Les fonds de pension ont-ils inspiré la réforme des retraites voulues par Emmanuel Macron ? C’est ce que beaucoup pensent, et avec une vraie maladresse, Emmanuel Macron a nourri ce fantasme en attribuant la Légion d’Honneur à Jean-François Cirelli en ce début d’année, après l’avoir reçu au sein même de l’Élysée en 2019. Une analyse simple des taux de cotisation pour les cadres dans le système actuel et dans le futur système montre que les fonds de pension ne tireront aucun profit massif de cette réforme.
Les fonds de pension seront-ils les grands gagnants de la réforme Macron qui peine tant à sortir et qui bloque le pays? Un comparatif des futurs taux de cotisation montre le contraire.
En effet, en l’état, les cotisations pour les salariés dans le régime actuel sont fixées à des niveaux différenciés selon les salaires.
Au-dessous du plafond annuel de la sécurité sociale, fixé pour 2020 à un peu plus de 41.000 €, les cotisations se répartissent de façon assez simple pour la “vieillesse”. Elles sont de 17,75% du salaire pour le régime général (dont plus de la moitié payée par les employeurs), et de 7,75% pour le régime complémentaire (ARRCO). Le total est donc de 25,5% pour le commun des mortels… à peu près équivalent à ce que Jean-Paul Delevoye a annoncé en septembre (25,31% du salaire). Pour les non-cadres, la réforme devrait donc être financièrement neutre, sachant que les cotisations ARRCO (et AGIRC…) sont appelées à 125% de leur niveau officiel.
Pour les cadres la situation n’est pas meilleure.
En l’état, l’AGIRC prélève des cotisations au-dessus du plafond de la sécurité sociale (ce qu’on appelle couramment la “tranche A”) sous le niveau auquel les non-cadres sont soumis. Pour la part de salaire supérieure à 41.000 €, le taux de cotisation monte à un peu plus de 20%, contre plus de 25%, on l’a vu, sous le plafond de la sécurité sociale. Dans le système Macron, ce “petit cadeau” aux cadres disparaîtra. Jusqu’à 120.000 € annuels, les cadres devront cotiser à 25% et non à 20%.
Autrement dit, les cadres vont perdre du pouvoir d’achat (3% de revenus, selon nos calculs) et de la capacité à épargner pour se constituer une retraite supplémentaire par capitalisation.
Comme nous l’avons écrit plusieurs fois, il est dommage que la France fasse bande à part et n’ouvre pas un étage de capitalisation comme chez nos voisins.