Quand il ne déclare pas de cobelligérances contre des puissances nucléaires, E. Macron fait la teuf à Kinshasa, en compagnie de son pote le chanteur congolais Fally Ipupa. Deux salles, deux ambiances.
Heureux d’avoir rencontré le Président de la République Française, Emmanuel Macron.
— Fally Ipupa (@fallyipupa01) February 28, 2023
Un moment privilégié où nous avons pu échanger sur la situation dramatique qui sévit à l’Est du Congo, ainsi que de la place de la musique congolaise auprès de la jeunesse. pic.twitter.com/2L4gmcM3u8
Commençons – puisqu’il s’agit de politique extérieure – par tordre le cou à un préjugé pratiquement aussi franco-centré que Macron lui-même : non, s’afficher au Congo en compagnie du pape de l’afropop n’était pas forcément une mauvaise idée en soi ; autant l’instagrammeuse Macron peut donner l’impression de prostituer les ors de la République en s’y faisant photographier avec le très douteux Pharrell Williams, autant son amitié avec l’homme qui a fait du lingala (parlé à Kinshasa et dans sa région) une langue de la variété internationale pourrait être de nature à engranger pour la France – dans cet Etat-nation en cours de formation sur les rives du fleuve Congo – un capital de sympathie bien supérieur à ce que rapportent les habituelles séances-photos avec des politicards subsahariens assez universellement méprisés par leurs peuples.
Kinshasa off : Macron doit changer de parolier
L’ennui, c’est que la communication du mari de Brigitte – a priori écrite et mise en musique par cette annexe du lobby LGBTQ+ qu’on appelle encore les Affaires Etrangères – n’est pas du tout raccord avec « le visuel » : avant de teufer, en chemise et bibine en main, avec son pote Fally (d’égal à égal), il avait, au président dudit pote, déclaré : « Vous n’avez pas été capables de restaurer votre souveraineté, ni militaire, ni sécuritaire, ni administrative ».
Un constat qui – pour qui connaît les réalités africaines – a d’ailleurs toutes les chances d’être relativement exact. L’ennui, c’est que, placé dans la bouche d’Emmanuel « Alstom » Macron, après Lola, après la ribambelle des non-lieux ministériels et les révélations récentes sur l’état d’équipement de l’armée… On croit rêver. Et les Congolais (qui comprennent tous notre langue, et suivent nos médias) aussi.
Or, à quoi bon jouer la connivence des égaux, si c’est pour en même temps évoquer (qui plus est, au moment où il a en réalité le moins de chances de ressusciter en vrai) le spectre du petit blanc donneur de leçons ? Derrière le mauvais anglais du Béchir Gemayel d’Amiens, il y a le provincialisme moralisant du bourgeois de gauche, qui trouve l’Afrique très cool (sauf Kaïs Saïed)… et n’y comprend rien.
Binwi! Double louze: (1) cheu nous, le petit bourgeois en mode suprématie socialo attend Tintin au Congo, faites ci faites ça, prend une claque paralysante — comment, maqueron s’abaisse? —; (2) chez eux du tac au tac, mignon le mignon mais sûrement pas superman, prends ça dans tes dents. ????????
En effet, Macron, c’est Tintin au Congo ou plutôt Mickey au Congo. Les réseaux sociaux ont remplacé « le Petit vingtième ». Hier, c’était un renard de la politique, le sergent Mobutu, devenu maréchal-président du Zaïre, qui avait la préférence de la Belgique. La Belgique évincée, aujourd’hui, c’est un autre artiste local, du genre pelvis, soutenu par la France de Mickey, qui ambitionne la place. Les exemples ne manque pas à ce showman : Schwarzenegger, Zelensky…. La jeunesse congolaise y gagnera-t-elle ? La fête finie, les bouteilles d’alcool vidées, que restera-t-il ? La gueule de bois. Avec des parrains comme Mickey, l’Afrique n’est pas encore prête de sortir de la discothèque. En Résumé, le paternalisme des tontons n’est pas encore mort, loin de là et si ça foire pour ce chanteur, il pourra toujours chanter la « Marseillaise » le 14 juillet.