Certains s’imaginent que le révisionnisme consiste à falsifier les faits du passé. Faisant dans Le Monde la leçon à E. Macron, jugé insuffisamment russophobe, Antoine Arjakovsky est là pour leur démontrer que cet art se conjugue tout aussi bien au présent.
Historien chrétien coopté par toutes les meilleures officines ukrainiennes de la bien-pensance euro-atlantique, Arjakovsky est, certes, aussi victime d’amnésies concernant des faits plus anciens – et notamment l’histoire pas toujours si catholique que ça de ses amis bandéristes. A un certain âge, ce sont des choses qui arrivent.
Mais la mémoire récente semble, elle aussi, affectée : en affirmant que « la diplomatie française (…) voulut croire en la possibilité de mettre en œuvre les accords de Minsk », Arjakovsky donne l’impression d’avoir raté les déclarations récentes faites à ce propos par les ex-chefs d’Etat Hollande et Merkel, qui ont reconnu que cette « volonté de croire » était une feinte. Je profite donc de cette brève pour lancer une cotisation en vue de payer au nécessiteux Arjakovsky quelques abonnements à la presse de grand chemin, qui a mentionné ces déclarations.
Arjakovsky : le Delfraissy de la politologie russe
Mais bon, dans la comédie ukrainienne, chacun joue sa partition. Celle d’Arjakovsky étant de toute évidence dictée par la reconnaissance du ventre envers la galaxie des parasites de la russophobie institutionnelle (notamment polono-ukrainienne), il est bien obligé de faire semblant d’en vouloir à Macron de s’être, à Munich, montré insuffisamment délirant en ce qui concerne ces grandioses perspectives de démembrement de la Russie contre lesquelles même H. Kissinger met en garde sa menue domesticité de Davos.
Du coup – à défaut de pouvoir reprocher à Poutine les crimes (notamment covidistes) dont il est réellement coupable –, Arjakovsky est victime de visions : il voit en Russie des « dizaines de millions » de partisans d’Alexeï Navalny. Son usage des zéros relève, de toute évidence, de l’art impressionniste.
En revanche, ayant visiblement oublié la langue russe de ses ancêtres, Arjakovsky – adamantin dans la défense des frontières de l’entité bolchévique de Kiev – semble incapable de lire les déclarations dudit Navalny – un suprématiste blanc de compétition, qui s’est toujours montré extrêmement enthousiaste pour le rattachement à la Russie de cette Crimée où la famille Arjakovsky chantait la gloire de Jésus de Nazareth longtemps avant que ce dernier ne se réincarne en la personne de Volodymyr Zelensky.
A défaut de prétendre détruire la Russie, Macron s’amourache de Zelenski pour qui il détruit l’économie française.
Oui enfin, faudrait pas non plus s’exagérer la marge décisionnelle de l’individu. Macron, pour l’essentiel, il fait où on lui dit…