La communication n’est pas une discipline qui s’improvise. En affirmant que la Russie n’attaquerait jamais l’OTAN compte tenu de la supériorité de l’armement occidental, Oleksiy Reznikov, ministre de la défense ukrainien, va à l’encontre du story-telling décliné par la Pologne, les Etats Baltes et les néoconservateurs, affirmant qu’il fallait vaincre la Russie en Ukraine, faute de quoi ce serait ensuite notre tour.
Il en va d’une alliance militaire comme d’une équipe gouvernementale. Il faut un patron qui communique et que les autres résistent à la tentation de fanfaronner et de tirer la couverture à eux. Faute de quoi, immanquablement, la cacophonie s’installe, la communication se brouille, et des faits qu’on préférait passer sous silence sont rendus publics. Invité sur les ondes de BFM-TV[1], Oleksiy Reznikov, ministre de la défense ukrainien, n’a pas su se taire hier, comme si son avis de proxy pesait réellement au sein de la coalition anti-russe.
Affirmant que la Russie devrait lancer une grande offensive le 24 février prochain, pour l’anniversaire de son invasion de l’Ukraine, M. Reznikov, a estimé qu’il n’y avait aucun risque que cette offensive ne s’élargisse aux Etats membres de l’OTAN. « Je pense que c’est exclu et je vais vous dire pourquoi. Poutine voit comment les armes de l’Otan sont efficaces, et ça en nombre limité, et comment il perd sur le terrain (…) Poutine sait très bien que s’il rentre réellement en conflit avec les pays de l’Alliance, il perd à 100%. Il présente sa guerre en Ukraine comme une guerre contre l’Occident et il explique qu’il ne peut pas gagner car contre eux il y a l’Otan. Mais en réalité il n’affronte que l’armée ukrainienne », a-t-il assuré.
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Si je peux me permettre un avis divergent…
La guerre en Ukraine avec ses prémisses en Syrie a montré que ce n’est plus la quantité mais la qualité des armes qui fait et fera la différence.
Une estimation d’efficacité détaillée des armements russes et notamment ceux utilisant la technologie d’origine française hypersonique dont J.P. Petit est le créateur mérite d’être considérée. Plusieurs articles du CdS en parlent effectivement déjà.
Cas pratique : la puissance américaine est avant tout fondée sur sa puissance de projection notamment avec des groupes navals puissants propulsés au moyen de l’énergie nucléaire. Ces groupes ont-ils encore une chance face à la menace que pourrait représenter les derniers missiles mis en service par les russes ?
La géopolitique se devrait alors d’être repensée à l’aune de ces sujets très techniques au demeurant.
Si ce qui précède est pertinent, le risque nul de voir la russie attaquer un pays de l’Otan résulterait alors bien de la modération de ses responsables politiques plus que d’une crainte relative aux quantités d’armement figurant dans ce tableau.
Si la Russie a un temps d’avance dans l’hypersonique, elle dispose encore pour l’heure de très peu d’engins de ce type. Certes, ceux-ci peuvent infliger de grosses pertes à la flotte otanienne ou détruire certaines bases. Mais la quantité d’armements est telle côté OTAN, la puissance industrielle et supérieure tellement supérieure, qu’attaquer l’Alliance Atlantique serait suicidaire.
Cette fixette sur l’hypersonique est un rien ridicule : ce sont des armes très coûteuses, peu nombreuses, à l’impact opérationnel extrêmement limité (sauf peut-être contre les porte-avions).
Certes, ce sont des armes d’agitation politique (« On peut vous frapper n’importe où sans que vous puissiez vous défendre »). Même ça, il ne faut pas s’en exagérer l’importance. Vous imaginez (hypothèse farfelue) la Russie frappant Washington de 10 missiles hypersoniques à charge conventionnelle, et après ?
Evidemment, je ne contredis pas votre point de vue. Je l’appuie.
Absolument.
Pour aller un peu plus loin dans mon analyse…
La technologie hypersonique est un des sujets mais c’est loin d’être le seul. On peut évoquer notamment les technologies cybernétiques qui paralysent/détruisent les réseaux de télécommunication sinon électriques et/ou industriels. C’est aussi le cas de la militarisation du spacial. Tout ces domaines sont devenus clef dans le fonctionnement de nos sociétés avancées, mais fragiles de mon point de vue.
Je vous invite à reconsidérer les commentaires du général US en charge du terrain de guerre syrien sur l’armée d’intervention russe quelques temps après le début de leur intervention à ce sujet et notamment sa référence au black-out complet opéré par ces derniers au début des opérations.
De la même manière, les russes se sont améliorés dans les techniques de défense aérienne au point de rendre inopérant ou presque en peu de temps des batteries de missiles occidentales de technologie avancée fournies à l’Ukraine (HIMARS…).
Mais plus encore a contrario, la quantité a fait parfois aussi la différence, notamment en matière de drones (d’origine iranienne par exemple) lorsque que ceux-ci sont utilisés en formation essaim.
Il est sans doute intéressant de considérer aussi les délais de fabrication maintenant reconnus par de nombreux militaires de haut rang notamment américains ou français, délais incontournables à ce jour, pour réapprovisionner les armées occidentales appauvries dont la notre, après avoir massivement approvisionné l’Ukraine.
Et pour terminer, il conviendrait d’étudier la capacité réelles opératives des armées occidentales qui n’ont pas ou peu l’expérience acquise d’une guerre de haute intensité à l’aune de l’état réel des matériels à leur disposition (obsolescence, opérationnel…).
Bref c’est un sujet multi-dimensionnel complexe et sans être un spécialiste de la défense, je crois cependant que les choses ne sont pas si simples que cela.
Je vous remercie de vos commentaires à ma première remarque sur l’article de Philippe Migault et vous souhaite à tous un bon week-end.
Par contre, les missiles hypersoniques, comme tous les vecteurs duals, créent une incertitude dans la dissuasion nucléaire. Est-ce que le missile qui me vient sur la gueule est nucléaire ou conventionnel ?
C’est n’est pas très rassurant.
@ Alamac
A la guerre, la quantité, ça compte. Et il n’y a aucun doute que l’OTAN est supérieur de ce point de vue.
La grande fragilité de l’OTAN est politico-psychologique : combien de troufions iront à la riflette ? Combien de pays débanderont ?
Ceci dit, le grotesque délire covidiste a montré que les capacités de manipulation de leurs propres populations par les gouvernements occidentaux sont presque infinies.
La supériorité de l’OTAN est plus qu’incertaine vu qu’elle n’a plus la base industrielle pour produire des matériels en masse comme le prouve ce qui se passe en ce moment même en Ukraine! Quant aux armes hyper-soniques, personne ne sait sinon les russes combien sont disponibles ni combien peuvent être rapidement produites… Le problème des occidentaux, c’est de prendre très souvent les autres pour des minus incompétents, c’est très fâcheux car cela entraîne de grosses erreurs! En l’état, et quoi que dise M. Migaud, rien ne prouve que l’OTAN gagnerait dans un conflit généralisé contre la Russie, d’ailleurs certains tel le colonel Mac Gregor le dise à demi-mot… cela fait d’ailleurs des mois que d’aucuns répètent que les russes ont une armée de “moujiks en sandales”, n’ont plus de missiles, d’obus, etc. que leurs matériels ne valent rien, sont dépassés, etc. et pourtant, ils ont conquis près de 20% du territoire ukrainien et continuent d’avancer ici et là mais surtout d’annihiler les troupes adverses et de détruire tout le matériel envoyé par l’occident… et du côté ukrainien, ils continuent de perdre massivement des troupes sans avoir pu détruire un seul corps d’armée adverse ni gagner une seul bataille décisive! Il me semble donc plus que temps d’en revenir à la raison et d’en appeler à la paix plutôt que de continuer à fournir du matériel coûteux que nous ne pourrons pas remplacer avant longtemps et qui, surtout, ne changera rien à l’issue de ce conflit! La paix maintenant, voilà ce qu’il faut dire et répéter, tout le reste n’est que paroles vaines!
Un petit ajout : Ce sont les russes qui dominent à l’heure actuelle le domaine anti-aérien avec les matériels les plus performants et efficaces.
Je partage votre point de vue !
J’ajoute à votre commentaire un point sur l’état réputé calamiteux de l’industrie militaire russe qui leur permet de tirer cependant chaque jour depuis février une moyenne de 50.000 coups de tout type avec notamment une artillerie réputée rudimentaire qui fait cependant des dégâts. Les soldats ukrainiens maintenant enrôlés de force jusqu’à 55 ans en paye le prix fort…
A comparer avec la dotation de l’armée française en munitions pour une semaine et anglaise pour un jour et demi. Idem dans l’armée américaine.
Tout comme l’industrie nucléaire en France, on ne relance pas une industrie lourde à l’abandon du jour au lendemain.
Se penser capable de faire la guerre dans les salons est une chose, avoir réellement les moyens de la conduire avec succès en est une autre.
C’est ce qui explique peut-être la très récente proposition de négociation de Blinken au travers d’un article média Washington Post. Car si négociation il y a, ce sera tout naturellement entre usa et Russie. L’Ukraine étant réduit à un statut de belligérant “proxy”.
Bonjour, et là, vous ne parlez que des armes, pour les hommes et femmes qui composeraient l’armée française, par exemple, il y aurait aussi un décalage dans la souffrance admise.
L’énumération de tous ces matériels ne vaut que par ce que valent les hommes qui les mettent en oueuvre et les quantités de munitions dont ils disposent. Hors les sotcks de l’OTAN sont vides et les usines ne seront pas prètes à relancer une production de masse avant de longs mois….
Qui, parmi les trente pays de l’OTAN, est prêt à envoyer ses soldats mourir pour l’Ukraine ???
Ne pas oublier que cette guerre ne sert que les intérêts américains. Rappelez-vous les buts de guerre de l’Amérique : Détruire la Russie politique, économique et militaire…et réaliser ce qui a été manqué en 1991 : S’accaparer ses richesses en matières premières…!
Idiots que nous sommes. Le matin tôt, ça n’est que cliquer sur “accepter”, ou tout “refuser”. On voit nos morts passer.
Il ne faut tout de même pas se raconter d’histoires : l’Occident, même désindustrialisé, reste bien plus puissant économiquement que la Russie.
Mais, s’il fallait faire une guerre longue, nous manquerions peut-être d’hommes motivés, à la fois pour les ingénieurs et pour les militaires.