Jusqu’ici, on pensait qu’il était difficile d’être un ministre fictif. Mais cette prudence ou cette pudibonderie de l’ancien monde n’a plus cours dans la start-up nation, où il est désormais possible de détenir un maroquin ministériel sans l’occuper vraiment.
Le ministre fictif, la nouvelle mode dans la macronie
La série a commencé avec Gérald Darmanin, ministre des Comptes Publics et à ce titre en charge de la sécurité sociale. Alors qu’un important texte pour son ministère est en discussion houleuse à l’Assemblée Nationale : la réforme des retraites, le bouillonnant Darmanin a annoncé qu’il serait candidat à Tourcoing, sa ville d’origine. Il y a donc des priorités dans la vie : bien plus que réformer un système vieux de 70 ans, le ministre de la sécurité sociale (puisque la sécurité sociale relève de son portefeuille…) préfère chauffer les salles dans le Nord et préparer son éventuelle reconversion après son passage au gouvernement.
D’autres ministres ont cédé à la tentation, comme Didier Guillaume, Jean-Baptiste Lemoine ou Marlène Schiappa (qui s’installerait à Paris). On perçoit une paie de ministre, mais on s’absente deux mois pour faire campagne.
La palme revient à Édouard Philippe qui annonce sans candidature au Havre, et prétend qu’il pourra cumuler une fonction connue pour être chronophage, à Matignon, en plein tangage de la majorité sur les retraites, et une campagne électorale annoncée comme difficile.
Édouard Philippe pousse la provocation jusqu’au bout
Édouard Philippe fait partie de ces élites parisiennes qui ont acquis un fief en province, en jouant sur place la carte de la haine du parisien, et en jouant à Paris la carte du mépris pour les bouseux. Nous avons à plusieurs reprises évoqué les réseaux très méprisants pour les petites gens qui ont fait la carrière d’Édouard Philippe. Cet élitisme de l’entre-soi n’exclut en rien la démagogie.
Ainsi, lors de son premier meeting au Havre, Édouard Philippe a lancé cette phrase rapportée par Paris-Normandie :