Par JULIEN G. - Dans une note d’information datant du 18 octobre, le directeur du CHU de Martinique a décidé de ne plus exiger aux personnels hospitaliers le passe sanitaire ou une preuve de vaccination pour entrer dans l’hôpital. Unis, solidaires et pugnaces, les soignants ont donc réussis à faire reculer le CHU et donc le gouvernement.
Alors qu’en ce moment même, la prolongation du passe sanitaire est étudiée au parlement, ce recul de l’exécutif est-il annonciateur d’une fronde plus large qui pourrait fragiliser son ambition liberticide.
1.Pas de contrôle du passe à l’entrée du CHU
Depuis plusieurs jours, les forces de l’ordre et des soignants opposés au passe sanitaire et à l’obligation vaccinale s’affrontent régulièrement. Plus de 600 soignants ont déjà exercé leur droit de retrait
Lundi dernier, environ 800 personnes, selon la police, s’étaient rassemblées pacifiquement pour un sit-in devant le CHU suivie d’une réunion extraordinaire, le mardi, pour aborder les violences qui se sont produites au CHU vendredi 15 octobre.
Ce mardi 19 octobre 2021, c’est sous la forme d’une note d’information que la direction du CHUM a pris une position dans le sens de l’apaisement.
Dans cette note, Benjamin Garel, directeur du CHU de Martinique, indique que suite à la demande d’agents hospitaliers, tous les personnels hospitaliers pourront entrer dans leur service qu’elle que soit leur situation au regard du passe sanitaire. Il ajoute que les agents en situation de non-conformité seront invités à réaliser un test de dépistage.
2.Le gouvernement obligé de reculer
Hier après-midi, Olivier Véran affirmait solennellement à l’Assemblée nationale avoir « demandé que l’obligation vaccinale soit appliquée en Guadeloupe et en Martinique comme sur tout le territoire de la République, avec discernement, avec progressivité, à mesure que la pression sanitaire diminue ».
Dans l’hémicycle, il affirmait, donc, avec son autoritarisme habituel, que la loi du 5 août 2021 s’appliquerait partout.
Preuve en est que non !
Cette annonce au niveau local est un principe de réalité et les soignants sont en position de force au de l’impact que la situation avait sur l’organisation des soins.
Serge Aribo, l’un des dirigeants de l’intersyndicale, indiquait la semaine dernière que la direction devra faire un choix entre l’accès aux soins pour les malades ou alors l’application de cette loi sur l’obligation vaccinale et le passe sanitaire.
3.Effet boule de neige en faveur des professionnels suspendus ?
La communauté médicale martiniquaise a appelé de ses vœux la mise en place d’une médiation pour trouver une solution à ce problème de mise en application de la loi, qui dépasse les interlocuteurs habituels du dialogue social de l’hôpital.
La direction a d’ailleurs promis mardi de lancer, sous peu, une telle démarche pour permettre la mise d’une solution négociée.
Après la coercition comme seule outil pour faire céder les réfractaires, la négociation est aujourd’hui évoquée.
Depuis le 15 septembre, des centaines de recours de soignants et libéraux sont rejetés devant les juridictions françaises.
Mais ce recul net en Martinique pourrait changer la donne. En effet, les personnes dans la même situation doivent être traitées de manière identique.
L’égalité est un principe à valeur constitutionnelle et l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen dispose que “la loi doit être la même pour tous”.
Entre temps il y a eu un recul du directeur qui explique que son courrier a été transmis hors contexte. Mais nous n’avons pas finis de lutter ici et nous lutterons le plus longtemps possible. Nationalement vacciné ou pas vous devriez reflechir à votre avenir!
80 % de voix en 2017, ça vaut bien quelques arrangements.
“ce recul de l’exécutif est-il annonciateur d’une fronde plus large”
L’heure n’est plus aux questions, mais à l’action, la même que celle de nos cousins Martiniquais. Une faille s’est ouverte dans leur attaque, alors il faut tout faire pour s’y engouffrer partout.
“l’un des dirigeants de l’intersyndicale, […]”
Tiens donc, ceux qui n’ont rien fait pour venir en aide aux soignants, ou pire, les ont enjoints de passer à la casserole, se pointent maintenant pour tirer les marrons du feu – un peu facile et j’espère bien que si les choses sont tel quel, la base leur dira leurs quatre vérités.
Quant à voir un retournement de veste dans l’ajustice, qui bénéficierait aux opprimés, rien n’est moins sûr.
Le système ne prouve chaque jour qui passe qu’une seule chose, il a largement fait son temps et la seule chose qu’il mérite, c’est d’être rasé des fondations aux cheminées pour laisser place à quelque chose de nouveau et surtout, citoyen.