Faisant la promotion d’une hagiographie récente de Volodymyr Zelensky, la Règle du Jeu nous rappelle le principe d’iconicité, qui veut qu’un discours (surtout mal maîtrisé) finit souvent par ressembler à son objet.
Comme tous les prestidigitateurs, Zelenski pratique l’économie des moyens : plutôt que de cacher la réalité, il s’efforce d’en détourner l’attention. De même, l’article que la Règle du Jeu consacre à la biographie dithyrambique récemment publiée par une de ses proches collaboratrices est factuellement moins mensonger que l’intention qui l’anime : il suffit de se dépouiller de l’enthousiasme factice dicté par le mainstream actuel à l’égard de cette triste marionnette de l’oligarchie occidentale pour se rendre capable d’y lire entre les lignes toute la déprimante vérité d’un personnage et de la société qui l’a en grande partie formé à son image.
Il est, ainsi, parfaitement exact qu’il s’est jadis « opposé à [ceux] qui jou[ai]ent sur la querelle entre pro-occidentaux et pro-russes, attis[a]nt la querelle linguistique dans une surenchère nationaliste ».
Zelenski, héros de la Règle du Jeu et du bataillon Azov
Lui-même familialement russophone, Zelenski est effectivement aussi sincère dans la russophobie qu’il affiche aujourd’hui que dans son numéro de pianiste chippendale. Mais c’est le même Zelenski qui aujourd’hui parle de reprendre la Crimée (où l’ukrainien a toujours été une langue étrangère ultra-minoritaire), tout en faisant de l’Ukraine un État strictement monolingue sur le papier.
Car c’est le 24 février 2022 qu’il a accordé à Poutine sa plus grande victoire idéologique, en le rejoignant dans sa vision essentialiste (fondamentalement fausse) de l’Ukraine : une société profondément divisée dont les deux belligérants nient aujourd’hui (chacun, bien sûr, selon une autre polarité) la réalité fondamentalement multiethnique. C’est ainsi que le constructivisme progressiste de l’euromondialisme, se greffant sur la réalité schizophrène d’un projet national condamné à l’échec dès sa naissance par le funeste héritage du constructivisme soviétique, a produit ce monstre qu’est l’Ukraine actuelle : un régime formellement LGBT, mais qui n’arrive à se défendre a minima qu’en mobilisant le pire des chauvinismes, associé à une bonne dose de nostalgie hitlérienne.
C’est dans cette exacte mesure qu’il incarne en effet, « démocratiquement », la réalité ukrainienne : celle d’une société qui s’est menti à elle-même, et que ses propres mensonges viennent de rattraper.
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