L’Europe peut-elle rivaliser avec les géants américains et chinois de l’intelligence artificielle sans les mêmes moyens financiers ? Pour le milliardaire et magnat de la technologie français, Xavier Niel, l’Europe risque d’être un continent « abandonné » et d’être « rétrogradé » dans l’économie mondiale si elle « ne fait pas les choses correctement » dans cette course à l’IA. Bien que des acteurs prometteurs émergent, l’Europe doit relever de nombreux défis pour prétendre au leadership dans le domaine de l’IA. Pour y parvenir, le Vieux Continent devra surmonter des obstacles majeurs.
Dans une interview sur Financial Times (FT), le milliardaire des télécoms, Xavier Niel, a déclaré que l’Europe peut devenir un leader dans le domaine de l’Intelligence artificielle (IA). Le marché mondial de l’IA devrait atteindre 256 milliards de dollars en 2024. D’ici 2030, l’IA pourrait contribuer à hauteur de 15 700 milliards de dollars à l’économie mondiale. Le nombre d’utilisateurs de technologies basées sur l’IA pourrait atteindre 500 millions d’ici 2027, mettant en évidence l’importance croissante de cette technologie à l’échelle mondiale.
Niel très optimiste pour le secteur technologique
Xavier Niel, figure emblématique du secteur des télécommunications et investisseur influent en Europe, a récemment partagé son point de vue sur la capacité de l’Union européenne à devenir un leader dans le domaine de l’intelligence artificielle. Dans une interview accordée au Financial Times, il a souligné que, bien que l’Europe soit souvent perçue comme retardataire par rapport aux États-Unis et à la Chine, elle possède le potentiel nécessaire pour créer des entreprises d’IA compétitives, même avec des budgets plus modestes.
« Je pense que nous pouvons créer de grandes choses avec quelques centaines de millions d’euros »
, a déclaré Niel, insistant sur l’importance de la détermination et de la stratégie des fondateurs européens. Cette conviction est illustrée par le soutien qu’il a apporté à des entreprises prometteuses comme Mistral, spécialisée dans le développement de modèles IA avancés.
Niel estime que les entreprises technologiques européennes comme Mistral sont capables de « créer des modèles d’IA compétitifs aujourd’hui » avec quelques centaines de millions d’euros. Toutefois, l’Europe doit agir comme il se doit.
Les dangers de la vente prématurée
Niel avertit que pour réussir, les entrepreneurs doivent résister à la tentation de vendre trop tôt leurs entreprises. Il affirme que le succès de l’IA en Europe dépendra de la capacité des « vrais génies » à poursuivre leurs visions sans se laisser séduire par des offres d’achat avantageuses mais précipitées. « Au cours des deux ou trois prochaines années, la viabilité de notre écosystème IA reposera sur la volonté des fondateurs de maintenir leur indépendance », précise-t-il.
Cet avertissement est d’autant plus important à un moment où l’Europe tente de rattraper son retard dans la technologie, après avoir été en retrait lors des vagues technologiques précédentes, telles que l’émergence d’Internet et des réseaux sociaux.
L’Europe face à une bifurcation stratégique
Niel est également préoccupé par les conséquences économiques et stratégiques si l’Europe ne parvient pas à s’imposer dans le domaine de l’IA.
« Si l’Europe ne fait pas cela correctement, elle deviendra un tout petit continent abandonné pendant quelques générations »
, a-t-il mis en garde, soulignant le risque de dépendance envers des technologies développées ailleurs, souvent en décalage avec les valeurs européennes.
Cet avertissement vient rappeler l’importance d’une autonomie technologique pour la région, non seulement pour son dynamisme économique, mais aussi pour la préservation de ses principes éthiques.
Course mondiale pour la domination de l’IA
En parallèle, le rapport du Financial Times souligne l’intensification de la compétition mondiale dans le secteur de l’IA. Des entreprises comme Google poursuivent leur expansion, notamment avec le récent lancement de Gemini, une application pour iPhone visant à intégrer l’IA dans les tâches quotidiennes des utilisateurs. Cette ruée vers l’IA est alimentée par la demande des consommateurs pour des outils intelligents et personnalisés, tels que des chatbots, des éditeurs de photos et des assistants d’écriture.
Le PDG de Noiz, Dmytro Timochenko, a récemment déclaré :
« Une bonne chose à propos des applications alimentées par l’IA est leur capacité à créer des expériences personnalisées. L’IA est capable d’analyser les données à très haut débit, ce qui lui permet, par exemple, de recommander un contenu basé sur les préférences de l’utilisateur assez rapidement. »
A noter que parmi les entreprises spécialisées dans les modèles d’IA générative et prédictive, Nvidia, a vu sa capitalisation boursière passer de moins de 300 milliards de dollars à la fin de 2022 à plus de 3000 milliards de dollars en juin 2024. De leur côté, Alphabet (Google) et Microsoft comptent parmi les principaux leaders de ce secteur.
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