« L’initiative politique d’ampleur » de la rentrée se précise : La pseudo-alternance anti-immigration s’étant avérée impossible même à l’intérieur du bunker macronien, c’est en changeant de personnalité que le caméléon de l’Elysée entend « la réaliser » : il va devenir Viktor Orbán.
Tout comme celle qu’envisageait le pauvre Darmanin, dépossédé à la loyale, la manœuvre est bien entendu rendue possible par le fait même qu’elle arrive trop tard : future Argentine, la France devrait bientôt échapper à ses problèmes d’immigration… en devenant un pays d’émigration, comme cette Hongrie « illibérale » à bon prix.
C’est d’ailleurs le seul moment de sincérité de cet entretien accordé hier par le mari de Brigitte au Point : la France est d’ores et déjà devenue « un pays d’immigration secondaire pour des étrangers entrés par un autre pays de l’Union européenne [et déboutés de leur demande d’asile dans ledit pays]. »
De ce point de vue (celui de la rétrogradation), effectivement, la France devient la Hongrie. Le Macron Nouveau anti-immigration de l’automne 2023 est donc, en réalité, dans la parfaite continuité du Macron sans-frontiériste de 2017-23 : il accompagne le déclin de la France, en s’efforçant de rester du côté du manche.
Le théâtre de l’absurde comme méthode de gouvernement
Frappés au coin du bon sens, les propos anti-immigration d’Orbán étaient (difficilement) tolérés dans l’Eurogoulag (qu’il n’a jamais songé à quitter avant la farce ukrainienne), parce qu’ils étaient démagogiques, non par leur contenu, mais par leur contexte : personne ne se soucie des opinions du dirigeant d’un petit pays qui perd de sa population en permanence.
La France, de même, peut désormais se permettre cette schizophrénie d’État d’un président passant d’une personnalité Cohn-Bendit à une personnalité Orbán parce qu’elle ne compte plus.
À cette occasion, le en même temps est, pour ainsi dire, porté au carré : la dérive tyrannique du régime se poursuit (sur le modèle de cette « démocratie souveraine » inventée à l’usage de Poutine par son gourou – lui aussi formé à l’école du théâtre de l’absurde – Vladislav Sourkov), mais en produisant une illusion d’alternance qui a désormais lieu à l’intérieur même de la personnalité « éparpillée façon puzzle » du pseudo-monarque.
C’est pourquoi Macron nous fait aussi savoir qu’il compte désormais (autre habitude d’Orbán) recourir au référendum : du moment que c’est lui qui fixe la date et formule les questions…
Dans un de ses chef-d’œuvres ZELIG Woddy Allen décrit un personnage caméléon qui change sans cesse de personnalité, notre président souffre de cette psychopathologie .