Finalement, ce sera Castex et non Parly, comme l’annoncions à l’unisson des couloirs parisiens qui bruissaient de cette rumeur. Jean Castex est l’ancien directeur de cabinet de Xavier Bertrand et l’ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy (après le passage de Raymond Soubie à l’Élysée). Ce personnage marqué à droite a tout du Pompidou, et se réclame d’ailleurs du gaullisme social. L’expérience dégagiste du Nouveau Monde voulue par Emmanuel Macron se solde donc par un retour aux bons vieux fondamentaux de la politique française.
La nomination de Jean Castex à Matignon constitue probablement l’hallali du macronisme. Après trois ans d’expérience philippienne, où le Président a fini par prendre ombrage de la popularité de son Premier Ministre, le recours à une figure inconnue du grand public, qui s’est empressé d’affirmer qu’il souhaitait travailler dans l’ombre, en dit long sur l’isolement d’Emmanuel Macron et sur le manque d’ampleur de son mandat. Avec Castex, Macron a trouvé son Pompidou. L’exécutif se place d’ailleurs sous l’égide du « gaullisme social », ce qui est dit long sur l’impasse du macronisme.
Castex, ou un énarque succède à un énarque
Il était fortement qu’une femme énarque – Florence Parly, nous l’avions annoncé – succède à l’énarque Philippe. Mais choisir une femme a peut-être paru trop audacieux. Finalement, Macron s’est replié sur une personnalité peu connue, au profil de fonctionnaire et non d’élu, pour prendre la relève à Matignon.
Il est impossible de ne pas relever les effets de ressemblance entre ces personnages qui ont la faveur d’Emmanuel Macron. On reste entre hommes issus du système et sans disruption. On pourra gloser autant qu’on voudra, les Français qui restent à leurs élites de pratiquer l’entre-soi verront dans ce choix la preuve qu’Emmanuel Macron est incapable de se renouveler, renouveler sa vision du monde, et de renouveler les équipes qui l’entourent.
Tôt ou tard, cette consanguinité des gens de pouvoir en France posera un problème majeur et suscitera un rejet massif. Naïvement, les Français avaient compté sur Emmanuel Macron pour « dégager » les élites. Il les grave dans le marbre. Il referme tout seul le piège qui l’enserre.
Nous aurons peu de priorités : la relance de l’économie, la poursuite de la refondation de notre protection sociale et de l’environnement, le rétablissement d’un ordre républicain juste, la défense de la souveraineté européenne. Oui, il faut toujours qu’il y ait de nouveaux visages, de nouveaux talents. Des personnalités venues d’horizons différents. Le choix des hommes et des femmes est important mais les ambitions pour le pays sont plus grandes que nous, les institutions et leur calendrier s’imposent à nous.
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Castex invoque le gaullisme social
Dès sa première intervention à la télévision, Jean Castex s’est réclamé du « gaullisme social », expression fourre-tout qui ne veut rien dire, si ce n’est que celui qui la prononce aime l’État partout et les hausses d’impôt. Rappelons que si De Gaulle a pu pratiquer des politiques sociales, c’est d’abord parce qu’il avait rétabli l’équilibre des comptes publiques par des choix ordo-libéraux.
Annoncer du gaullisme social avec une dette à 120% du PIB n’a évidemment pas de sens, en tout cas pas de sens historique comparable à l’époque gaullienne. Mais au moins Emmanuel Macron ne nous prend pas en traître : on sait désormais que les deux années qui arrivent seront émaillées d’étatisation « pour nous protéger » et de hausses d’impôts. Il ne faut donc pas s’attendre à une réorientation en profondeur des choix adoptés depuis 2017.
Macron échoue à se renouveler
On avait donc entendu que Macron proposerait un nouveau cap le 14 juillet. Avec Castex à Matignon, l’affaire est tuée dans l’oeuf. La déclaration de politique générale qu’il fera à l’Assemblée va déflorer le « changement de cap » élyséen, dont les contours ont été donnés ce vendredi matin dans une interview à la presse régionale. La réforme des retraites sera amendée, mais achevée. La cinquième branche de la sécurité sociale va voir le jour. Le Ségur de la santé doit révolutionner l’hôpital. Macron affirme même, comme nous le citons ci-dessous, que son mandat prend une dimension historique avec la réinvention d’un « modèle industriel écologique ».
Nous avons eu l’occasion de montrer comment ce modèle industriel écologique est d’ores et déjà phagocyté par les lobbies et se contente de décliner une vision galvaudée de l’écologie. En matière de renouvellement, Macron annonce donc surtout du vieux, de l’ancien, de l’entre-soi. Il risque d’échouer à convaincre.
Nous sommes en train de bâtir un modèle de protection qui n’a jamais existé ; nous sommes en train de bâtir un modèle de formation sans équivalent, notamment pour les jeunes ; nous sommes en train de créer une nouvelle branche de la protection sociale, celle de la dépendance ; nous sommes en train de refonder l’hôpital comme il n’a pas été refondé depuis 1945 ; nous nous donnons pour objectif de réindustrialiser le pays en réinventant un modèle industriel écologique. Ces quelques chantiers montrent le caractère historique de notre action.
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L’hyper-présidentialisation risque de lui jouer un mauvais tour
La nomination de Jean Castex donne surtout le coup d’envoi de l’acte II de l’hyper-présidentialisation du pouvoir. L’acte I avait commencé en mai 2017, lorsqu’Édouard Philippe, peu connu des Français, avait pris son poste pour ne pas faire d’ombre au Président. Trois ans plus tard, le Premier Ministre s’est affirmé, et Macron a besoin de remettre les pendules à zéro.
Selon les propos qui circulent dans les couloirs et à hauteur de moquette, Macron ne cache pas son intention de se remettre au centre du jeu politique. Il veut reprendre le pouvoir qu’Édouard Philippe lui a pris. Ainsi, le PIB s’effondre, l’épidémie rôde, la colère est prête à exploser, mais la préoccupation essentielle du Président de la République est de tailler des croupières à son Premier Ministre. Il a besoin d’un pantin, d’un sherpa, qui abat le travail mais ne demande rien en échange, et surtout pas de reconnaissance à la nation.
Le drame de la France est là : son président se préoccupe surtout de son image, de son pouvoir, de son ego. Le reste passe après.
Une fin de quinquennat mouvementée ?
Alors que les élections de dimanche ont marqué une forte demande, dans la bourgeoisie des métropoles qui a fait l’élection d’Emmanuel Macron, d’écologie et de gauche, le président ferme donc la porte à toute ouverture de ce côté. Au contraire, dirait-on, Macron récidive dans l’ouverture à droite quand son électorat demande un geste à gauche.
C’est un bien curieux raisonnement, qui préfigure des moments difficiles. La crise devrait être dévastatrice à la rentrée, et la situation sociale sera sans doute explosive. Choisir un Premier Ministre à l’orthogonale avec l’expression citoyenne dans ce contexte est une prise de risque dont l’avenir nous dira si elle était raisonnée ou non.
Jean Castex est membre du club très sélect « le Siécle », comme il sied aux énarques qui sont attirés par « la colonisation de la Nation par l’Etat » Gaulliste de gauche ne signifie rien mais sonne bien. La réalité est plus prosaïque: on est gaulliste ou on ne l’est pas. Il reste aujourd’hui essentiellement de l’héritage de de Gaulle la vision de l’Europe. Celle-ci peut se résumer à une Europe des Etats-Nation de l’Atlantique à l’Oural.
Est-ce la vision de Jean Castex? Personnellement j’en doute…
Bien sûr vous êtes obligé de commenter. Mais la nomination de ce fonctionnaire à un poste qui n’est plus rien de plus qu’un poste de haut fonctionnaire parmi d’autres (la preuve il faut absolument maintenant faire partie de l’ énarchie pour y accéder) est un non événement qui va être monter en épingle afin de faire passer dans l’ombre les commissions parlementaires qui cherchaient à faire la lumière sur la faillite de la gestion de la crise du covid par tous ces beaux messieurs dames et donc sur des 10 ou 15 milles morts qui auraient pu être éviter. La vraie information se sera quand ce fonctionnaire institué » grand mamamouchi » du déconfinement gérera le re confinement .
Encore un ministre issu de l’école des ANES. En plus gaulliste, de Gaulle qui s’est octroyé les pleins pouvoirs a la Poutine en 1958, qui a fui à Baden-Baden en 1968, qui a lâché l’Algérie et les pieds noirs en 62 en les traitant de tout, qui organisait la désindustrialisation de la France, qui plaidait régulièrement pour une dévaluation du franc etc…. Donc l’avenir n’est pas rose avec ce monsieur qui fait passer son portefeuille avant l’intérêt national.
Pompidou lui était un homme d’honneur , de culture et qui n’aimait pas « emmerder les français » avec trop d’état. Pompidou est le dernier président ayant eu un budget d’état à l’équilibre…. . m’est avis que Castex est d’une toute autre engeance…ses compliments serviles à l’égard du premier ministre qui a placé la France en sixième position mondiale de mortalité covid19, 30000 décès sans compter les décès à domicile qui ne sont pas comptabilisés à ce jour, suite à une incurie criminelle largement administrée par ce gouvernement, des mensonges répétés et des pénuries diverses. Ce gouvernement a creusé comme jamais les déficits, en distribuant un argent qu’il n’avait pas, en étant généreux, tellement généreux qu’une fraude massive en a résulté. Ce gouvernement qui a augmenté le chômage et la désindustrialisation de la France, en vendant, cédant, bradant des fleurons français comme Alstom et Baccarat…deux exemples parmi d’autres. Gouvernement qui a « innové, oh combien. Pour la première fois la France importe plus de produits agricoles qu’elle n’en exporte…et laisse les agriculteurs se suicider quotidiennement….et ce monsieur Castex pavoise et félicite ! Il faut oser….Seuls les bons collabos osent ce genre de manœuvre….très, très éloignée de l’honneur et du sens de l’état…
Bonjour.
Si, c’est pour un Pompidou à la sauce Maryline » Pom pom pi dooo » je prends!
Si, c’est pour un Pompidou façon tuyaux pourris avec composition de Boulez en interne, excusez je QUITTE!
Castex ça fait penser latex . Sera t’il le préservatif nous protégeant des progressistes, au minimum?