Allemagne – des algorithmes étatiques de recommandation pour les enfants sur les réseaux sociaux, par Ulrike Reisner

Avec un budget de 45 millions d’euros par an, les chaînes publiques allemandes produisent des reportages en ligne pour les très jeunes. La chaîne « funk » diffuse des programmes orientés, loin d’être objectifs. Les sujets traités sont ceux dont les jeunes s’occuperaient de préférence – ou devraient s’occuper d’après les désidératas des producteurs de médias publics. Les reporters et les protagonistes propagent « l’attitude souhaitée ». La critique de cette mise en place de ces bulles de filtre (le fait que les moteurs de recherche fournissent des résultats toujours similaires, tous compris dans un champ considéré comme acceptable par les “modérateurs”) financée par l’État est rare, mais elle existe ! Elle vient – fait intéressant – des syndicats.

En février, le « Digital Services Act » entrera définitivement en vigueur. Nous atteindrons ainsi un nouveau niveau de contrôle de la liberté d’expression et de la presse dans l’UE. Les États membres devront obligatoirement mettre en place un coordinateur des services numériques ou confier cette tâche à une autorité. En outre, un réseau de dénonciateurs appelés « signaleurs de confiance » sera mis en place. Ces signaleurs surveilleront les communications sur les plateformes en ligne et interviendront dès qu’ils soupçonneront une infraction.

Nous n’avons aucun doute sur le fait que cette forme de contrôle vise à réprimer les attitudes et les positions “indésirables” et à promouvoir une vision sociopolitique uniforme. Mais comment les censeurs font-ils faire pour éviter que cette propagande ne soit elle-même démasquée en tant que manipulation ? Comment soustraire la propagande étatique à un contrôle objectif ? Jetons un coup d’œil sur l’Allemagne, où la radio-télévision publique a développé une stratégie particulièrement perfide. Elle utilise ce que l’on appelle le « journalisme d’opinion » et s’adresse ainsi à des groupes cibles très jeunes.