L’épicentre de l’affaire Benalla se rapproche dangereusement d’Emmanuel Macron. Le “hasard” a voulu que, le jour même où le Sénat rendait son rapport (sanglant et cinglant) sur l’affaire, de nouvelles révélations montrent que l’intéressé, désormais en détention provisoire, aurait signé un important contrat avec un groupe chinois. On voit mal comment la question de l’étanchéité des données confidentielles dont Benalla pouvait être détenteur ne puisse pas être posée.
Emmanuel Macron a-t-il fait preuve de légèreté dans la protection qu’il a accordée à Alexandre Benalla, d’une légèreté coupable? Ou bien Alexandre Benalla est-il détenteur de secrets qui lui ont donné l’illusion d’une impunité quasi-complète dans ses négociations commerciales avec des entités étrangères? Nul ne le sait encore, personne ne pose clairement la question à ce stade, mais on sent bien que le sujet commence à remonter…
On se référera au rapport du Sénat sur l’affaire pour mesurer que cette question est dans tous les esprits, même si la règle de séparation des pouvoirs empêche de la poser clairement. On notera tout de même cette phrase lourde de sous-entendus:
Alors que l’« affaire des contrats russes » met en lumière des dysfonctionnements au plus haut niveau de l’État, il est patent que la présidence de la République a pêché par manque de précaution en ne prenant pas toutes les mesures qui paraissaient nécessaires pour s’assurer que les intérêts privés de certains de ses collaborateurs n’interfèreraient pas avec l’exercice de leurs fonctions et ne compromettraient pas leur indépendance.
En attendant que le “manque de précaution” de l’Elysée ne soit tiré au clair, le rapport du Sénat donne une caution politique aux questions qui se chuchotent dans l’opinion. Comment un dossier qui a éclaté en juillet 2018, et à l’occasion duquel le Président avait lancé: “qu’ils viennent me chercher”, peut-il pourrir à ce point un quinquennat ouvert sur une intention affichée de moraliser la vie politique?
Et surtout, qui tire les ficelles de ces révélations progressives qui ciblent chaque fois un peu plus Emmanuel Macron?
Nous pronostiquons une grave crise de régime si le story-telling continue…