Daniel Grange évoque aujourd’hui la parole de Sibeth Ndiaye, la porte-parole du gouvernement. Avec son style savoureux, il montre comment la confiance dans la parole politique est affectée par l’inadaptation de son style et de son langage.

Au son des bruits de couloir relatant de fortes dissensions au sein de l’exécutif et un possible remaniement après la crise, il est intéressant de constater que la côte de confiance d’Emmanuel Macron est loin d’atteindre des sommets.
Alors que de nombreux dirigeants européens bénéficient d’un regain de confiance lié à leur gestion de la crise Covid 19 en dépassant largement les 60% d’opinions favorables (Boris Johnson, Angela Merckel, Guiseppe Conte, Sebastian Kurtz, Mette Frederiksen), le président français plafonne aux alentours des 35%, en dessous de son homologue américain Donald Trump.
Cette méfiance tient largement du fait que les français ont compris qu’ils se faisaient mener en bateau dans une aventure périlleuse où la navigation à vue, tirant des bords en fonction du baromètre des hauts comités scientifiques, est tout le contraire d’un cap ordonné, où l’équipage se doit discipline, rapidité d’exécution et conscience des enjeux afin d’éviter les écueils.
S’inspirant plus de la célèbre peinture de Géricault que des compétiteurs de l’America’s Cup, quelques membres d’équipage ont eu ainsi le don d’attirer les crispations des français par des attitudes et un comportement publics inadéquats. Ramant parfois à contre-courant tout en pérorant à tue-tête, laissant même penser que le “je” valait la parole du commandant, la “porte-voix” du gouvernement aura en particulier largement contribué à mettre le navire à la cape en espérant des jours meilleurs.
Le parcours et l’idéologie de Sibeth Ndiaye
L’adage, selon lequel “aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années”, pouvait pourtant s’appliquer à Sibeth Ndiaye. Après avoir tenté par deux fois le concours médecine, essayé la biologie et la philosophie politique, elle obtient un DESS d’économie publique, spécialité économie de la santé en 2007. A ce stade de connaissances, il serait donc superflu d’ironiser sur le début d’une explication concernant l’économie des masques et sur l’impossibilité d’en enfiler un lors de ce moment radio-visuel devenu culte sur France Inter, face à une Léa Salamé qui, pour suivre la métaphore picturale, se trouva totalement médusée sur l’inconséquence de la réponse.
Sibeth Ndiaye est avant tout, comme d’autres de tous bords, un pur produit politique dont le parcours a débuté très tôt. Née des amours “incestueuses” du socialisme et du macronisme, cette ex-jeune militante à l’UNEF a été élevée au biberon d’un courant politique qui, comme pour beaucoup d’autres, a été source d’accessit au pouvoir en 2017. En rejoignant l’aventure du Nouveau Monde, sa désignation comme porte-parole de ce radeau national hétéroclite a été le sacre d’une constance et d’une fidélité remarquables à l’endroit du chef de l’Etat, revendiquant et s’appliquant quoi qu’il advienne la devise voltairienne “La politique est l’art de mentir à propos”.
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La langue télédiffusée étant à la hauteur des contenus qu’elle véhicule, ses approximations portent des messages d’une totale superficialité (Alain Bentolila)».
Le problème vient donc plus de l’ “à propos” que les français rejettent désormais de manière épidermique car « approximatif », dans l’expectative d’une parole politique vraie et franche, évaluée et distillée avec mesure et bienveillance, sans pour autant basculer déjà dans l’hypnose eriksonienne collective destinée aux post-traumatisés comme nous l’avons vécue le 13 Avril. Les français n’ont point besoin d’être « paternisés ».
Lorsqu’on on « représente » une puissance mondiale comme la France, cette parole est observée et disséquée par chaque citoyen, par l’ensemble de la presse écrite ou télévisuelle, relayée par les réseaux sociaux nationaux et étrangers et, ne pouvant déjà prêter flan aux sarcasmes en temps de “paix”, elle ne peut être discutable en temps de “guerre”.
A défaut, elle discrédite tout concept d’autorité de la puissance exécutive, laquelle a déjà fort à faire face à l’impéritie résultant des alternances politiques et du pantouflage d’une partie de la haute fonction publique, largement trop rémunérée pour avoir su enlever le terme “anticipation” de leur vocabulaire.
La (porte)-parole inadaptée
L’explication sur cette dérive de la communication et de la rhétorique a vraisemblablement pour fondement le mode de pensée politique consistant, pour certains, à considérer que le pouvoir est une fin en soi, à défaut d’avoir l’épaisseur politique (au sens noble du terme) et l’entregent indispensables à la fonction.
La légèreté de « l’être communiquant », considérant que la joute verbale cathodisée prime sur la rareté et l’importance des mots, que le mensonge vaut mieux que vérité et que l’hypocrisie est désormais vertu d’Etat, synthétise désormais le tout dans une “new langue punchy”. Mêlant arrogance et ignorance, incapable d’accepter la contradiction, elle rend ainsi non seulement le message gouvernemental incompréhensible et inaudible, mais caricatural.
Notre « exception française » ne doit donc plus échapper aux règles de bon sens et de bonne gouvernance dont sont inspirés nos voisins européens, non point parfaits, mais pour lesquels les concepts de responsabilité et de clarté sont salués très majoritairement par leurs citoyens au travers des satisfécits donnés à ceux qui sont en charge de les administrer et de les protéger.
« Le meilleur gouvernement est celui où il y a le moins d’hommes inutiles » déclamait encore Voltaire. A l’heure de la parité et de la féminisation linguistique, cette évidence devrait bien s’appliquer à Sibeth Ndiaye si ce remaniement s’effectue, pour peu que le président veuille sacrifier l’un de ses lieutenants pour sauver le navire qui prend l’eau.