La déplorable, ahurissante gestion de crise dont les pouvoirs publics donnent le triste spectacle depuis le début de l'épidémie de coronavirus confirme une information essentielle dont nous avions l'intuition jusqu'ici mais qui ne nous paraissait pas si importante : la France a besoin d'une profonde réforme de l'État, qui tiendra probablement de l'électrochoc, après plusieurs décennies de laxisme et d'enfumage administratif.
Pour la gestion de crise, on repassera. Les semaines qui viennent de s’écouler ont montré que les élites de ce pays faisaient preuve d’une incurie peu imaginable auparavant en matière de réponse aux défis de notre temps.
Une gestion de crise qui laissera des traces indélébiles
Si l’on récapitule les événements de façon synthétique, on comprend que, dès le mois de janvier, la ministre de la Santé avait averti sur la gravité de la crise. Mais, dans le même temps, personne ne s’est inquiété du trop faible nombre de masques pour les personnels soignants. Pourtant, les événements qui se déroulaient en Chine, où l’INSERM a ouvert en 2017 un laboratoire dédié aux virus, permettaient de savoir que l’exposition des soignants au virus serait massive.
Pendant plusieurs semaines, le gouvernement, la ministre Buzyn en tête, a tenu une communication rassurante sur le fait que le virus n’atteindrait pas la France, et, une fois celui-ci arrivé sur le sol français, sur le fait que le port du masque était superflu. Encore aujourd’hui, le gouvernement martèle que le port du masque n’est nécessaire que pour les personnels soignants. Dans le même temps, Emmanuel Macron se montrait au théâtre pour prouver que le risque n’était pas si grand…
Lorsque l’épidémie s’est répandue sur le sol français, l’importance des dégâts est apparue de façon fascinante : pénurie de masques pour les soignants, de tests pour la population, de lits de réanimation pour les malades. Jour après jour, on a vu le gouvernement improviser des solutions de fortune, là où tout ce qui se produisait n’était que la redite d’événements déjà vus en Chine en janvier et en Italie en février.
Y a-t-il des scandales dans les scandales ?
Et quand on commence à gratter la surface du sol, des tumeurs encore plus préoccupantes apparaissent. La pénurie de masques en est le meilleur exemple. Il y a dix ans, la France s’était dotée d’un stock d’environ 1 milliard de masques FFP2 permettant de se prémunir contre la contagion. Selon Marisol Touraine, la France disposait encore de 75 millions de masques FFP2 en 2015, ce qui permet de tenir trois semaines au rythme actuel.
Selon Olivier Véran, la France ne disposait plus que de 5 millions de masques FFP2 lorsque l’épidémie est arrivée sur notre sol. Où sont passés les 70 millions de masques manquants à l’appel ? Pourquoi l’État n’a-t-il pas commandé plus tôt des stocks pour faire face à l’épidémie ? Selon Olivier Véran, il faut 24 millions de masques par semaine, ce qui montre bien que les stocks de 2015 étaient de toute façon insuffisants.
On senti bien que les zones d’ombre dans ce dossier sont encore nombreuses, et que de futures découvertes risquent d’ébranler un peu plus les services de l’État.
L’incertitude sur le nombre de morts
Mais les approximations officielles ne s’arrêtent pas là. Au fil des communications de Jérôme Salomon, directeur général de la santé, le flou augmente. Hier soir, son point presse a déclenché un nouveau doute sur le comptage des décès. Les chiffres officiels incluent-ils ou non les personnes âgées dépendantes hébergées dans des maisons de retraite ?
On découvre que non, et peu à peu, la France s’aperçoit que les données sur la mortalité du virus sont liées à l’épaisse couche bureaucratique qui (dé)structure notre pays. Le ministère de la Santé compte les morts dans les hôpitaux, mais pas ceux des établissements d’hébergement, ni les éventuels morts à domicile.
Visiblement, l’idée de dépasser les catégories administratives, les problèmes bureaucratiques, pour consolider les chiffres n’avait effleuré personne.
Le scandale de la chloroquine n’a pas livré tous ses secrets
Face à autant de légèreté, et même de désinvolture, on reste confondu. Mais lorsque Didier Raoult, le médecin marseillais mondialement reconnu mais considéré comme un “fou furieux” par la macronie, affirme qu’il détient les clés d’un traitement peu coûteux, la machine s’emballe. Tout à coup, ceux qui ne se préoccupaient ni d’acheter des masques, ni d’acheter des tests, deviennent plus royalistes que le roi.
Soudain, il faut être prudent. On ne propose pas assez de masques aux soignants, mais il faut éviter aux malades qui présentent des formes graves de la maladie d’être exposés aux effets secondaires d’un traitement qui n’a pas reçu l’aval de l’INSERM. Ceux qui ont démontré leur totale imprudence dans la préparation de la crise deviennent des parangons de prudence face aux malades qui commencent à tomber comme des mouches.
Une administration obsolète qu’il faut réformer
Sans dissimuler les responsabilités politiques dans cette affaire, une évidence crève désormais nos écrans : l’administration française est dépassée et inadaptée au monde contemporain.
Elle est pétrie de certitudes et d’arrogance, bannissant les dissidents, et adoubant une coterie de médiocres qui se tiennent les coudes pour conserver le contrôle d’une machine qu’ils mettent en coupe réglée. La caricature de ce naufrage est dressée par Jérôme Salomon, le directeur général de la santé, conseiller de Marisol Touraine sous le précédent quinquennat, et auteur d’une note sur l’impréparation de la France en matière de lutte contre les épidémies… en 2016 !
Jérôme Salomon avait en effet soutenu Emmanuel Macron à cette époque, en l’alertant sur ce sujet. Une fois devenu directeur général de la santé, il a manifestement laissé les stocks se vider, et n’a imposé aucune des décisions de gestion qui relevaient de sa responsabilité. En revanche, il semble très à l’aise avec la prudence de mise vis-à-vis du provincial, du dissident Didier Raoult.
Pour un électrochoc de l’État
Depuis une vingtaine d’années, les gouvernements qui se sont succédé ont tous parlé de réforme de l’État, mais avec un sens de la demi-mesure, de l’eau tiède, de l’incertitude et de l’indétermination, qui débouche sur ce que nous voyons aujourd’hui. La haute fonction publique se révèle incapable de faire face à des crises prévisibles, prévues, annoncées, et elle se révèle incapable de s’adapter aux urgences.
Tout ceci plaide pour un renouvellement profond de nos élites administratives, plus préoccupées de politisation que d’efficacité, plus soucieuses de leur carrière que d’intérêt général.
Lorsqu’il fut élu, Emmanuel Macron avait affirmé qu’il évaluerait personnelles les détenteurs des 400 postes-clés de l’administration française. Non seulement il ne l’a pas fait, mais il a lui-même nommé des gens qui aujourd’hui démontrent leurs limites.
Tout ceci ne peut plus durer. Il faut un électrochoc pour remettre le service public d’équerre.
L’accident du travail est un domaine dans lequel les progrès effectués ont été importants, grâce à un système de financement vertueux (les cotisations à l’assurance accidents du travail dépendent du taux d’accident de l’année dans l’entreprise ou la branche selon la taille de l’entreprise et les dépenses de prévention peuvent être retirées des cotisations.
Mais de plus c’est un secteur dans lequel s’est développé une vraie pensée avec notamment la mise en place de l’arbre des causes. Chaque accident du travail est décortiqué pour élucider l’addition de petits incidents, infractions, évènements fortuits qui ont donné lieu in fine à un accident. C’est à dire que dans ce secteur on apprend de ses erreurs. On ne s’empresse pas de masquer ses erreurs, d’en renvoyer la responsabilité sur un autre, on cherche à ne pas reproduire l’erreur.
C’est typiquement ce qui n’a pas été fait, notamment après l’épidémie de H1N1 sous le gouvernement Fillon, Bachelot ministre de la santé. La question n’était pas de savoir si on en avait trop fait , en achats de masques, vaccins, caméras détectant la température etc. Mais plutôt de savoir pourquoi la campagne de vaccination avait si mal marché. Et l’on peut comparer avec ce qui s’est passé au même moment au Québec : là le ministre de la santé est intervenu à la télé pour dire : si l’épidémie est massive car trop peu de personnes sont vaccinées, elle coûtera très cher aux finances de la sécurité sociale, donc à vous les cotisants. Donc faites vous vacciner chez votre médecin traitant. En France on a voulu militariser (déjà) le processus et on s’est heurté à un refus massif. Notamment parce qu’on “vend” toujours les vaccins d’un point de vue individuel, alors qu’il s’agit d’un pari pour un gain collectif. On se vaccine pour prémunir les autres, pour ne pas être contaminé et donc transmetteur.
Nous avions la chance d’avoir plusieurs solutions possible, Chine et confinement autoritaire, Corée du sud l confinement ciblé à l’aide d’une géolocalisation, Italie, débordement de tout l’appareil de soins. On aurait pu peut être, si l’on avait tiré les enseignements du H1N1, posséder à l’avance masques et réactifs, éviter les messages paradoxaux et notamment éviter d’organiser des élections en plein début d’épidémie etc;
Saura-t-on cette fois tirer quelque leçon de notre pitoyable pataugeage ?
non on ne peut pas tirer la moindre leçon de ce cafouillage car dans la réalité le vrai patron n’est pas Macron mais bien Salomon. Or ce n’est pas Salomon qui changera sa situation. Il n’y a aucun risque d’un quelconque changement. Le ponctionnaire ponctionne depuis des années et ce n’est pas prêt de s’arrêter. Le ponctionnaire est juste là pour ponctionner quitte çà détruire le pays mais ce n’est pas son problème. Pour changer l’Etat, il faudrait supprimer le ponctionnaire et son statut, mais c’est trop tard. Est-ce que la crise qui vient pourra changer quelque chose, je crains que non car le ponctionnaire doit être payé quoiqu’il arrive, plutot doit être gavé quoiqu’il arrive. Vous n’imaginez même pas ce que ressent le petit agriculteur qui doit trimer toute sa vie pour gaver tout ce monde et n’être pas soigné si il est malade. On s’offusque quand un médecin meurt, mais c’est peut-être une bonne chose car cela remets un peu les pendules en place.
Et si nous parlions un peu de cette fameuse “Union Européenne”, qui n’a d’unité que de nom?
En 2016, le Portugal dévoré par des incendies monstrueux attendait en vain l’aide de ses frères européens. Finalement, ceux qui sont venus à bout de ses incendies sont les russes, qui avaient dépêchés sur place de gros moyens aériens spécifiques. Lorsque les incendies ont été circonscris, le Portugal a remercié très solennellement les russes; aucun écho dans les médias européens bien sûr…
Mars 2020, sur un appel du gouvernement italien et sur ordre de Vladimir Poutine, l’état major russe met en place en 24h00 8 brigades spécialisées avec hommes et matériels, lesquels s’envolent pour l’Italie afin de prêter main forte. Petite anecdote: les polonais -européens “convaincus”- interdisent le survol de leur territoire aux avions russes, au prétexte qu’il s’agit d’avions militaires, résultat, un détour de 1000 kms environ…
Que pouvons nous voir sur certains médias (pas en France bien sûr), des étendards européens qui côtoient les drapeaux italiens aux frontons de bâtiments administratifs décrochés, afin d’être remplacés par des drapeaux russes…Là aussi, cherchez l’erreur!
Indépendamment de ce qui se passe sur notre territoire, qui a retrouvé brutalement le nom de Nation dans la bouche de nos élites, comment penser que la “machine” européenne (pour reprendre un terme gaullien) pourra se sortir indemne de ce gigantesque fiasco? Le décor vient de tomber, le roi est nu…