Le naufrage de l’UE favorise le retour à une vieille logique d’équilibre entre les nations européennes. Le Brexit, la réunification allemande, l’affirmation russe, le déclin français, structurent une autre conception des relations internationales. Emmanuel Macron l’a très bien exprimé en évoquant une « mort cérébrale de l’OTAN », qui cause de nombreux commentaires à l’Est de l’Europe. La France n’a jamais été aussi proche d’un retour à une alliance avec la Russie. L’Allemagne retrouve le champ de l’influence prussienne.
Le naufrage de l’UE pourrait créer de nombreuses surprises en France et perturber la ligne arrêtée depuis plusieurs décennies par le gouvernement profond, très attaché à une alliance sans condition avec les Etats-Unis et très méfiant vis-à-vis d’un équilibre entre ceux-ci et la Russie. Macron lui-même s’est plaint de cette inclination atlantiste portée par des personnalités aussi différentes que Sylvie Goulard ou Florence Parly.
Le naufrage de l’UE redonne une place à la Russie
Dans la logique défendue par Emmanuel Macron dans son interview à The Economist, le destin européen passe par une défense européenne et une stratégie d’équilibre entre les Etats-Unis et la Russie. Ne plus ostraciser Vladimir Poutine, prendre de l’indépendance par rapport à la domination américaine, ces éléments de bon sens régulièrement défendus sur ce blog, semblent désormais nourrir la pensée macronienne.
Dans la pratique, Macron est convaincu que, en cas d’affrontement avec la Russie, les Etats-Unis ne mettront pas en œuvre les dispositions de l’article V du traité, qui prévoient une intervention militaire solidaire. L’Europe privée d’une défense propre serait donc facilement « croquée » par le géant russe.
Pour conjurer cet avenir sombre, le Président propose de reconstituer une défense européenne et de prendre langue avec Poutine.
Merkel bien décidée à tacler Macron
Dans la même interview, Emmanuel Macron a plaidé pour un abandon de la règle des 3% imposée par Maastricht, que la France se révèle incapable de respecter. Il n’en fallait pas plus pour agacer Angela Merkel, qui a qualifié ses propos de « radicaux » et son jugement d' »intempestif ».
A l’occasion de l’anniversaire de la Chute du Mur, les deux chefs d’Etat ont dîné en Allemagne. La rencontre a donné l’occasion d’étaler au grand jour les divergences franco-allemandes. Désormais, le couple franco-allemand se déchire sur tout : sur les politiques budgétaires et les réformes structurelles, sur la relation avec la Russie et avec les Etats-Unis, sur l’équilibre entre l’Est et l’Ouest.
L’Est européen inquiet des propos de Macron
On ajoutera que les propos d’Emmanuel Macron ont inquiété de nombreux nouveaux pays européens. La Pologne et la Croatie, en particulier, ont défendu l’OTAN. C’est peut-être l’erreur fondamentale d’Emmanuel Macron, que de ne pas comprendre le positionnement particulier de ces pays qui ont soit connu une guerre à la chute de l’URSS (cas de la Croatie), soit qui la craignent (cas de la Pologne).
La relation avec l’URSS a marqué l’ensemble des pays du bloc communiste. Ceux-ci n’ignorent pas que la Russie actuelle pourrait prendre le relais de la stratégie soviétique, à terme. Cette succession est rendue crédible par l’effort russe de réarmement.
Pour conjurer la menace, ces anciens membres du Pacte de Varsovie ont l’illusion que l’OTAN les protège. Sur ce sujet, Emmanuel Macron risque de se retrouver bien seul.
Macron est un progressiste, ces derniers haïssent l’histoire puisqu’elle contrevient à l’idéologie progressiste.
En conséquence, il ne faut pas attendre du personnage qu’il envisage le monde autrement que par le biais du commerce.
Le progressisme c’est le mariage de la carpe marxiste léniniste et du lapin de la finance, une puissance sans égal au service d’une idéologie qui a repoussé très loin l’humain à la périphérie de nos sociétés.