Bien qu’officiellement « inclus dans le casting », Bolsonaro et Lula, loin de tout protagonisme réel, trahissent leur fonction d’acteurs en se contentant de commenter les événements de Brasilia, suivant un script qu’ils maîtrisent d’ailleurs visiblement mal.
Censé crier au fascisme comme Biden il y a deux ans et Trudeau il y a un an, Lula se prend les pieds dans le récit et commence par dénoncer « le stalinisme » des manifestants – avant de rectifier, s’étant probablement souvenu entre-temps que, dans toute cette histoire, il est le seul à disposer d’un passé bolchevique un tant soit peu crédible.
Au #Brésil l'extrême-droite tente un putch en mode Trump contre le nouveau président de gauche @LulaOficial. Solidarité avec la démocratie brésilienne !
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) January 8, 2023
Pour sa remise à niveau, on ne saurait trop lui conseiller de prendre quelques cours auprès de l’acteur français Mélenchon, qui crie au putsch avec toute la conviction stanislavskienne d’un trotskiste élevé sous la mère lambertienne : une hypersensibilité au putsch que – comme le fait justement remarquer Florian Philippot – la gauche macronisto-mélenchonienne de Davos avait pourtant admirablement réussi à neutraliser en mars 2020, lorsqu’une grippe a fourni aux gouvernements davosiens un prétexte suffisant à l’annulation de facto de toutes les constitutions civiques du monde industrialisé.
Lula oublie son texte, Bolsonaro à contre-emploi
Atteignant peu à peu les limites de la scène, la mauvaise troupe recrutée par Klaus Schwab pour incarner un hologramme de classe politique mondiale s’efforce tant bien que mal, en dépit des faiblesses du scénario, de maintenir la distinction des rôles : pendant que Lula bafouille, réfugié aux États-Unis, Jair Bolsonaro, tout frais émoulu de l’Actor Studio de Steve Bannon, reproduit avec une certaine servilité la performance – vieille de deux ans déjà – de Donald Trump dans le rôle d’un Hamlet illibéral, soufflant d’abord sur les braises de l’indignation populaire, pour ensuite laisser fort démocratiquement ses partisans à la merci de la terreur rouge. Avec le mondialisme de droite (ligne Trump – Orbán – Meloni), désormais, c’est février 1934 à chaque début d’année !