Les jeunes manifestants venus déranger Macron à La Haye l’ont certes interrompu en plein délire europhile. Pour autant, il est douteux que leur initiative ait pu – et même voulu – nuire au projet euro-mondialiste.
Car les « acheteurs » de ce projet sont aussi ceux qui aiment les confinements, l’euro, les guerres civilisationnelles contre la culture du viol russe, Olivier Dussopt si sincère dans Têtu et Marlène Schiappa, si combative dans Playboy : les boomers bien-pensants, dont le gendre idéal n’est pas l’activiste qui brandit des pancartes, mais ce mari de Brigitte, si propre sur lui, qui, à la tribune, prêchait le bon vieil évangile européiste de leur jeunesse.
Il serait inutile de spéculer sur l’origine et les intentions politiques des manifestants de La Haye. Objectivement, dans le contexte politique actuel – européen, mais surtout français –, les agendas que leur geste favorise sont d’une part celui du conservatisme mondialiste macronien, d’autre part, celui de la révolution mondialiste mélenchonienne, que l’oligarchie – elle s’est déjà efforcée de nous le faire comprendre par la bouche d’Attali, puis de DSK – laissera se produire à la minute exacte où elle jugera que le Gauleiter Macron ne lui offre plus assez de garanties de sécurité.
L’incident de La Haye plaide en faveur du quitte-ou-double européiste
Le plus gros ennui de Davos, en réalité, c’est plutôt la mauvaise synchronisation d’un tel scénario français (ou franco-italien) avec l’évolution du reste de l’Europe – où la crise créée par le chapitre ukrainien du Reset risque plutôt d’amener au pouvoir (notamment en Autriche et Allemagne) des droites dures.
Le plus gros risque pour Bruxelles n’est donc pas un Frexit actif, dont les élites parasitaires de Paris ne prendront jamais l’initiative, mais le Frexit passif que risque d’enclencher un triomphe électoral de la NUPES, dans le cas où la classe moyenne allemande refuserait de raquer pour les grandioses projets sociaux d’une République Populaire mélenchonienne.
L’UE disparaîtrait alors exactement comme sa grande sœur l’URSS : par désaffection – non pas des républiques allogènes situées sur ses marges – mais de son centre de pouvoir et de production, décidant un beau jour d’expulser sa périphérie déficitaire.
C’est en ce sens qu’on peut dire que Macron revient de La Haye à la fois fragilisé et renforcé : renforcé dans la tentation du retour à un bipartisme au sein duquel Renaissance serait censé incarner « la droite ».
Dimitri Orlov (suprématiste russe et collapsologue rayé) se fécilite en effet toujours de l’éclatement de l’URSS qui renforcé la feinte Russie néo-totalitaire (station-service plus Kremlin numérisé).
Je crois que c’est à Orlov qu’on doit cette trouvaille des « échecs en 5D » que jouerait le Grand Maître international du Kremlin, et qui fait depuis lors les délices satiriques d’E. Slavsquat.