En matière de coronavirus et de confinement, le MEDEF fonctionne de plus en plus comme une administration. Alors que les entreprises au cas par cas éprouvent de plus en plus de difficultés à faire venir leurs salariés pour continuer l'activité, l'état-major de l'avenue Bosquet a produit quelques normes que n'auraient pas désavoué Muriel Pénicaud et son équipe. Au risque de lancer une nouvelle lutte des classes avec la CGT.
Il n’est pas si lointain le temps où le MEDEF et certains de ses adhérents n’en finissaient pas de baver sur les “Gilets Jaunes” et autres sans-culottes qui semaient la pagaille dans les rues. Après avoir regretté la bougeotte de toutes ces petites gens, l’état-major de l’avenue Bosquet ne souhaite pas les voir confinés chez eux. Allez comprendre !
Le président du MEDEF vient donc d’envoyer une lettre rappelant à ses adhérents les règles à respecter en matière de confinement. Dans la pratique, toutes les entreprises qui ne peuvent pratiquer le télétravail doivent continuer l’activité en respectant des règles de sécurité pour éviter la transmission du virus.
Petit problème : les salariés qui sont supposés aller au travail chaque jour renâclent. Largement remontés par la CGT, les impétrants craignent d’être les sacrifiés du front, destinés à attraper le coronavirus pour préserver le mode de vie des cols blancs confinés et des grands bourgeois parisiens réfugiés dans leur maison de campagne.
D’où un hiatus qui constitue, à bien des égards, le renvoi d’ascenseur qu’on pouvait craindre après le mépris des élites affiché pour le petit peuple depuis plusieurs mois. Les manants sont réfugiés sur leur Aventin, comme l’a souvent écrit dans nos colonnes Michel Maffesoli. Et il ne va pas être facile de les en déloger… Pour l’ensemble de l’économie française, le risque d’une mise à l’arrêt est de plus en plus grand.