L'assurance-vie devrait sortir très impactée de la crise, surtout pour les contrats en unité de compte laminés par l'effondrement boursier. Les économistes évoquent désormais des scénarios en "v" (celui qu'ils espèrent le plus), des scénarios en "u" (beaucoup moins engageants) et le cataclysmique scénario en "l". Quelle conséquence de chacun de ces scénarios sur votre portefeuille ?
Votre contrat d’assurance-vie sortira impacté par la crise du coronavirus (et par la guerre du pétrole). D’ailleurs, vous ne vous y êtes pas trompés, puisque la collecte nette durant la semaine qui a précédé le confinement aurait baissé de 70 millions €. Mais quel sera l’impact de chacun des scénarios de sortie de crise sur votre stratégie d’épargne ?
L’assurance-vie profitera d’un scénario en « v »
Le scénario en « v » est celui d’un rebond rapide une fois le confinement levé. Dans l’image du « v », la remontée de la pente est aussi rapide que sa chute. Autrement dit, après un important trou d’air, la crise est effacée et tout repart comme avant.
Ce scénario est espéré par les économistes, et surtout par les épargnants. En effet, il permettrait à la situation économique de se normaliser rapidement et d’effacer les pertes. La valeur de la monnaie serait par ailleurs préservée.
On ne sera donc pas étonné de voir partout l’espoir de ce scénario s’exprimer. Sur France Inter, le prudent Dominique Seux a d’ailleurs clairement dit les choses.
Problème : ce scénario paraît aujourd’hui exclu. Les économistes s’accordent à penser que plusieurs points de PIB sont définitivement perdus par l’effet de la crise. C’est notamment l’analyse de Rexecode présentée hier au MEDEF.
Dans la pratique, ce scénario sera rendu particulièrement irréaliste si l’épidémie s’étend aux États-Unis, et surtout si des défauts importants frappent les emprunteurs.
L’hypothèse du scénario en « u » complique la donne
Si beaucoup d’économistes prient pour un scénario en « v » sans y croire, la plupart s’accrochent à l’idée d’un scénario en « u », dit de « stagflation ».
Dans ce cas de figure, la crise que nous vivons déboucherait sur une longue stagnation économique, accompagnée d’inflation. Il n’y aurait donc pas de reprise de l’activité, et les États monétiserait la dette par un recours immodéré à la planche à billets. L’hyper-inflation sévirait.
Pour les porte-feuilles d’assurance-vie, les conséquences de cette situation pourraient être contrastées. Les unités de compte pourraient reprendre lentement du poil de la bête. Les allocations monétaires pourraient profiter des monnaies-refuges, ce qui pourrait éventuellement être le cas de l’euro dans l’hypothèse (désormais incertaine) où la zone monétaire survivrait et ne serait pas affectée par une crise de la dette publique trop marquée.
Dans tous les cas, l’inflation est une mauvaise nouvelle pour les épargnants, puisqu’elle grignote la valeur du patrimoine jour après jour.
Le scénario en « l », à privilégier
De notre point de vue, l’hypothèse la plus probable est toutefois, comme l’a annoncé Nouriel Roubini, que se produise un scénario en « l », c’est-à-dire un effondrement brutal pur et simple de l’économie. Bien entendu, le pire n’est jamais sûr, mais l’impact de l’épidémie aux États-Unis pourrait rapidement produire un raz-de-marée économique comme on en a rarement connu.
Dans ce scénario, les épargnants ont plutôt des raisons d’espérer, car l’économie serait largement démonétisée, et le déflation s’imposerait à la place de l’inflation.
Ce cas de figure conduirait à une dépréciation durable du marché actions et donc à une ruine programmée des contrats en unités de compte. Les placements monétaires seraient restreints.
En revanche, le patrimoine immobilier se valoriserait relativement, à condition d’être constitué après la correction qui s’annonce grâce aux liquidités à récupérer avant qu’il ne soit trop tard.
Bref, par prudence, tous ceux qui le peuvent ont intérêt à racheter leur contrat et à préserver des liquidités transitoirement en attendant de réorienter leur épargne, avant que l’État n’ait récupéré ce qui dépasse.
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