L’assurance-vie ne va pas bien. Alors que les assureurs-vie sont parvenus à servir un rendement moyen de près de 1,8% en 2018, la politique de taux négatifs maintenue par la BCE rend de plus en plus compliquée la rémunération de l’épargne monétaire. Problème: l’essentiel de la collecte de l’assurance-vie est tournée vers ces produits monétaires à taux garantis. Generali et Allianz viennent de prendre position pour une réorientation du marché. Derrière ces arbitrages brutaux, rien n’exclut que la politique des taux négatifs, qui permet aux États peu vertueux comme la France de financer pas cher leurs déficits excessifs, ne provoque une nouvelle catastrophe financière.
Coup sur coup, l’assurance-vie mollit et ploie le genou. Cette semaine, Generali a annoncé l’arrêt de la commercialisation de deux fonds en euros et l’instauration de conditions contraignantes pour accéder à l’avenir à des fonds en euros, avec des règles d’investissement minimal dans des unités de compte et une mise en avant des fonds en eurocroissance. Allianz a emboîté le pas à l’assureur italien la même semaine. Les taux négatifs rendent impossible le maintien de l’assurance-vie à la française, avec une préférence pour la sécurité.
L’aveuglement de Bruno Le Maire face au désarroi des assureurs
On s’amusera de voir que Bruno Le Maire a, la semaine où les assureurs-vie annonçaient leur imminente déconfiture, adressé ses chaleureuses félicitations à la BCE pour avoir décidé de maintenir des taux négatifs. Dans l’extase de l’élite énarchique pour le déficit public et l’endettement, la possibilité d’emprunter à taux négatif relève du nirvana pur. Enfin, un système où ceux qui s’endettent sont récompensés, et ceux qui gèrent bien sont punis! Le ministre français de l’Économie, qui devrait être rebaptisé ministre français de la Dépense, rêvent désormais que l’Allemagne le rejoigne dans le grand bain de la dette et incite Angela Merkel à dépenser des mille et des cents pour “relancer l’économie”.
Le bonheur des uns faisant le malheur des autres, ce droit à s’endetter sans fin met les épargnants français à rude épreuve. Pendant que Le Maire jubile, les assureurs souffrent.
Comment Le Maire veut tuer la poule aux oeufs d’or
Ce faisant, si Bruno Le Maire comprenait un traître mot à l’économie, il se méfierait de l’excès béat dans lequel il tombe. Car, pour que la France s’endette, il lui faut des prêteurs. Et ceux-là risquent d’être de moins en moins français. Si les assureurs-vie réduisent la collecte monétaire, il risque de se trouver de moins en moins de liquidités pour acheter de la dette. En poussant le raisonnement jusqu’au bout, et en imaginant que la totalité de la collecte se porte à l’avenir sur les actifs financiers et non sur les titres des États, le réveil pourrait être cruel.
Cette logique d’équilibre et de mesure semble échapper à notre brillant ministre. À l’écouter, il faudrait encore baisser les taux, infiniment jusqu’à prélever toute l’épargne des créanciers de l’État.
Tensions fortes en Europe sur la question des taux
Si la France proclame au clairon son bonheur de voir les taux s’effondrer, au point que les épargnants voient désormais leur capital s’éroder, les tensions sont de plus en plus vives en Europe sur ce sujet. Nous avions évoqué les discussions vives au sein du directoire de la BCE sur le sujet. Cette affaire n’a pas encore connu son épilogue. On vient d’apprendre que la représentante de l’Allemagne au directoire de la banque, Sabine Lautenschläger, avait présenté sa démission. Le geste est forcément interprété comme une remise en cause de l’assouplissement monétaire par l’Allemagne, ce qui est sans surprise.
La panique a-t-elle gagné les banquiers?
La question est de savoir pour quelle raison une Lautenschläger s’en va maintenant, alors que le mandat de l’orthodoxe français Benoît Coeuré se termine, et que celui-ci sera remplacé par un Italien. Tout indique que les ordo-libéraux quittent la banque, et qu’une vague de keynésiens prend possession totale des murs.
Notre conviction est que, au-delà des jeux de personnes, la situation économique et surtout financière devient préoccupante. Les ordo-libéraux ne veulent pas être associés au coup de tabac qui se prépare sur les marchés, imposés par les politiques incompétents comme Bruno Le Maire. Ils reprennent leur liberté et alertent à leur façon l’opinion publique sur les risques actuels.
Nous maintenons notre pronostic pessimiste pour 2020.
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