Alors que Julien Aubert, ancien député LR de la même promotion ENA qu’Emmanuel Macron, s’apprête à réunir plusieurs courants, essentiellement étatistes et de gauche, favorables à la souveraineté, une question se pose : peut-on encore être souverainiste en se déclarant favorable à l’intervention de l’Etat ? Au Courrier, bien entendu, nous pensons qu’il y a là une contradiction de taille. Bien entendu, nous respectons toutes les convictions, mais sur le fond, se déclarer à la fois souverainiste et illibéral nous paraît une illusion très… macroniste. Voici pourquoi…
Premier point, et non des moindres : nous assistons à l’implosion de la bureaucratie. L’affaire de Poissy, que nous avons évoquée, en est une parfaite illustration. Une rectrice inexpérimentée, Charline Avenel, copine de promotion de Macron et nommée rectrice de Versailles après un tripatouillage peu glorieux du statut destiné à permettre une nomination de complaisance, abime le service public dans un courrier de menace à un administré. C’est la honte, mais c’est aussi emblématique de ce fascisme gris décrit par Edouard Husson, où l’État se transforme en idéologie fanatique de l’extrême centre.
Nous voici projetés dans un État au service du capitalisme de connivence, où la proximité avec le chef de l’État vaut sauf-conduit. Tu es mon ami, donc tu es compétent.
Évidemment, ce système pose des problèmes insolubles. Mais on les masque par des dénis et des coups de menton : “Tu contestes, tu n’es pas d’accord ? Donc je te menace !” Charline Avenel n’a pas procédé autrement. Tant que ça passe, tout va bien. Le jour où l’opinion est informée de l’utilisation abusive que le pouvoir fait de son autorité, tout s’effondre Nous le voyons à Poissy, mais d’autres exemples témoignent de la même mécanique. Une fois la légitimité de l’État entamée aux yeux de tous, toutes les contestations sont possibles.
L’État échoue partout
Deuxième point, et non des moindres : l’action de l’État échoue, ce qui ouvre la porte aux vertus du marché.
On ne dira jamais assez combien l’exemple des privilèges indument accordés à Pfizer par la Commission Européenne ont ruiné le crédit de la parole publique. Voilà un prétendu vaccin fabriqué à la va-vite, aux effets indésirables délibérément maintenus dans le flou par le cartel de la presse subventionnée, financé à coup d’achat public dans ces conditions que personne ne parvient à élucider, qui devient une sorte de motto financé avec l’argent du contribuable. Mais cet État qui a prétendu nous sauver pendant l’économie de COVID nous ruine-t-il pour faire plaisir à une bureaucratie qui aime un excès de règles partout, ou bien nous enrichit-il en nous protégeant efficacement contre la maladie ?
On l’a vu : le vaccin n’empêche pas de recevoir le virus ni de le transmettre. Mais il est indispensable de fermer ostensiblement sir ces points gênants pour continuer à faire des affaires. Que l’État échoue dans la lutte contre le virus n’est pas un problème. Toute la difficulté est de savoir si l’impétrant a des solutions concrètes qui permettraient de faire croire que l’État a un plan. On échoue, mais on donne des notes à ceux qui prétendraient s’occuper d’affaires sérieuses.
Le paradoxe français
Il existe un paradoxe français: depuis trente ans nos élites ne cessent de nous répéter que la France est irréformable, que nous sommes des “Gaulois réfractaires” etc….Or, les trois ou quatre dernières décennies ont été celles d’une expansion sans précédent de l’État.
C’est toute l’histoire de l’euro. Rappelez-vous, les économistes souverainistes de gauche, sincères mais peu enracinés dans la réalité, nous avaient expliqué que l’euro était synonyme de politiques d’austérité. En réalité, c’est exactement le contraire qui s’est passé. A l’abri des taux d’intérêt allemands, les gouvernements français successifs, depuis les années Chirac, ont préféré bercer les Français des illusions d’un endettement indolore, au service de la création d’emplois publics, plutôt que d’accepter les règles de la compétitivité et d’une concurrence loyale.
Résultat : nous avons perdu notre souveraineté et notre économie est devenue la part la plus étatisée d’une économie européenne qui n’a survécu aux crises monétaires de 2008 et 2015 qu’en blessant toutes les règles du traité de Maastricht. Une France ayant gardé sa monnaie aurait été forcément plus libérale puisqu’elle aurait été dans l’incapacité de lever autant d’argent auprès de créanciers internationaux pour vivre à crédit et compenser sa perte de compétitivité relative face à l’Allemagne par des emplois publics. .
La souveraineté protège le marché
Dès qu’il prétend se passer des frontières, le capitalisme tourne à la connivence. La France n’a jamais connu de révolution”thatchérienne” parce que ses gouvernements successifs et ses grandes entreprises ont préféré l’entente dans les coulisses au respect d’un ordre libéral pour tous.
Aujourd’hui nous vivons dans un monde hyperrégulé à l’intérieur et laxiste vis-à-vis de l’extérieur – le contraire de ce qui servirait nos intérêts.
Car nous y revenons : on ne peut prôner le Frexit sans imaginer les moyens de la protection extérieure et de la liberté intérieure. Il faut plus de souveraineté extérieure pour permettre plis de liberté intérieure. .
Charline Avenel n’était plus rectrice lors du suicide post harcèlement de ce jeune de 15 ans.
T’es la sœur de Charline ? Sa mère ? T’es juste hors sujet, cocotte.
Retrouver la souveraineté de la France et du peuple français est nécessaire pour notre redressement. Je ne décolère pas d’avoir été trahi par le roi fainéant Chirac et l’atlantiste Sarkozy qui n’ont pas karcherisé la bureaucratie et notre cancer est peut-être en phase terminale ? Oui le libéralisme et le capitalisme régulés sont créateurs de richesse et accompagnent la démocratie ( Tocqueville) mais les français sont indecrottablement radico-socialistes.
Vous l’avez dit, les Français n’aiment pas le libéralisme et ce n’est pas près de changer. Ils ne sont pas tous radicaux-socialistes mais ils ont raison de rejeter le libéralisme qui aboutit à des inégalités inacceptables. 3% seulement de nos compatriotes se disent libéraux.
Le libéralisme n’a rien à voir avec la démocratie. Le régime politique libéral est un système représentatif, c’est à dire un système dans lequel les citoyens peuvent s’exprimer une fois tous les cinq ans, en France. Dans ce système, entre deux moments électoraux, les citoyens sont asservis à une caste. Les libéraux ont toujours été très méfiants à l’égard des peuples et leur préférence va au système représentatif censitaire comme Minc l’a rappelé il y a quelques années. La démocratie ( un système politique qui a existé dans la Grèce antique) est très différente du système représentatif. En 1789, le très libéral Siéyès a expliqué pour quelles raisons il fallait instaurer un système représentatif et non pas une démocratie. Dont acte, il n’y a jamais eu de démocratie en France (mais il n’y en eut pas plus ailleurs dans l’Occident moderne). Dans la vraie démocratie, la grecque, le peuple exerçait le pouvoir directement sur lui-même sans passer par des représentants et les charges politiques étaient tirées au sort. Ne parlons donc pas d’une inexistante démocratie occidentale. Mélenchon et son amie la philosophe Barbara Stiegler aimeraient instaurer une démocratie à la grecque mais je pense que ce n’est pas souhaitable; le système mixte qui était préféré par Aristote , Cicéron et Machiavel, c’est à dire le système républicain, me semble préférable (notre actuel système politique n’est pas républicain, il est presque purement représentatif; le général de Gaulle a introduit le référendum mais il a été le seul à l’utiliser ou presque). Le système représentatif est un système aristocratique ou plutôt oligarchique. Mirabeau avait prédit dès 1789 que le système représentatif promu par les libéraux aboutiraient à l’oligarchie; c’était bien vu. L’Occident libéral est oligarchique et l’oligarchie prélève les richesses et impose sa loi aux politiciens. Pour mettre un terme à la tyrannie de l’oligarchie qui nous impose l’économie libérale mondialisée, la suppression des frontières, la disparition des nations et d’une manière générale de tout ce qui limite le pouvoir de la dite oligarchie, il faut, non pas s’entêter à vouloir faire fonctionner un système libéral qui ne peut pas fonctionner de manière satisfaisante pour l’ensemble des citoyens, mais réinventer la république. La république a pour principe premier le refus de l’arbitraire. Aujourd’hui, l’arbitraire est d’abord celui des grandes firmes capitalistes (Pfizer, Monsanto, les GAFAM…….) qui sont devenues tellement riches et tellement puissantes qu’elles imposent leurs vues et leurs préférences aux États, y compris aux États-Unis où elles ont placé un homme sénile dans le fauteuil du président. Le capitalisme ne doit pas être régulé, il doit être tenu en laisse. Le général de Gaulle a dit tout le mal qu’il pensait du capitalisme libéral lors d’une interview accordée en 1968 à Michel Droit. Il pensait que les travailleurs devraient posséder la majorité absolue du capital des entreprises (plan Loichot, Vallon, Capitant) et qu’ils devraient participer, via des délégués, à leur gestion. Il appelait cela la Participation. La Participation gaullienne est authentiquement républicaine, elle n’est pas libérale. Par ailleurs, le Général, qui n’était pas libéral pour un sou, était indiscutablement un patriote, ce que ne sont pas les libéraux qui sont tous européistes et mondialistes ce qui n’est pas étonnant puisque la philosophie libérale ne connait que l’individu souverain et le genre humain. La seule souveraineté reconnue par les libéraux est celle de l’individu.
C’est ce que n’appelle un commentaire solidement argumenté, très intéressant.
“les français sont indécrottablement radicaux-socialistes”.
A mon humble avis, vous êtes en dessous de la réalité : les français sont indécrottablement COMMUNISTES. Le principe d’égalité érigé en totem absolu en est la base. A ma connaissance, aucun pays au monde n’est à ce point métastasé sur cette “valeur” que la France.
Mais le pouvoir actuel et ceux qui l’ont précédé n’étaient pas souverainistes et ils étaient néolibéraux !
Est-ce que le néolibéralisme ne serait pas à peu près l’inverse du libéralisme?…
L’endettement prétendument indolore conforté par une inflation que l’Allemagne forte permettait de contenir est une réalité mais il ne faut pas tout mélanger.
Tout d’abord l’endettement n’est pas directement lié à la souveraineté, on peut s’endetter (plus ou moins facilement, certes) en étant souverain ou en ne l’étant pas.
Ensuite vous occultez le fait que la désindustrialisation est encouragée par l’article 63 du TFUE et qu’il nous empêche même de nous y opposer, ce qui est loin d’être anecdotique. Vous auriez pu ajouter que l’euro est une monnaie trop forte pour notre économie et qu’il plombe donc nos exportations.
Pour ce qui est de la souveraineté extérieure cela me paraît trop vague pour commenter.
Une monnaie nationale permet d’être compétitif, il nous faut la retrouver.
Le Frexit est nécessaire afin de décider par nous-mêmes et pour nous-mêmes, et quand j’emploie le terme nous-mêmes il s’agit du peuple et non pas simplement d’une minorité oligarque.
Les USA sont en perte de vitesse et le monde multipolaire nous tend les bras.
Qu’attendons nous pour nous libérer de nos chaînes ?