La France soutiendra Barnier pour la succession de Jean-Claude Juncker. N’oublions pas que les élections européennes n’appellent pas seulement un changement de Parlement. Elles induisent un renouvellement de la Commission. La France aura-t-elle l’autorité nécessaire pour imposer son candidat, même très légitime? On en doute.
Barnier ne sait pas encore s’il sera candidat, et la France ne sait pas encore si elle le soutiendra. Mais au cas où Barnier serait candidat et aurait une chance de gagner, elle le soutiendra. Cette position courageuse devrait progressivement s’affiner, notamment au vu de la coloration du Parlement qui sortira des urnes.
Les avantages de Barnier
Sur le papier, Barnier est un très bon candidat. Parfait connaisseur des dossiers, son art de la négociation, consommé dans l’affaire du Brexit, le rend tout à fait légitime pour présider la Commission. Qui plus est, son positionnement libéral convient globalement aux autres partenaires de la France, Allemagne en tête.
Les inconvénients de Barnier
Ils sont d’abord d’être Français, et la présidence de la Commission n’a pas vocation à être attribuée une deuxième fois à un Français (le premier ayant été Jacques Delors). Son deuxième inconvénient est de ne pas être affilié à un parti. Il ne peut donc être un Spitzenkandidat, c’est-à-dire le leader d’une liste qui remporterait les élections européennes (ce système de désignation a la préférence de l’Allemagne).
Le risque de Barnier
En outre, la candidature de Michel Barnier présente un risque pour la France: elle pourrait, en cas de succès, appeler une contre-partie allemande. En l’espèce, Merkel pourrait demander à la France de soutenir la candidature de son poulain Weidmann à la tête de la BCE. Et pour une zone euro exsangue, l’arrivée d’un faucon tudesque à ce poste pour être le signal de la fin.