
Avec un art consommé de la négociation, Angela Merkel est en train de transformer l'avantage tactique donné par l'arrêt de la cour de Karlsruhe la semaine dernière en avantage stratégique pour l'Allemagne dans l'organisation d'une future Europe. Avec beaucoup de talent, la chancelière devrait échanger une intégration renforcée de la zone euro (incluant une modification des traités) contre une exonération de son industrie vis-à-vis des futures contraintes écologiques imposées par l'Union. Autrement dit, l'Allemagne accepterait de payer pour le Sud, en échange d'un renforcement de son potentiel industriel. Un calcul astucieux qui risque de prendre tout le monde au dépourvu.
Angela Merkel devrait riposter habilement à la menace d'une procédure de sanction contre l'Allemagne lancée par la Commission Européenne après l'arrêt de la Cour de Karlsruhe contestant la primauté de la cour de Luxembourg. Dans la pratique, elle accepterait une relance européenne avec une mutualisation des dettes, en échange d'un assouplissement fort des contraintes écologiques à venir. Cet arbitrage permettrait à l'Allemagne de sauvegarder sa suprématie industrielle dans l'Union tout en calmant politiquement la grogne des pays du Sud.
La fâcherie avec la BCE, une opportunité
On ne rappellera pas ici l'arrêt rendu par la cour de Karlsruhe contestant la décision de la Cour de Luxembourg sur la conformité des programmes de la BCE aux traités, si ce n'est pour dire
Bravo, Mme Merkel est toujours la dirigeante la plus intelligente et personne ne lui arrive à la cheville !!
L’integration de la Zone euro implique la mutualisation des dettes dont les Allemands ne veulent pas. Merkel est sur le départ et veut jusqu’au bout rester euro-mondialiste. Attendons la suite, car le parti de Merkel est très divisé sur le sujet. La fin de l’euro n’est plus très loin
Est-il raisonnable, moral de permettre à un pays de l’UE de payer pour avoir le droit de polluer plus ? Et demain, qui paiera pour produire l’oxygène dont nous aurons tous besoin ?
On consacre 52% du PIB aux dépenses sociales en France (12 points de plus qu’en Allemagne) contre 4,8% aux entreprises seulement…
Pourtant, à entendre syndicalistes et leaders de gauche, les entreprises se goinfrent !
Le récent plan d’aide aux entreprises dans le la pandémie de COVID donne le vertige: 1 200 milliards en Allemagne contre 45 à 110 seulement en France qui ne dispose certes pas des mêmes marges budgétaires… mais où en même temps, le chômage partiel est indemnisé à hauteur de 84% du salaire net contre 60% en Allemagne.
Dans le contexte actuel, le souverainisme est certes un tentation légitime, mais si c’est avec plus d’Etat socialiste, faudra accepter de répartir non pas les richesses mais la pauvreté.