Alors que le Brésil et l’Argentine ont conjointement refusé d’envoyer des armes à Kiev, voici que les deux pays semblent prêts à créer une monnaie commune. L’annonce a été faite par Lula, en visite à Buenos Aires, aux côtés de son homologue argentin. Si le deal voit le jour, il s’agirait de la deuxième plus grande union monétaire au monde, contribuant au rapprochement des deux principales économies d’Amérique latine, qui ont fait l’annonce de ce plan de création d’une monnaie unique lors du récent sommet de la CELAC (la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes).
Cette monnaie pourrait s’appeler le « Sur » (pour « le Sud ») et permettrait notamment de stimuler le commerce régional et de réduire la dépendance au dollar américain. Cette devise doublonnerait, dans un premier temps, le réal brésilien et le peso argentin. Invitant d’autres pays d’Amérique latine à les rejoindre, Buenos Aires et Brasília ont insisté sur la perspective d’une union monétaire qui, si elle parvenait à terme à couvrir tout le continent sud-américain, représenterait environ 5% du PIB mondial, soit plus du tiers du poids économique du vieillissant euro…
Partie prenante, en parallèle, du projet de panier monétaire dit des « 5R », aux côtés de l’Afrique du Sud, de l’Inde, de la Russie et de la Chine, le Brésil semble décidément bien alerte en matière de dédollarisation et donc de reprise en main de sa souveraineté. Les deux initiatives devraient cependant mettre plusieurs années avant de se concrétiser.
Le chiffre de la semaine
270 Mds €
L’emprunt que Bercy vient de souscrire pour financer en 2023 le déficit public
L’organisme chargé de placer la dette de l’Etat sur les marchés financiers (l’Agence France Trésor) a déclaré cette semaine qu’il comptait emprunter cette année, à moyen et long termes, 270 Mds € : un record absolu (un de plus !) sous l’ère du Mozart de la finance et de son Chostakovitch de l’économie. L’AFT a terminé l’émission de la dette publique 2022, pour un montant de 260 Mds €, auxquels s’ajoutent 26,2 Mds € utilisés pour « rouler » (i.e. reporter) la dette existante.
Aucune nouvelle émission de « dette verte » n’est prévue pour 2023 ; l’AFT compte toutefois créer au moins une nouvelle OATi à 10 ans, cette dette indexée sur l’inflation, qui est pure forfaiture en ces temps inflationnistes, mais que nous vous avons recommandée comme investisseurs dans le dossier N°10. Ce type de dette, qui représente chaque année 10% des émissions des obligations françaises, a bien évidemment vu son coût s’envoler en 2022, puisque ce dernier est indexé sur le taux d’inflation qui atteignait encore 6,2% en France en novembre 2022 en glissement annuel ! L’imagination des inspecteurs des finances n’ayant pas plus de borne (pas la Première ministre, hein) que leur incompétence, il existe bien évidemment, et ce depuis 2001, des OAT€i, indexées comme leur charmant nom l’indique, sur l’inflation européenne, qui a atteint, elle, près de 10% en 2022 ! En moyenne, toutes échéances confondues, la France a emprunté à 1,03% en 2022, alors que les taux étaient encore négatifs en 2020 (-0,30%) et en 2021 (-0,28%). Le 10-ans à taux fixe, qui fait référence, s’est élevé pour sa part en moyenne à 1,5% en 2022. Sur le marché obligataire, où les investisseurs s’échangent les titres de dette, ce taux dépasse déjà 2,5% en ce début février… Comme dirait le copain de Chostakovitch, « ça va bien se passer… »

Réussir sa sécession patrimoniale – Rétrospective 2022
Ce hors-série compile les 12 dossiers bimensuels parus au second semestre 2022. Cet indispensable contient : les classes d’actifs & la stagflation ; l’or-investissement ; les métaux blancs ; les matières premières ; l’art-investissement ; le non coté (PME-PMI) ; les devises étrangères ; les actions françaises ; les cryptoactifs ; les obligations souveraines ; l’assurance-vie ; l’entreposage physique de l’or. Le baromètre n’y figure pas. Un beau cadeau pour commencer 2023.
La déclaration de la semaine
« Vous chantiez, j’en suis fort aise, eh bien dansez maintenant ! »
Jean de la Fontaine
« Shut down » en approche ! Les Etats-Unis atteignent à nouveau le plafond de leur dette !
Le plafond de la dette, qu’èsaquo ? Il s’agit tout simplement de la dette limite que le Trésor américain peut émettre via ses obligations souveraines, moyen privilégié, depuis le 15 août 1971, par le Gouvernement US pour régler les dépenses approuvées par le Congrès… Le plafond (en l’espèce : 31 400 Mds $), une fois atteint, n’autorise aucun nouveau paiement et les Américains ne blaguent pas plus avec cela qu’avec le délit d’outrage aux bonnes mœurs dont DSK a fait les frais : il s’agit d’un mur infranchissable empêchant l’Exécutif de financer par l’émission d’une nouvelle dette ses engagements légaux. Concrètement, cela veut dire qu’à partir du mois de juin 2023 les administrations américaines ne pourront plus emprunter. Ainsi, le 5 juin prochain, les États-Unis pourraient être en défaut de paiement (ou presque, il reste quelques petites étapes avant) dans de nombreux secteurs : remboursement des intérêts de la dette, retraites des fonctionnaires, pensions militaires, remboursements médicaux, etc. De quoi accélérer l’émergence de réal-peso ? Pas si Sur.
L’actif de la semaine
Où en est l’immobilier en 2023 ?
Avec le dossier N°15 à paraître dimanche 5/2, nous vous proposons un tour d’horizon complet du placement préféré des Français : la pierre ! Avec des taux qui grimpent et des prix qui ont tendance à baisser, reste-t-il encore des opportunités à saisir dans le secteur ? Si oui, s’agit de biens traditionnels ou faut-il aller chercher de la surperformance sur des biens immobiliers dits « alternatifs », par exemple des garages ou des laveries ? Est-il toujours pertinent d’acquérir sa résidence principale ? D’investir dans une résidence secondaire ou dans du locatif ? Un dossier charnière entre le N°14 dédié aux SCPI et le N°16, à paraître le 19/2, qui traitera de la jungle des niches fiscales associées à l’immobilier locatif. Un numéro accompagné comme chaque premier dossier du mois de la mise à jour du « baromètre Machabert » qui réserve de très bonnes surprises…
Retrouvez tous nos dossiers bimensuels de sécession patrimoniale en cliquant sur « Dossiers téléchargeables » :
- le N°1 sur les différentes classes d’actifs anti-stagflation ;
- le N°2 sur l’or-investissement ;
- le N°3 sur les métaux blancs ;
- le N°4 sur les matières premières ;
- le N°5 sur l’art-investissement ;
- le N°6 sur le non coté (PME-PMI) ;
- le N°7 sur les devises étrangères ;
- le N°8 sur les actions françaises ;
- le N°9 sur les cryptoactifs ;
- le N°10 sur les obligations souveraines étrangères ;
- le N°11 sur l’assurance-vie ;
- le N°12 sur l’entreposage physique de l’or ;
- le N°13 sur la nature-investissement (vignoble, forêt, bétail) ;
- un hors-série faisant la rétrospective des dossiers 2022 ;
- le N°14 sur les SCPI.
Le dossier 15, à paraître le 5/2, traitera de la pierre en 2023 et des biens immobiliers alternatifs.
-
Gérer son patrimoine en « bon père de famille »9,90 €
-
Débancariser en cryptos9,90 €
-
La défiscalisation immobilière9,90 €
-
La pierre et l’immobilier alternatif9,90 €
-
Investir en SCPI9,90 €
-
Réussir sa sécession patrimoniale – Rétrospective 202299,00 €
-
Investir dans la nature9,90 €
-
Les Recueils de Nicolas Bonnal (1) – Pourquoi de Gaulle adorait la Russie – suivi de Chroniques antiglobales9,90 €
-
Solution de placement sécessionniste – 4 – investir dans les matières premières – par Florent Machabert9,90 €
Je rapproche cette nouvelle monnaie sud-américaine du discours de Marc Carney (Banque d’Angleterre ) en aout 2019. Dans mon article sur la crainte de l’élite mondialiste de voir un retour de l’étalon-or, voici les propos que j’ai cité:
« Bien que de tels efforts concertés puissent améliorer le fonctionnement du système actuel, en fin de compte, une économie mondiale multipolaire a besoin d’un nouveau système pour réaliser pleinement son potentiel.
Ce ne sera pas facile.
Les transitions entre les monnaies de réserve mondiales sont rares étant donné les fortes complémentarités entre les fonctions internationales de la monnaie, qui servent à renforcer la position de la monnaie dominante »
Les premiers éléments constitutifs sont là. La Chine est d’ores et déjà la première nation commerçante du monde, devançant les États-Unis au début de cette décennie. Et le Yuan est maintenant plus courant que la livre sterling dans les contrats à terme de référence sur le pétrole, bien qu’il n’ait aucune part sur le marché avant 2018.
L’utilisation accrue du Yuan dans le commerce international conduit également à son utilisation croissante dans la finance internationale. Cela a été rendu possible par les réformes des systèmes monétaire, de change et financier de la Chine qui ont libéralisé et amélioré l’infrastructure de ses marchés financiers, faisant du Yuan une réserve de valeur plus fiable. L’initiative des nouvelles routes de la soie pourrait favoriser davantage l’adoption du Yuan dans le commerce et la finance.
Toutefois, pour que le yuan devienne une devise véritablement mondiale, il faut beaucoup plus »
Un peu plus avant, il ajoute :
« En ce qui concerne l’offre de monnaies de réserve, les problèmes de coordination sont plus importants lorsqu’il y a un petit nombre d’émetteurs que lorsqu’il y a soit un monopole, soit un très grand nombre d’émetteurs. Si la montée du Yuan peut, avec le temps, fournir un plan B aux problèmes actuels du SMFI, la première solution serait de construire un système multipolaire »
J’ai bien peur que cette nouvelle monnaie soit inspirée par ce discours. En gros, ils acceptent de perdre le dollar au profit de « monnaies régionales » issue de banques centrales dont ils ont le contrôle. J’espère n’être qu’un « oiseau de mauvaise augure »
Sur son blog boycotté par Gogole & co (quotidien.com), le journaliste P. JOVANOVIC annonce justement une opération financière au profit de membres de la CIA.
Objectivement, si je me place du côté du brésilien lambda, avec à moyen terme une place dans le top 6 des grandes puissances mondiales, pourquoi le Brésil s’encombrerait-il d’un fardeau tel l’Argentine, qui a déjà fait plusieurs faillites ?
S’ils avaient avançaient directement une nouvelle monnaie pour l’AmSud, ok, là, le raisonnement me semble bancal.
Nous ne sommes pas dans le secret des dieux, on verra à la fin du bal…