Les Français sont-ils vraiment en bonne santé, comme le laisserait croire le fantasme selon lequel nous aurions le meilleur système de santé du monde ? Si l'espérance de vie en France est l'une des plus élevées du monde et laisse croire à de belles performances sanitaires, notre espérance de vie en bonne santé est beaucoup plus médiocre et interroge en profondeur sur la pertinence de notre politique de santé publique.
Le tableau ci-dessus, publié par l’INSEE, analyse l’espérance de vie en bonne santé des hommes de l’UE. Par bonne santé, il faut entendre la définition suivante:
La bonne santé peut être définie de nombreuses façons. Pour le calcul de cet indicateur européen (indicateur structurel de la stratégie de Lisbonne), il a été décidé de privilégier la dimension fonctionnelle de la santé. C’est pourquoi l’AVBS est aussi connu sous le nom d’espérance de vie sans incapacité (EVSI). Il s’agit plus précisément de l’absence de limitations dans les activités usuelles, englobant implicitement les activités scolaires pour les enfants, les activités d’éducation, professionnelles et domestiques pour les adultes et les activités sociales ou de loisirs pour tous. Les limitations dans les activités élémentaires (par exemple manger), qui ne concernent heureusement que peu de personnes, sont également implicitement incluses dans les activités usuelles.
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Autrement dit, l’espérance de vie en bonne santé s’analyse comme la vie « sans limitations dans les activités usuelles ».
Le mauvais score de la France sur la bonne santé
Le tableau le montre clairement, les résultats de la France en matière de bonne santé sont médiocres. Alors que les Français vivent en moyenne un an et quatre mois plus vieux que leurs camarades européens, ils vivent un an de moins qu’eux en bonne santé.
Certaines comparaisons sont accablantes.
Alors que les Français vivent en moyenne en bonne santé jusqu’à 62 ans et demi, ce qui est moins bien que la Bulgarie… les Suédois (recordmen d’Europe), vivent sans dépendance jusqu’à 73 ans et un trimestre, les Espagnols jusqu’à 69 ans, les Allemands jusqu’à 65 ans.
Contrairement aux idées reçues, la performance sanitaire française est donc mauvaise. Ce score interroge en particulier notre politique de prévention. On le sait, la France exprime une préférence systématique pour la maladie plutôt que pour la santé. Elle a d’ailleurs appelé son système de sécurité sociale « assurance-maladie » et non « assurance-santé », ce qui est en-soi un aveu d’intention.
On retiendra que, en France, le réflexe autour de la curation plutôt que de la prévention est généralisé. C’est le cas par exemple avec des syndicats comme la CFDT qui se battent pour mettre en place une indemnisation en cas de métier pénible et non une prévention des effets produits par la pénibilité.
Sur le fond, le débat sur les moyens des hôpitaux publics visent avant tout à pérenniser un système qui favorise la maladie autrement dit de la bonne santé. On ne s’étonnera donc pas des mauvaises performances françaises.