment différents l’un de l’autre pour avoir bon espoir de réussir à faire ressortir leur dénominateur commun :
- L’ontologisation des réflexes tribaux, qui débouche sur l’essentialisme ethnique : c’est ainsi que la « nation » (référence purement familiale du monde aristocratique, alors encore confinée à la justification de hiérarchies de pouvoir internes) a pu prendre le sens que lui a, par exemple, donné le IIIe Occident. A la différence de sa sublimation occidentale par le fascisme, le réflexe lui-même est assez universel : tout comme la diplomatie nazie déclarait les Russes aryens dans les moments de bonne entente germano-soviétique pour les redécouvrir « enjuivés » en cas d’Opération Barbarossa, les confédérations tribales qui se formaient, des siècles, voire des millénaires plus tôt dans la Grande Steppe ou dans le Rif africain étaient généralement scellées par l’invention d’un ancêtre commun censé justifier de toute éternité l’alliance conclue avant-hier. Dans cette définition, le racisme est simplement l’idéologie de l’ancestralité.
- Le conformisme féminin : là aussi, il s’agit d’une structure intemporelle, propre à l’espèce, conséquence de la vulnérabilité féminine : vulnérabilité générale face à l’agressivité masculine nourrie par la testostérone, et vulnérabilité particulière en phase de grossesse et d’allaitement des petits enfants. La plupart des femmes effectivement vivantes descendent d’aïeules qui ont eu la bonne idée de ne pas s’écarter du groupe en cas de « pression évolutive ».
Dans les deux cas, l’anthropologie objective nous dit que ces réflexes produisent facilement une vision distordue du monde humain (de l’histoire), dont la réalité est plutôt dominée par le constructivisme culturel [4]et par le pragmatisme masculin (toute stratégie à moyen ou long terme devant faire abstraction de la sensiblerie féminine). Ces données objectives sont néanmoins des constats (« ontiques », diraient les heideggériens), sans valeur axiologique intrinsèque : c’est parce qu’ils fonctionnent « avec un logiciel occidental », par exemple, que les « gauchistes », des constats du constructivisme anthropologique, tirent automatiquement une doxa politique antiraciste – qui n’en découle pourtant pas selon toute logique possible.
Le logiciel occidental nous incite, en effet (en dépit de tous les enseignements de l’anthropologie) à attribuer à ces phénomènes cognitifs des valences eschatologiques [5] universelles et intrinsèques. En d’autres termes : on doit supposer qu’il est, pour un groupe humain donné soit rentable (racisme, féminisme), soit contre-productif (antiracisme, masculinisme) de laisser s’exprimer ces « voix de l’espèce ». Or l’histoire récente de l’Occident stricto sensu [6] démontre précisément le contraire.
Essentialisme ethnique : dans l’Amérique du Nord de la phase de formation des Etats-Unis (jusqu’aux « guerres mondiales » du XXe siècle, en gros), l’essentialisme ethnique [7] a servi de base à la constitution de la démocratie américaine (constitutionnalisme, port d’armes, 1er amendement), qui est avant tout (comme la Cité antique) une auto-organisation des paterfamilias esclavagistes. Dans l’idéologie de l’hyperclasse occidentale post-Kissinger [8], ce même essentialisme ethnique conduit au contraire les dirigeants de l’Occident à l’idée qu’il serait préférable (dans l’intérêt de la « Planète ») d’euthanasier les blancs, qui, non contents d’être (semble-t-il génétiquement) porteurs de la « personnalité autoritaire », ont des habitudes de liberté et (donc) de consommation incompatibles avec « l’agenda 2030 » [9]. En d’autres termes : un mécanisme qui, jusqu’à une certaine date[10], a servi les intérêts du groupe blanc s’est ensuite retourné contre eux – sans que sa logique interne ait réellement changé : les oligarques de Davos pensent sincèrement (à la suite de Kalergi) que les populations pigmentées par lesquelles ils souhaitent remplacer le prolétariat blanc poseront pour des raisons raciales moins de problèmes de « démocratie économique » (mouvements syndicaux etc.) que les blancs « immunisés » dont elles vont récupérer la place (comprendre : les emplois, les logements, et finalement les pays).
Conformisme féminin : Jusqu’à (en gros) la fin des années 1960, les femmes européennes (notamment françaises) restent[11] soumises à un fort encadrement clérical chrétien ; elles constituent donc, jusque-là, collectivement un allié objectif des forces réactionnaires (« légitimistes ») qui s’opposent à l’épanouissement final du 3e Occident (de l’Etat-nation démocratique) – raison pour laquelle les communistes français d’avant-guerre, par exemple, s’opposent systématiquement au droit de vote des femmes, considéré (à bon droit) comme un droit de surreprésentation électorale des curés. A partir (en gros) de mai 1968[12], la religion majoritaire de la femelle européenne devient le crédo des droits de l’homme (révolution sexuelle, sans-frontiérisme, irénisme laïc, et finalement « écologie ») : le fait que beaucoup d’individus de sexe féminin (désormais soumis au salariat, à la solitude, à l’anomie jusque-là réservée aux hommes) aient eu autant à y perdre que d’autres, une génération plus tôt, ont eu à souffrir des conséquences du conformisme précédent[13]ne change rien à l’affaire, étant donné que, dans les deux cas, on ne parle pas de réactions rationnelles à une pesée rationnelle des avantages et inconvénients de systèmes perçus dans leur objectivité, mais bien du conformisme tel que le définissait Kojève[14]. Ainsi, comparable en cela à l’effet d’inertie des masses marines (qui, dans les zones littorales, empêche la température de tomber trop bas en hiver, mais aussi de monter trop haut en été), le conformisme féminin a freiné la dégringolade anthropologique du monde blanc jusque (en gros) vers la fin des années 1960, pour ensuite devenir (sans réelle mutation interne) un facteur d’accélération drastique du même phénomène.
Au-delà du Køvíd ?
Le principal intérêt d’une telle mise en perspective, du point de vue de la synthèse hégélo-kojévo-spenglérienne que j’ai esquissée dans Køvíd[15], c’est de permettre un approfondissement de la critique, qui se retourne, pour ainsi dire, contre elle-même.
Dans la télicité organique [16], dans la finitude intrinsèque que Spengler assigne à ses Cultures, ne reconnaît-on pas avant tout une projection du Projet occidental ?
Que l’histoire occidentale [17] ait une structure dialectique, c’est bien compréhensible, à partir du dialogue (nécessairement contradictoire) du projet prométhéen occidental et de l’espèce qui en est à la fois le support et l’adversaire. On ne s’étonne pas trop de voir un dément possédé d’une manie autodestructrice vivre de crise en crise jusqu’au moment du suicide. Dans son cas, il est donc parfaitement licite d’affirmer que [18] cette culture (occidentale) ne peut pas être tuée de l’extérieur, mais uniquement mourir de son propre succès. Mais pourquoi supposer que tel devrait aussi être le cas des autres cultures ? Aussitôt qu’on transforme cette idiosyncrasie en règle morphologique universelle, applicable à toute culture digne de ce nom, l’évidence se trouble : si tel était aussi le cas de la Culture Magique (arabo-orthodoxe), si les « magiques » d’après l’An Mille étaient si décidés que ça à disparaître à l’amiable, à quoi bon le sac de Constantinople ? A quoi bon la rage dévastatrice des Teutoniques et des Franciscains ? Et surtout, à quoi bon la construction idéologique de « l’Orient immobile » (éléatique, etc.), par laquelle l’Occident justifie d’avance le projet de le « dynamiser » par la colonisation [19] ?
Sécurité raciale ou confort anal ?
Est-ce vraiment par hasard que la morphologie culturelle de Spengler apparaît à l’époque de la guerre russo-japonaise, qui marque le début de l’essoufflement du projet colonial blanc ? Curieusement, tant que les navires des « explorateurs » ne rencontraient aucune résistance décisive sur leur chemin, personne n’avait risqué l’idée que cet « orient immobile » serait mort longtemps avant Christophe Colomb, « de sa belle mort » pour ainsi dire, parce que son cycle de saisons culturelles se serait, ni vu ni connu, achevé. Dans le paradigme spenglérien, non seulement l’Occident n’a tué personne (ils étaient déjà morts !), mais il ne porte pas même la responsabilité de son propre déclin. Le relativisme, après tout, est une attitude psychologique assez typique de la mentalité des vaincus de fraîche date.
Ce que marque, dans l’immanence, la victoire japonaise de 1905, c’est la propagation du modèle occidental au-delà du monde blanc. A partir de là, le biologisme naïf des Occidentaux [20] devient, pour les esprits à la hauteur des temps, impossible. Il va donc falloir distinguer la non-pigmentation de la culture du WC à l’anglaise (confort anal) et de l’artillerie de précision (guerre des lâches) – et surtout, à terme, il va falloir choisir son camp.
C’est ce que fera, finalement, l’oligarchie occidentale post-Kissinger, en adoptant le multilatéralisme schwabien, qui est – c’est dans cette perspective qu’on s’en rend le mieux compte – le pendant inévitable des rêveries transhumanistes. En mars 2020, Soros, retardataire de l’Aufklärung pré-kantienne, a perdu le Kulturkampf interne à l’oligarchie : le nouvel Etat-modèle du care covidiste, c’est la Chine « populaire », qui a pris le relai du Japon de 1905. Elle a beau charrier les séquelles folkloriques du maoïsme (c’est-à-dire d’un stalinisme à la chinoise), du moment qu’elle est (hors Tibet et Turkestan) progressiste (en matière, notamment, virologique), Davos fermera les yeux. Et imposera même un Green Deal européen qui est le pendant de la Common Prosperity du camarade Xi : l’énergie russe qui ne chauffera plus les demeures d’européens victimes de myocardites climatiques sera le carburant du développement de la Chine occidentale, où le PCC pense avoir son dernier vivier électoral de ruraux en attente d’update culturel (c’est-à-dire de WC à l’anglaise).
Et voilà l’« ordo-libéral » (pour ne pas dire : léniniste) Schwab réconcilié[21] avec sa tête de turc Milton Friedman : le blanc étant trop syndiqué, trop paresseux etc. [22], la mise en place d’une dictature néo-malthusienne chargée de « sauver la Planète » en exterminant les blancs non-milliardaires devient, en fin de compte, compatible avec l’agenda « de compétitivité » qui amenait les miltoniens d’un temps à réclamer, sous Reagan, « moins d’Etat ». En effet, le camarade Xi [23] leur a entre-temps démontré qu’un Etat-parti très intrusif pouvait leur rendre les mêmes services que les meilleurs briseurs de grève de la C.I.A. + United Fruit. Le ciel restera-t-il indéfiniment serein au firmament de ces justes noces de l’investisseur progressiste hilferdingien et de la barbouze poststalinienne relookée ? On peut en douter. Mais, tant que les milliardaires de Davos craignent plus le « Gilet Jaune » que les parapluies bulgares de leurs nouveaux amis pigmentés, il y a de fortes chances pour qu’ils poursuivent l’exécution de l’agenda « vert et inclusif » (propriétés typiques des cadavres).
L’Occident n’est plus dans l’Occident
Un tel dépassement du spenglérisme porte au concept l’expérience pratique (favorisée par la critique du covidisme) du dépassement de la géopolitique. Il n’est, en effet, pas exagéré de dire qu’au cours des cent dernières années, c’est dans diverses formes du spenglérisme [24] que cette dernière puisait la légitimité théorique dont l’analyse des réalités de la politique internationale tendait de plus en plus à la priver. Le déclassement économique américain, comme conséquence de la visite de Kissinger et Nixon à Pékin, est géopolitiquement inexplicable. De même que la généralisation de la logique M.A.D. (dissuasion nucléaire) : s’il existait un réel « choc des civilisations », l’arme nucléaire aurait déjà dû servir à grande échelle. Ou au contraire : l’évidence de son emploi imminent aurait dû convaincre toutes les parties de renoncer à la généralisation d’une telle technologie d’armement. Aucune de ces deux scénarios conformes à la logique géopolitique ne s’est produit.
Officiellement réduite à l’état de farce depuis la crise des missiles de Cuba, la Guerre Froide, qui fournissait à l’illusion géopolitique son dernier ancrage dans le crédible, en prenant fin en 1991, a fait advenir le moment mars 2020, à l’occasion duquel les « puissances nucléaires » [25] déclarent « une trêve » [26] pour lutter ad aeternam contre la grippe.
A partir du moment où V.V. Poutine, tout en construisant une propagande d’Etat désormais officiellement basée sur la trademark de l’anti-occidentalisme, impose des politiques (de biosécurité etc.) et prononce des discours (sur « l’empire du mensonge ») qui sont la réalité physique et verbale du schwabisme le plus avancé, l’intellectuel critique de l’Occident se retrouve dans la situation des blancs chauvins de 1905, coincés entre l’idéologie du Sieg Heil et la réalité d’un Japon à la fois jaune et triomphant. De deux choses l’une. Il faut soit nier la réalité [27], soit réformer l’idéologie, en acceptant cette Umwertung aller Werte (transvalorisation des valeurs), en reconnaissant que Poutine et Xi sont plus occidentaux que De Santis et Philippot. L’Occident a quitté le monde blanc, et s’est même retourné contre lui. Pour les blancs non-milliardaires vivant encore en 2022, la critique de l’Occident n’est donc plus (comme cherche à le faire croire le douguinisme) une posture morale universaliste (donc elle-même occidentale), mais une nécessité de survie et de légitime défense.
Notes
[1]Évolution qui – petit clin d’œil aux attardés de la pensée ultramontaine – ne pouvait QUE mener à la Réforme…
[2] Séparation interprétable uniquement dans le cadre de ce qui a amené Kojève à parler de la comédie bourgeoise/chrétienne : le discours vrai ayant pour enjeu et objet dernier un autre monde, l’Histoire humaines est une comédie (nécessairement) moralisante, qui donne à l’individu (et à lui seul) l’occasion savamment préméditée de gagner son paradis – toute théorisation de l’hic et nunc politique ne pouvant, au contraire, relever que du cynisme, du machiavélisme, et finalement du Malin. Personne ne semble avoir mesuré les conséquences possibles de l’exotérisme franciscain en cas de mort de Dieu.
[3] En d’autres termes : de les intégrer à la Vérité, du fait de la « nécessaire » adéquation du Bon et du Vrai, qui est tout le sens de la scolastique comme « intégration » (en réalité : réinterprétation) de l’aristotélisme à la théologie chrétienne (« preuve ontologique » etc.).
[4] Les races étant, comme l’a bien vu Evola, des idéaux relevant de l’avenir plutôt que des « origines pures » localisables dans tel ou tel passé idéalisé – intuition apparue sur un background idéologique pérénialiste, mais entre-temps confirmée par la théorie génétique des isolats.
[5] Eschatologiques, tant que l’idéologie occidentale a été contrainte à une formulation théologique de ses intuitions – ces mêmes valences étant ensuite maquillées en valeurs « politiques », à partir du tournant hégélien (mort de Dieu – théandrie).
[6] Pour simplifier : du monde blanc.
[7] Qui dit que les noirs sont des êtres inférieurs aux blancs, à mi-chemin entre l’animal et l’homme, incapables d’assurer même leur propre survie sans la sagesse du maître, etc..
[8] Qui est au contraire acquise à l’antifascisme, à l’antiracisme, au « multilatéralisme » schwabien et poutinien, etc. – cf. infra.
[9] Tout comme, bien entendu, la classe ouvrière chinoise (qui ne semble se tenir tranquille qu’en vertu de l’accroissement constant de la ration annuelle de viande de porc), qui pèse d’ailleurs démographiquement bien plus lourd – mais la rationalité n’a, de toute évidence, plus rien à voir avec ces affaires « d’écologie ».
[10] Cette date étant, en gros, celle de la transmission de relai Kissinger-Schwab. Il est probable que Kissinger, à titre individuel, était déjà animé de l’idéologie plus tard rendue explicite par Schwab et Malleret (et par leur bouffon philosophique Harari) – mais la figure publique de Kissinger, du fait de son rôle dans la Guerre Froide, n’a plus pu incarner cette idéologie : « vert et inclusif », après l’Opération Condor, ça fait bizarre.
[11] Contrairement au gros de la population masculine, sécularisée une génération plus tôt : c’est ce que résume la scène iconique du dimanche matin villageois de la France d’avant-guerre, avec madame à la messe et monsieur au bistrot.
[12] Mai 68 étant bien sûr plutôt un moment d’affleurement du changement que de réel changement en profondeur : même le catholique protestataire Patrick Buisson l’a remarqué, situant son « krach de la foi » en 1964.
[13] Pensons notamment aux femmes jolies et audacieuses bridées dans leur ascension sociale par la contrainte du mariage « précoce » et la mauvaise réputation des « volages », etc.. La souffrance de ces « martyres » du story-telling féministe ultérieur n’est pas plus imaginaire que celle des « boudins » plus tard laissées sur le carreau par la Révolution sexuelle.
[14] C’est-à-dire comme adhésion a priori aux valeurs de la majorité sociale – constituant donc, chez Kojève, le contraire exact du snobisme, qu’il définit (dans sa Notion d’autorité) comme adhésion a priori aux valeurs de la minorité. On pourrait étendre son propos, en remarquant que l’autorité (en tant qu’elle permet à la force de s’économiser, et donc à une poignée de flics de faire filer doux d’énormes masses de caves) relève essentiellement du snobisme, donc de la psychologie masculine – une société féminisée devant donc, à l’inverse, invariablement déboucher sur un monde ultra-violent.
[15] Ed. Culture et Racines, 2022.
[16]Une sorte d’être-pour-la-mort, à la limite de la conscience de soi – aussi bien exprimée par le mot célèbre de Valéry : « Nous autre cultures savons désormais que nous sommes mortelles ».
[17]Et même cette « histoire mondiale » de Hegel, qui recule abusivement le terminus ab quo de l’histoire occidentale, pour y intégrer jusqu’au siècle de Platon.
[18]Sauf à anéantir sa base anthropologique – chose dont personne n’avait réellement les moyens avant l’ère nucléaire (quant aux questions que soulève, ou du moins devrait soulever, l’émergence de cette ère : cf. infra).
[19]Cette colonisation dont le progressiste Marx a – rappelons-le – dit tant de bien…
[20]Biologisme naïf auquel les masses allemandes, travaillées par la démagogie nazie, s’accrochent encore désespérément jusqu’en 1945 – jusqu’aux toutes dernières semaines de la guerre, qui préfigurent d’ailleurs (sous forme de Volksturm) le retournement dialectique dont il est question ici : si la nation allemande, face aux Slaves, n’a pas pu faire honneur à « sa » devise Sieg Heil, c’est donc que les Allemands méritent leur extinction : envoyons-les donc (apparemment en pure perte) sauter à 14 ans, avec leurs grenades, sous des tanks soviétiques en surnombre.
[21]Réconcilié sans le dire, et probablement même le comprendre : les textes du duo Schwab-Malleret abondent encore de piques visiblement malintentionnées à l’encontre de l’héritage de Friedman, chargé d’incarner le capitalisme des actionnaires (shareholders), passé dialectique du capitalisme des parties prenantes (stakeholders), dont Schwab se veut le prophète.
[22]Au passage, on reconnaît exactement les reproches jadis adressés aux peaux-rouges par les conquérants de la frontière – cf. Lawrence Dennis.
[23]Tout comme ses menues répliques de la nouvelle périphérie : Poutine, Erdogan… S’agissant de la Russie, le 24 février 2022 (début de l’Opération Spéciale) marque le basculement, voulu et même théorisé par Poutine, de la Russie dans le monde pigmenté, qui va désormais lui acheter son énergie bon marché à la place des blancs.
[24] Jusqu’aux tous derniers avatars un peu folkloriques, du type Huntington. La coïncidence chronologique du kojévisme folklorisé (Fukuyama) et du spenglérisme folklorisé (Huntington), comme jalons idéologiques d’une gauche et d’une droite occidentale à la veille de leur convergence finale (dans le multilatéralisme davosien), est d’ailleurs le nécessaire épiphénomène de cohérences plus profondes.
[25]Comprendre : l’oligarchie mondiale syndiquée par le PCC + Davos, c’est-à-dire la Caste, héritière de la Secte (cf. Køvíd).
[26]Trêve qui, en réalité, n’est autre que la Paix perpétuelle d’E. Kant.
[27]Ce à quoi s’emploie actuellement tout le reste de l’école « eurasiste » dont je suis issu – dans une frénésie de déni qui atteint, par moment, le comique douteux du symptôme somatisé : le rouble serait adossé à l’or, Spoutnik V n’est pas une thérapie génique, « V. Poutine a mis fin au Covid », etc.
Extrêmement Schwartz et encore plus immodeste
“Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement.” Boileau