La BCE, à l’unisson de la Réserve Fédérale, a décidé d’approfondir son quantitative easing, en baissant ses taux et en reprenant ses achats d’actifs. Cette décision a suscité des résistances, en Allemagne, aux Pays-Bas et en France. Dans la pratique, les rumeurs courent sur les difficultés que le secteur financier (banque et assurance) rencontrerait à l’issue de ce directoire houleux.
Combien de temps les banques françaises peuvent-elles tenir avec des taux négatifs, donc sans rémunération de l’épargne? Combien de temps les compagnies d’assurance peuvent-elles tenir sans pouvoir rémunérer l’assurance-vie qui leur est confiée, surtout lorsqu’il s’agit de fonds en euros?
La question serait désormais posée clairement dans les instances les plus officielles, et les inquiétudes commenceraient à se faire jour. D’ailleurs, la Société Générale vient d’annoncer un nouveau plan social. Beaucoup considèrent qu’elle ne devrait pas être la seule à annoncer des mesures ingrates (rappelons que la BP a de son côté annoncé plusieurs centaines de suppressions d’emplois dans la banque d’investissement).
Après la BCE, le spectre d’un grand krach
Dans la pratique, la situation est particulièrement dangereuse. D’une part, malgré plusieurs années de quantitative easing, l’inflation ne repart pas et la croissance de la zone euro demeure morose. On peut donc parler d’échec de la politique monétaire, qui s’est accompagnée d’un dangereux rachat, par la BCE, d’actifs plus ou moins toxiques qui plombent désormais son bilan.
D’autre part, cette politique a littéralement asséché le secteur financier, en mettant les banques à l’épreuve et en déstabilisant l’épargne en euro collectée par les assureurs français. Au-delà de nos frontières, les licenciements massifs à la Deutsche Bank et la réorganisation en cours de HSBC montrent bien les risques auxquels le secteur financier est désormais exposé en Europe.
Derrière ces mouvements tectoniques, la peur d’un grand krach revient, annoncé depuis plusieurs mois par des économistes comme Nouriel Roubini.
La FED a déstabilisé les marchés
De son côté, la Réserve Fédérale américaine a également annoncé des mesures qui ont déstabilisé les marchés. Dans la pratique, l’impossibilité pour les investisseurs de savoir si la FED va remonter prochainement ses taux perturbe les anticipations.
Faute d’une lisibilité, les investisseurs américains, drogués à l’argent public, parient sur une remontée des taux qui freinera l’activité. C’est pourquoi ils jouent la baisse…
La situation est donc extrêmement délicate. D’un côté, les mesures d’assouplissement monétaire ne fonctionnent pas vraiment, en tout cas pas en Europe. D’un autre côté, les marchés ne peuvent plus s’en passer. Tout ceci ressemble à une dangereuse fuite en avant.
Commentaires 1