Prise sur ordonnance, l’huile de cannabidiol (CBD) est considérée comme un médicament anti-épileptique efficace. De nombreuses recherches affirmeraient également qu’elle propose plusieurs vertus sur la santé. Mais est-elle sans risque ? Quels sont ses effets secondaires ?
Les utilisations thérapeutiques du CBD
Selon plusieurs recherches, le CBD aurait plusieurs effets prometteurs sur la santé déjà présenté dans un précédent article. Il pourrait également potentiellement :
Aider à arrêter de fumer
Selon une étude publiée dans la revue scientifique Addictive behaviors, le rôle du système endocannabinoïde dans la dépendance à la nicotine est de plus en plus reconnu. Il s’agit d’une étude pilote randomisée en double aveugle contre placebo visant à évaluer l’impact de l’utilisation ad hoc de cannabidiol (CBD) chez les fumeurs qui souhaitaient arrêter de fumer. 24 fumeurs ont été randomisés pour recevoir un inhalateur de cbd (n=12) ou un placebo (n=12) pendant une semaine.
Il leur a ensuite été demandé d’utiliser l’inhalateur lorsqu’ils ressentaient l’envie de fumer. Au cours de la semaine de traitement, les fumeurs traités par placebo n’ont montré aucune différence dans le nombre de cigarettes fumées. En revanche, ceux traités avec du CBD ont considérablement réduit le nombre de cigarettes fumées d’environ 40 % pendant le traitement. Les résultats ont également indiqué un certain maintien de cet effet lors du suivi.
Traiter l’épilepsie et d’autres troubles neuropsychiatriques
Le cannabidiol a de multiples actions potentielles sur le système nerveux selon une étude publiée dans Epilepsia. L’activité dans des modèles de lésion neuronale, de neurodégénérescence et de maladie psychiatrique suggère que le CBD peut être efficace pour un large éventail de troubles du système nerveux central qui peuvent compliquer la vie des personnes épileptiques. Il pourrait ainsi être très bien envisageable pour traiter les convulsions et les conditions comorbides.
Traiter les troubles anxieux
Selon une étude publiée dans Neurotherapeutics en 2015, les preuves issues d’études sur l’homme soutiennent fortement le potentiel du CBD comme traitement des troubles anxieux. À des doses orales allant de 300 à 600 mg, le CBD réduit l’anxiété induite expérimentalement chez les témoins sains, sans affecter les niveaux d’anxiété de base, et réduit l’anxiété chez les patients atteints de trouble affectif saisonnier (TAS), un type de dépression lié aux changements de saison, surtout en hiver. Néanmoins, d’autres études sont nécessaires pour établir si le dosage chronique, en plus du dosage aigu du CBD, est anxiolytique chez l’homme.
Réduire certains effets de la maladie d’Alzheimer
Cette étude publiée dans le Journal of Alzheimer’s disease en 2014 révèle que le cannabidiol inverse les déficits cognitifs des souris transgéniques de la maladie d’Alzheimer et exerce des propriétés neuroprotectrices, antioxydantes et anti-inflammatoires in vitro et in vivo. Elle apporte une première preuve que le CBD peut avoir un potentiel en tant que traitement préventif de la maladie d’Alzheimer avec une pertinence particulière pour les symptômes de retrait social et de reconnaissance faciale.
Réduire des effets antipsychotiques liés à la schizophrénie
D’autres études ont démontré que le CBD a des effets antipsychotiques observés à l’aide de modèles animaux et chez des volontaires sains. Cet article publié dans la revue médicale Current Pharmaceutical Design par exemple propose une revue critique de la recherche évaluant le potentiel antipsychotique de ce cannabinoïde.
Bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires pour confirmer les avantages de l’huile de CBD, elle s’annonce comme un traitement potentiellement prometteur et polyvalent.
L’huile de CBD provoque-t-elle des effets secondaires ?
La plupart des patients de ces études tolèrent bien l’huile de CBD. D’ailleurs, un rapport (2017) de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a affirmé que le CBD n’était pas dangereux pour la santé. « Il ne produit pas les effets que l’on observe généralement avec les cannabinoïdes tels que le THC. […] A l’état pur, le CBD ne semble pas présenter de potentiel d’abus, ni être nocif pour la santé ». Néanmoins, certains effets secondaires ne sont pas à écarter.
Selon une revue de 2017 publiée dans Cannabis and Cannabinoid Research, par exemple, la majorité des études ont été réalisées pour le traitement de l’épilepsie et des troubles psychotiques. Ici, les effets secondaires les plus fréquemment rapportés étaient la fatigue, la diarrhée et les changements d’appétit/de poids. En comparaison avec d’autres médicaments, utilisés pour le traitement de ces conditions médicales, le CBD a un meilleur profil d’effets secondaires.
De plus, l’utilisation d’huile de CBD avec d’autres médicaments peut rendre ces médicaments plus ou moins efficaces. La revue note également que les scientifiques n’ont pas encore étudié certains aspects du CBD, tels que ses effets à long terme sur les hormones. D’autres études sont donc utiles pour déterminer les effets secondaires du CBD sur le corps sur le long terme.
Une étude publiée dans Frontiers in Pharmacology analyse également l’effet anti-inflammatoire suggéré des cannabinoïdes, qui pourrait trop réduire l’inflammation. Une réduction importante de l’inflammation pourrait pourtant diminuer le système de défense des poumons, augmentant ainsi le risque d’infection. Concrètement, au cours des deux dernières décennies, la communauté scientifique a rassemblé un grand nombre de preuves soutenant que l’activation du système cannabinoïde soulage la douleur et réduit l’inflammation. Dans le contexte de l’inflammation pulmonaire, les cannabinoïdes exogènes et endogènes ont montré un potentiel thérapeutique en raison de leurs effets inhibiteurs sur le recrutement et les fonctions des cellules immunitaires. D’un autre côté, il a été démontré que les cannabinoïdes étaient délétères pour la fonction pulmonaire et avaient un impact sur l’élimination des agents pathogènes respiratoires.
Les risques des produits à base de cannabis thérapeutique
La légalisation et l’utilisation croissantes du cannabis médical et récréatif ainsi que des produits à base de CBD soulèvent des problèmes de santé importants en ce qui concerne à la fois les sources non réglementées de ces produits et les effets sur la santé d’une utilisation prolongée. Simultanément, l’accès croissant aux produits CBD non réglementés, qui peuvent être falsifiés avec des composés potentiellement toxiques, nécessite une réglementation et une éducation sur le CBD pour ses avantages potentiels et/ou ses effets néfastes sur la santé et la maladie.
L’utilisation de CBD au début de la gestation, en particulier, pourrait présenter un risque durant la pré-grossesse et le début de grossesse. Une grossesse réussie dépend des interactions réciproques entre un embryon compétent et un endomètre réceptif chez la mère.
Des effets sur la fonction hormonale et reproductive suite à une exposition maternelle au CBD ont par exemple été rapportés chez des souris mâles. Les souris exposées au CBD avaient un poids testiculaire plus faible et des niveaux globaux de testostérone plus faibles (Dalterio et al., 1984). Ces effets sont conformes aux rapports d’effets hormonaux et reproductifs dus à une exposition postnatale au CBD ou au cannabis chez les rats et les singes. L’exposition maternelle au CBD est également susceptible de provoquer des changements neurochimiques dans le cerveau du nouveau-né.
Tout cela est-il vraiment légal ?
Comme les autres produits issus du cannabidiol, l’huile de CBD est légale dans une grande partie des pays de l’Union européenne y compris en France. Il existe un intérêt croissant à utiliser le CBD en tant que thérapie pour diverses affections. Néanmoins, il est toujours conseillé de demander l’avis d’un professionnel de la santé sur le produit à utiliser et la quantité à prendre avant toute utilisation.