L’Europe est-elle de taille à lutter commercialement contre la Chine? Le dernier Conseil Européen (extraordinaire) n’a pas eu le temps d’évoquer les propositions de la Commission Européenne sur la Chine, alors qu’un sommet Chine-UE doit avoir lieu prochainement. Dommage… Une partie de l’Union refuse toujours d’imposer de la réciprocité aux Chinois.
Le 12 mars 2019, la Commission Européenne avait rédigé une note d’intention sur les relations entre l’Union et la Chine en vue du Conseil Européen du 21 mars. Ce texte mérite d’être lu avec intention car il posait plusieurs principes regroupés autour de trois axes:
De manière générale, l’action de l’UE visera trois objectifs:
- sur la base d’intérêts et de principes clairement définis, l’UE devrait approfondir ses liens avec la Chine afin de promouvoir nos intérêts communs au niveau mondial;
- l’UE devrait viser de manière résolue à obtenir dans les rapports économiques des conditions plus équilibrées et fondées sur la réciprocité;
- enfin, pour pouvoir maintenir sa prospérité, ses valeurs et son modèle social sur le long terme, l’UE doit elle-même, dans certains domaines, s’adapter aux réalités économiques en mutation et renforcer ses propres politiques internes et sa base industrielle.
Le principe de la réciprocité dans les règles d’ouverture commerciale paraît relever du simple bon sens.
La Chine toujours protégée par certains Européens
Le bon sens n’est pas la chose du monde la mieux partagée en Europe. Des États-Membres continuent à se satisfaire mystérieusement de relations commerciales où la Chine profite de l’ouverture de nos économies sans leur accorder la pareille. C’est particulièrement le cas du groupe dit “16+1” créé par la Chine en 2012 à Varsovie. Ce groupe, formé par Pékin, se réunit chaque mois entre ambassades autour du ministère chinois des Affaires étrangères et, une fois an, le groupe 16 + 1 tient sommet dans une capitale différente (à Budapest, en 2017).
Sans surprise, on trouve dans ce groupe les pays entrés le plus récemment (et au forceps) dans l’Union, ou aspirant à y entrer: la Bulgarie, la Hongrie, la Croatie, la Slovénie, la République tchèque, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie, la Lettonie, la Lituanie, la Serbie, le Monténégro, l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine.
Ces pays n’ont évidemment aucun intérêt à durcir le ton avec les Chinois. Leur alliance avec la Chine leur permet de peser sur le montant des subventions accordées par l’Union.
Ces pays sont en passe d’être rejoints par l’Italie, au moins d’un point de vue “diplomatique”.
Le Conseil Européen impuissant
Obsédé par le Brexit, le Conseil Européen n’a pris, sur le sujet, qu’une seule position sur le fond: les décisions qui seront prises dans ce cadre devront être conformes avec les décisions découlant du sommet UE-Chine qui se tiendra juste avant.
On est donc loin d’une inversion de tendance.