Après avoir qualifié le chancelier allemand Olaf Scholz de « stupide », l’industriel Elon Musk, futur ministre de l’efficacité gouvernemental de Donald Trump, a pris part au conflit qui oppose le gouvernement italien de Giorgia Meloni au pouvoir judiciaire concernant la politique d’externalisation de la migration avec l’Albanie. Musk a affirmé sur sa plateforme X que « ces juges doivent partir ». Le président italien, Sergio Mattarella, a ouvertement accusé le milliardaire de s’immiscer dans les affaires nationales. Pour autant, les propos de Musk ont généré des réactions mitigées au sein du paysage politique italien.
Les initiatives de la Première ministre Giorgia Meloni visant à réduire le flux de migrants arrivant chaque année sur les côtes italiennes ont été régulièrement contestées en justice, souvent avec succès, notamment l’accord signé l’année dernière avec Tirana. Cet accord stipule que les demandes des migrants interceptés par les autorités italiennes en Méditerranée, et jugés originaires de pays « sûrs », soient traitées en Albanie. Cependant, le mois dernier, des juges avaient déjà statué concernant le premier groupe de migrants transférés, ordonnant le rapatriement en Italie des 12 hommes originaires du Bangladesh et d’Égypte. Le tribunal de l’immigration de Rome a également annulé le 11 novembre dernier, la détention de sept migrants, transférés en Albanie, et a renvoyé l’affaire devant la Cour de justice de l’Union européenne. « Ces juges doivent partir », a commenté Musk.
La réplique ferme de Mattarella
Dans un message publié sur X (anciennement Twitter), Musk a déclaré que ces juges devraient être « écartés ». Un commentaire qui a attisé la discorde en Italie, où le débat sur la gestion des migrants est devenue source de tension.
Le président italien Sergio Mattarella a vivement dénoncé l’incursion d’Elon Musk dans le débat controversé sur la politique migratoire du gouvernement. Sergio Mattarella, habituellement mesuré, a émis une déclaration sans équivoque pour rappeler l’importance de la souveraineté italienne face aux ingérences extérieures. « L’Italie est un grand pays démocratique et sait prendre soin d’elle-même », a-t-il affirmé, précisant que personne, même s’il s’apprête à occuper un poste important dans un pays allié, ne devait se permettre de dicter sa conduite à l’Italie.
Cette déclaration visait explicitement Elon Musk, récemment nommé à la tête du Department Of Government Efficiency (DOGE) par le président élu Donald Trump, une entité chargée de conseiller sur des réformes majeures.. L’implication de Musk dans les affaires intérieures italiennes a été perçue par Mattarella comme une atteinte à la souveraineté de l’État.
Des réactions mitigées en Italie
L’intervention de Musk a divisé la classe politique. Le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini, leader de la Lega et figure influente de la coalition de Giorgia Meloni, a soutenu Musk, en affirmant :
« Elon Musk a raison ; j’ai arrêté les débarquements de migrants et je risque maintenant six ans de prison. Vu de l’étranger, cela doit paraître encore plus incroyable. »
Cependant, d’autres voix se sont élevées pour condamner cette ingérence. Ernesto Carbone, membre du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), a qualifié les propos de Musk de « dangereux » et a mis en garde contre leur impact sur la démocratie.
L’Association nationale de la magistrature italienne, par la voix de sa vice-présidente Alessandra Maddalena, a également exprimé son indignation, soulignant que la question ne touchait plus seulement l’indépendance judiciaire mais la souveraineté même de l’Italie.
La pression sur Giorgia Meloni
Face à la réaction de Mattarella, Meloni a simplement déclaré : « Nous écoutons toujours avec beaucoup de respect les paroles du président de la République », sans pour autant exprimer un soutien explicite.
Pour autant, l’opposition a profité de cette polémique pour pousser Giorgia Meloni à prendre position. Le Partito Democratico, par l’intermédiaire de l’eurodéputé Sandro Ruotolo, a appelé la Première ministre à dénoncer publiquement Musk et à réaffirmer son engagement envers la constitution italienne. Riccardo Magi, leader de +Europa, a défié Meloni et Salvini de défendre la souveraineté italienne face à cette ingérence.
Les critiques ont également été entendues au niveau européen, avec Sandro Gozi, eurodéputé et secrétaire général du Parti démocrate européen, déclarant sur X :
« L’Italie et l’Europe n’ont pas besoin de leçons de démocratie de qui que ce soit, et surtout pas d’Elon Musk, qui ne vise qu’à éroder nos valeurs fondamentales. »
Pour mémoire, la semaine passée, Musk a attisé la colère des dirigeants allemands lorsqu’il a qualifié le chancelier allemand Olaf Scholz de « stupide » juste après l’effondrement de la coalition tripartite de la chancelière allemande. En réponse à un message publié sur « X » évoquant l’effondrement du gouvernement de Scholz, Musk a écrit en allemand : « Olaf ist ein Narr », ce qui se traduit par « Olaf est un imbécile ».
Olaf ist ein Narr https://t.co/Yye3DIeA17
— Elon Musk (@elonmusk) November 7, 2024
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Super exemple de liberté d’expression d’un citoyen ordinaire qui dérange l’exécutif politique d’un état par nature extraordinaire avec la séparation des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Musk a toujours eu la langue bien pendue avec un sens stratégique surdimensionné négligeant le sens politique en faveur de l’efficacité pragmatique. Il n’est pas encore agent exécutif de l’Etat, seulement pressenti, et reste libre jusqu’au bout.