Olivier Véran devient ministre de la Santé, trois ans après avoir été annoncé à ce poste lors de la campagne électorale d'Emmanuel Macron. Devenu entretemps un rapporteur général peu flexible du projet de loi de financement de la sécurité sociale, ce praticien hospitalier, neurologue au CHU de Grenoble, devrait renforcer la logique étatique de la santé publique en France. Mais l'homme présente quelques points de faiblesse.
Avec le temps, Olivier VĂ©ran s’est un peu assoupli. Mais un peu seulement. Lorsqu’il est arrivĂ© Ă l’AssemblĂ©e Nationale en 2012, ce neurologue de Grenoble Ă©tait un dĂ©fenseur affichĂ© du service public et un ennemi des acteurs privĂ©s de la santĂ©, en particulier dans le domaine de l’assurance. Ses positions sont plus ouvertes aujourd’hui, mais restent très fidèles Ă la logique Ă©tatique.Â
Véran, partisan de la dépense publique de santé
Rapporteur gĂ©nĂ©ral du projet de loi de financement de la sĂ©curitĂ© sociale pour 2020, Olivier VĂ©ran s’est signalĂ© par des dĂ©clarations tonitruantes sur la dĂ©pense publique hospitalière. ObligĂ© de manger son chapeau depuis plusieurs annĂ©es sur ce sujet, il a finalement pris sa revanche en 2019. Il s’est ainsi exprimĂ© dans une interview Ă Challenges :
Le climat social continue d’être extrêmement tendu dans les hôpitaux. C’est le résultat de la politique du rabot menée ces dernières années et le gouvernement doit le prendre en compte. Comme rapporteur du budget de la Sécurité sociale à l’Assemblée, j’attends un geste de la part du gouvernement pour les hôpitaux.
On le voit, l’homme devrait continuer avenue de SĂ©gur cette grande logique de moyens qui considère que l’augmentation des budgets est l’alpha et l’omĂ©ga de toute politique publique. En ce sens, l’homme est avant tout un mĂ©decin, incapable de penser la productivitĂ© du service public, et tout entier tournĂ© vers la dĂ©pense.Â
Au passage, on notera que le dĂ©sormais ministre Ă©tait auparavant administrateur de la FĂ©dĂ©ration Hospitalière de France, qui regroupe les hĂ´pitaux publics. Tout un programme…
Un ennemi complexe des mutuelles
Olivier VĂ©ran fait accessoirement partie des acteurs politiques très sensibles au monopole de la sĂ©curitĂ© sociale et très frileux vis-Ă -vis des organismes complĂ©mentaires. MĂŞme si son Ă©pouse est gynĂ©cologue dans une clinique mutualiste, et mĂŞme si lui-mĂŞme a Ă©tĂ© administrateur de mutuelles, il n’en demeure pas moins un pourfendeur des acteurs complĂ©mentaires, avec lesquels il n’est pas tendre.Â
DĂ©fenseur du reste Ă charge zĂ©ro, il a aussi promu le principe de la rĂ©siliation infra-annuelle des contrats d’assurance santĂ©.Â
De ce cĂ´tĂ©, il y a donc peu de chance que l’Ă©tau de la sĂ©curitĂ© sociale ne se desserre dans les semaines Ă venir.Â