Dans l’affaire de l’hydroxychloroquine, il devient évident que l’étude publiée par le Lancet est une forgerie rédigée par une officine pour nuire à la réputation d’un concurrent ou d’un acteur gênant. L’ampleur mondiale de l’opération donne une bonne illustration des enjeux de santé publique aujourd’hui. Il n’est peut-être pas inutile de révéler comment une forgerie de cet ordre fonctionne.
Sur l’affaire de l’hydroxychloroquine, et singulièrement sur les coulisses de l’affaire du Lancet, il est évidemment prématuré d’affirmer que la forgerie (que nous avions commencé à déceler rapidement) est une opération téléguidée par un tel ou un tel. Les preuves viendront probablement en leur temps, notamment lorsque les dessous de Surgisphere, l’entreprise de « big data » qui est à l’origine des données falsifiées de l’étude, seront mieux explorés.
D’ici là, les lecteurs éloignés de « l’influence » ont quand même droit à quelques explications sur les coulisses des forgeries qui influencent les décisions publiques.
Hydroxychloroquine et officines d’influence
Par nature, l’affaire de l’hydroxychloroquine constitue un champ assez naturel pour les opérations d’influence. Voilà un médicament peu coûteux, immédiatement disponible, susceptible de concurrencer des recherches très importantes, et à la source d’importants bénéfices, comme le Remdesivir de Gilead.
En l’espèce, rappelons que les actionnaires de Gilead attendaient un bénéfice de 2,5 milliards $ du Remdesivir… dont l’efficacité reste encore très discutée. Face à ces investissements, des acteurs comme Raoult constituent des grains de sable extrêmement gênants. Ceci ne prouve pas que Gilead a commandé la forgerie destinée à nuire à l’hydroxychloroquine. Mais il n’est pas inutile de signaler que Gilead consacre d’importantes sommes à la « communication », confiées à des agences dont certaines sont connues pour faire de l’action publique, c’est-à-dire du lobbying ou de « l’influence ».
Insistons sur le fait que cette communication d’influence, dont personne ne connaît le détail en dehors de Gilead elle-même, est tout à fait légale. Rien n’établit que l’article du Lancet soit concerné par cette stratégie. Mais il est plausible qu’il en fasse partie. Il existe en effet un enjeu pour les concurrents de l’hydroxychloroquine à obtenir son interdiction formelle pour les pouvoirs publics, et à obtenir son discrédit dans les esprits.
Comment agissent les officines d’influence
Pour le grand public, ces actions sont évidemment mystérieuses et souvent invisibles, même si, à l’occasion de l’étude du Lancet, le sentiment d’un « complot » fait rapidement surface.
Dans la palette d’actions déployées par les officines, la forgerie scientifique est un moyen bien connu, et beaucoup plus fréquent qu’on ne pense. Elle consiste à convaincre un relais d’influence (comme c’est peut-être le cas du « scientifique » fondateur de Surgisphere Sapan Desai) de s’engager sur une thèse conforme aux objectifs commerciaux de Gilead et de la diffuser. Les sommes versées dans ce genre d’opérations sont variables.
On dit qu’en France l’Arabie Saoudite (dans un domaine différent, mais les méthodes sont les mêmes) verse à trois ou quatre journalistes 10.000€ par mois pour expliquer que Mohammed Ben Salmane est un réformateur progressiste. Un article accréditant cette thèse rédigé ponctuellement par un journaliste « ordinaire » serait payé environ 3.000€. Ces chiffres sont dans la fourchette haute du marché. Un article plus ordinaire (par exemple expliquant que l’énergie éolienne sauvera la planète) est payé autour de 1.000€.
Des opérations courantes en médecine
Contrairement aux illusions répandues, et contrairement aux âneries répétées en boucle durant l’affaire du coronavirus, les expressions publiques des médecins ne sont pas forcément (et disons même qu’elles le sont rarement) inspirées par la seule objectivité scientifique. La théorie d’un gouvernement par les scientifiques qui détiendraient et défendraient la vérité est un vaste pipeautage qui ne convainc que les journalistes bobo de la presse nationale subventionnée.
L’un des exemples les plus connus de ces mélanges des genres est celui du professeur Grimaldi, le diabétologue subventionné par l’industrie du sucre, qui a déclaré dans la presse qu’une consommation quotidienne de soda ne consommait à devenir dangereuse qu’à partir de trois ou quatre litres ! Dans ce cas d’espèce, lorsque l’industrie du sucre finance un diabétologue qui se répand dans la presse pour donner une caution scientifique à une contre-vérité évidente sur le sucre, on appelle ça une opération d’influence.
Au demeurant, ces faits sont connus de tous, dans les salons parisiens, sauf peut-être d’Édouard Philippe et d’Emmanuel Macron.
"Nous n'avons plus de pression politique, ça c'est terminé mais nous avons la pression de nos clients. Je ne peux pas supporter qu'on dise du mal de nos clients, a-t-il expliqué. Souvent il y a des discussions, nous vivons de nos clients"
Nicolas de Tavernost, M6 Tweet
Les frontières imprécises de l’influence…
L’exemple du professeur Grimaldi illustre bien, au demeurant, les frontières imprécises entre l’influence et le lobbying à l’état pur. Les théories du complot qui circulent sur l’intervention des magnats au coeur des rédactions qu’ils possèdent montrent bien comment beaucoup de Français sont conscients du jeu dangereux de la presse mainstream avec les frontières de la sincérité.
À partir de quel moment un journaliste qui fait un article complaisant ou déplaisant sur tel ou tel sujet pour obtenir, par exemple, un scoop d’une source, devient-il un agent d’influence qui manipule l’opinion au lieu de l’informer ? La grande hypocrisie des fact-checkers en tous genres consiste bien entendu à faire oublier qu’ils sont eux-mêmes les suppôts d’une ligne éditoriale parfois très douteuse.
Et encore, ne disons-nous rien ici des annonceurs qui marchandent ouvertement leur budget publicitaire avec une modification substantielle de la ligne éditoriale.
On se souvient ici de la polémique que Nicolas de Tavernost, patron de M6, avait ouverte en déclarant de façon explicite qu’il demandait à ses journalistes de ne pas « étriller » ses annonceurs.
Dans ces cas, on ne sait plus très bien où se termine l’influence et où commence l’information…
Véran, idiot utile d’une forgerie scientifique ?
Dans le cas de l’étude du Lancet, les commanditaires de l’opération peuvent se targuer de disposer d’idiots utiles comme Olivier Véran pour obtenir des normes, des règles, des interdictions qui nuisent à leurs concurrents, à bon compte. Combien l’étude du Lancet a-t-elle coûté à fabriquer ? 10.000$ peut-être. En échange, elle a ouvert de superbes portes commerciales aux concurrents de l’hydroxychloroquine, et elle a orienté très vite les décisions de l’OMS et de l’un des principaux pays touchés par l’épidémie.
Une belle opération bien montée.