La semaine dernière, Wall Street a connu une remontée fulgurante, présentée dans les médias comme une manifestation de folie due aux espérances des traders. Cette version ne correspond qu’en partie à la réalité. Beaucoup suspectent une “opération de marché” destinée à favoriser quelques investisseurs au-delà de cet engouement inattendu du marché.
La semaine dernière, Wall Street a connu une épidémie de fièvre indirectement due au coronavirus. Alors que les indicateurs économiques étaient tous plus catastrophiques les uns que les autres, les indices ont fortement progressé, dans la foulée de Gilead, cotée au S&P 500, à qui la presse a prêté l’invention d’un traitement miracle, le Remdesivir, contre le virus. Nous avons expliqué que cette rumeur reposait sur beaucoup de vent, mais avait permis à Gilead de voir sa capitalisation boursière augmenter de 10 milliards$ en quelques heures. Par les temps qui courent, ce genre d’opération ne se refuse pas.
Wall Street a caché de belles opérations techniques
Assez rapidement, les analystes ont suspecté un mauvais coup organisé pour cacher des “opérations de marché”, c’est-à-dire des rebonds organisés par quelques investisseurs pour dégager de la liquidité à court terme. Un député américain a même demandé l’ouverture d’une enquête pour délit d’initié… C’est dire, si, aux États-Unis, personne n’est dupe de cette tempête dans un verre d’eau, qui a fait croire à certains que la crise boursière était passée.
Des opérations troublantes sur les cours
Comme l’a noté le média américain Pennystocks, l’opération a été rondement menée. Après différentes opérations de presse bien sentie, le cours a monté. Miraculeusement :
But the biggest question came down to certain options trading activities surrounding the release of the report. Specifically, the purchase of 7,500 call contracts with a strike price of $80 expiring on April 17.
Mais qui avait posé 7.500 options d’achat sur Gilead à 80$, qui expiraient le 17 avril? Qui avait pu avoir connaissance de la montée des cours plusieurs jours à l’avance ? On n’est pas près d’avoir la réponse, mais il ne faut surtout pas imaginer que la flambée de Wall Street la semaine dernière soit liée à une modification de l’économie réelle…
Les fondamentaux toujours tragiques de l’économie réelle
Comme l’a souligné l’expert Philippe Béchade, les “opérations de marché” en cours à Wall Street ne doivent pas dissimuler que les fondamentaux cataclysmiques de l’économie condamnent la bourse à baisser. Les indicateurs économiques précurseurs aux États-Unis sont tous dans un état lamentable, et le pire est à craindre pour l’économie américaine. La morosité est accrue par le renoncement de Donald Trump à “déconfiner” le 1er mai.
Il faut donc, dans tous les cas, parier sur une crise longue, avec une baisse longue des cours.
Un maintien des cours en trompe-l’oeil jusqu’en juillet ?
Toutefois, les investisseurs pourraient avoir la tentation de maintenir les cours à un niveau acceptable par des opérations de marché du même ordre que celle qui a bénéficié à Gilead la semaine dernière. Le marché des futures ne sera en effet débouclé qu’à la fin du mois de juin. Les acquéreurs de call pourraient être tentés de limiter les dégâts jusqu’à cette deuxième journée des quatre sorcières…