L’arme nucléaire en Europe a de beaux jours devant elle. Le traité sur les forces nucléaires intermédiaires (FNI), qui prohibe les missiles nucléaires d’une portée de 500 à 5.500km, signé par Gorbatchev et Reagan en 1987, pourrait en effet tomber en désuétude dès le 5 août prochain. Cette mauvaise nouvelle pour les Européens lancera le signal d’un déploiement de missiles nucléaires destinés à frapper n’importe quelle capitale européenne depuis le sol européen… Les Etats-Unis et la Russie sont prêts.
L’arme nucléaire en Europe devrait faire son grand retour dans les mois à venir. Après l’annonce par la Russie, en janvier 2019, du déploiement du SS-C-8, le traité FNI a eu du plomb dans l’aile. Officiellement, ce missile n’est pas visé par le traité, puisque, selon Moscou, il se limite à un rayon d’action de 480 kilomètres. Mais l’OTAN n’en croit pas un mot, et considère qu’il peut frapper jusqu’à 1.500 kilomètres.
Depuis le mois de janvier, l’OTAN demande donc à la Russie de renoncer à cet armement, ce que la Russie refuse avec application. Cette violation supposée du traité devrait conduire les Américains à déployer à leur tour des armes nucléaires de portée intermédiaire sur le sol européen. Pour les Etats-Unis, l’obsolescence du traité permettra en outre de déployer un équipement nucléaire intermédiaire face à la Chine qui en est déjà pourvue. La Chine n’est en effet pas signataire du traité FNI.
La partie d’échecs qui se joue est donc au détriment des Européens qui ne disposent pas, aujourd’hui, de défense crédible face à une menace nucléaire russe de portée intermédiaire. Tout laisse à penser, donc, que la course à l’armement nucléaire devrait reprendre dans les mois à venir sur le sol européen sans que les Européens n’aient véritablement voix au chapitre sur le sujet. Curieusement, cette affaire se déroule dans une indifférence totale des opinions européennes.