La remontée des taux d’intérêt profite-t-elle vraiment aux banques ? Les chiffres tombent, au compte-gouttes, certes, mais laissent planer une inquiétude sur la fameuse “résilience” bancaire à laquelle les autorités monétaires accordent tant d’importance. Au Royaume-Uni, les clients ont retiré 80 milliards £ de dépôts depuis juin 2022, selon le Financial Times. En France, un phénomène d’ampleur analogue affaiblit aussi notre système bancaire. Officiellement, tout va bien sur la planète finances. Dans la pratique, les prochaines nouvelles hausses de taux pourraient devenir un problème non négligeable.
Selon les informations du Financial Times, les 4 principales banques britanniques ont perdu, en un an, près de 80 milliards £ de dépôts du fait de la remontée des taux d’intérêts. Le quotidien financier, sans surprise, explique ce mouvement inquiétant par la recherche de placements mieux rémunérés grâce à la hausse des taux d’intérêts (phénomène qui a valu à quelques banques américaines de terribles déconvenues au printemps), mais aussi par un mouvement hypothécaire socialement plus délicat. De nombreux Britanniques avaient en effet contracté des emprunts à taux variables pour acheter leur logement. Ils ont décidé de rembourser le prêt par anticipation, étranglés par la hausse des taux.
Ce repli des dépôts bancaires contribue à nourrir des inquiétudes sur la suite des événements, sachant que plusieurs analystes ont prédit une correction boursière et financière cet été.
En France, la situation n’est guère meilleure, même si elle est plus discrète. Selon les derniers chiffres connus, qui datent de juin, les banques françaises avaient également perdu 80 milliards de dépôts… mais en 5 mois seulement. Ces sommes importantes ne sont pas allées sur l’assurance-vie, mais sur des placements prioritairement liquides (les livrets réglementés), et marginalement sur des comptes à terme.
Pour l’instant, les banquiers restent de marbre. Mais, si l’on ajoute les menaces qui pèsent sur la taxation des “super-profits” comme en Italie, on voit que le climat financier est à la tension et que le pire peut survenir.
On restera donc prudent, et conscient que le ver est dans le fruit. Reste à savoir quand il sera complètement pourri, et combien de temps les banques pourront encaisser sans chanceler la remontée des taux que la persistance d’une inflation sous-jacente élevée rend inévitable.
Le suicide assisté par l’oncle Sam, des nations européennes est en marche !