Mickaël Nogal, actuellement député de la Haute-Garonne (LREM) a été nommé directeur général de l’ANIA, le 5 janvier 2022. De nouvelles fonctions qu’il assumera à partir du 1er mars 2022, à la fin de la session parlementaire. Régulièrement, cette association de l'agroalimentaire monte des opérations de lobbying pour séduire notamment les hommes politiques.
Du Palais Bourbon au lobby alimentaire
Le député LREM Mickaël Nogal a été nommé, mercredi 5 janvier, directeur général de l’ANIA, l’Association nationale des industries alimentaires. Une organisation qui exerce des activités de lobbying en France pour le compte de nombreux clients du secteur.
« Mickaël Nogal, actuellement Député de la Haute-Garonne est nommé ce jour Directeur général de l’Ania. Il prendra ses fonctions le 1er mars prochain, après la fin de la session parlementaire », a annoncé dans un communiqué diffusé mercredi, l’association qui représente les entreprises alimentaires françaises
Élu en 2017, à 26 ans (il en a aujourd’hui 31), Mickaël Nogal siège toujours à l’Assemblée Nationale après y avoir occupé des fonctions importantes au cours de ces cinq dernières années. Vice-président de la Commission des Affaires économiques, il a été chargé de plusieurs missions par l’exécutif, sur le logement notamment.
Nogal, qui fut une des chevilles ouvrières des Jeunes avec Macron, avait annoncé son intention de ne pas se représenter dans La Dépêche du Midi, en vue des prochaines législatives.
L’annonce de cette future prise de fonctions a fait grincer les dents de Greenpeace France estimant qu’il s’agissait « d’un beau cadeau pour ce lobby, qui est l’un des plus puissants du secteur ». « Fusion de La République en marche et des lobbies : épisode 529 », a ironisé l’ONG sur twitter.
M.Nogal a précisé avoir travaillé dans l’agroalimentaire avant son mandat de député et s’être « déporté de ces sujets » depuis 2017. « Depuis toujours je me suis assuré qu’il n’y avait pas de conflit d’intérêts », a-t-il affirmé.
Porosité dangereuse entre les élites politiques et les lobbys
Pour réussir un bon lobbying, notamment dans l’agroalimentaire, il faut notamment se mettre les politiques dans la poche. En y mettant les formes, évidemment, avec une invitation alléchante… C’est ainsi qu’est née la Communauté du bien manger. Cette opération de lobbying a permis aux industriels de réunir de nombreux parlementaires pour une photo de famille…
Les lobbys de l’industrie agroalimentaire manœuvrent en coulisses pour éviter de nouvelles lois contraignantes et, ainsi, continuer à vendre de la malbouffe coûte que coûte.
Le 28 octobre 2020, l’ANIA envoyait une lettre à 4 ministres afin de torpiller une proposition visant à interdire la publicité pour les produits trop sucrés, trop gras, trop salés. Alors que l’obésité et le surpoids chez les enfants est un problème de santé publique, l’industrie agroalimentaire demandait au Gouvernement de continuer à fermer les yeux.
Sans aucun scrupule, l’ANIA tentait d’amadouer le Gouvernement avec une chanson qui a souvent l’oreille de nos politiques : « l’engagement sans faille des entreprises » pour éviter de nouvelles règles coercitives.
Une manœuvre qui ne surprend pas puisque Nestlé, Danone, Bel, Unilever, Orangina, Coca-Cola et Ferrero siègent au conseil d’administration de l’ANIA . Son Président, Jean-Philippe André (ancien président de Nestlé France) est aussi Président de l’Alliance 7, qui regroupe 10 syndicats des métiers de l’épicerie et de la nutrition spécialisée.
Hasard ou coïncidence, Mickaël Nogal a précédemment occupé différentes fonctions au sein du secteur agroalimentaire, dont l’Alliance 7 qu’il a rejoint en 2013, comme responsable des relations extérieures.
L’ANIA a souvent transmis, à des élus « amis », des amendements tout prêts à en-tête de l’Assemblée, comme pour la loi Santé en 2015. Elle émet des consignes de vote par voie de communiqué lorsque ses intérêts sont en jeu, pour le sucre, la publicité destinée aux enfants ou le Nutri-Score. Ce lobbying « pragmatique » met en balance les conséquences économiques d’une loi sur une filière et sur l’emploi, argument auquel sont sensibles les élus. Des amendements sont alors déposés, reflétant les sympathies.
Aussi, en 2016, l’Ania avait écrit à la ministre de la Santé de l’époque, Marisol Touraine, pour se plaindre « des multiples actions » du Pr Serge Hercberg, président du Programme national nutrition santé (PNNS), en faveur du Nutri-Score. Les industriels considéraient que cet étiquetage nutritionnel était « stigmatisant » pour leurs produits.
Ainsi, les lobbys s’invitent régulièrement dans les instances politiques et plusieurs politiciens leur offrent un pupitre pour faire entendre leur point de vue, voire les rejoignent.
Ce lobbying au sommet de l’Etat est facilité par une mauvaise habitude persistante en France, le pantouflage. Certes le passage du public au privé est encadré, mais très peu restrictif, quant au passage du privé au public, il ne l’est pas du tout.
Les équipes d’Emmanuel Macron sont d’ailleurs de « très bons élèves »
Tant qu’il y aura de grosses structures de production de commercialisation ou representant les intérêts économiques on n’évitera pas ces manoeuvres sur, pour et dans le Pouvoir. C’est un problème structurel lié à la société industrielle qui atteint le sommet avec celle du numérique. Vu le taux de proletarisation et d’urbanisation, sans un cataclysme qui permette un remodelage des fondements de la société tenu actuellement pour une régression, on ne fera que se lamenter et courrir après coup comme on peut contre les méchants qui ne font que faire fonctionner le modèle que nous ne mettons pas en cause. Le côté positif c’est que ça fait occupe et ça donne bonne conscience, un des cirques de la société du spectacle.
Pour mieux comprendre le pantouflage et la mafia d’Etat française
https://www.lelibrepenseur.org/un-journaliste-brise-lomerta-sur-la-mafia-detat-en-france/
Le président de l’ANIA n’est plus Richard GIRARDOT mais Jean-Philippe ANDRE.
« Voir s’écrit voire »
Ainsi, les lobbys s’invitent régulièrement dans les instances politiques et plusieurs politiciens leurs offrent un pupitre pour faire entendre leur point de vue, voire les rejoignent.
Ils ne se cachent même plus : les hauts fonctionnaires naviguent entre les responsabilités politiques et les postes de minitres. Tout en étant ministres ils sont membres de conseils d’administration de grandes entreprises et ou de banques. Les députés sont récompensés avant la fin de mandat par une nomination dans un lobby. Une récompense pour services rendus ? … Tout cela porte un nom :la corruption.