La nouvelle année approche à grands pas. C’est le moment de dresser un bilan d’une année supplémentaire de macronie. Et 2023 n’a pas manqué d’être chahutée, tant sur le plan intérieur qu’extérieur. Pour ceux qui voudraient retenir les axes importants de l’année, et peut-être quelques signaux forts pour donner sens au macronisme (dont le sens se découvre peu à peu), voici une rétrospective synthétique des temps forts macronistes de l’année.
2023 présente un intérêt majeur : c’est l’année où le macronisme s’est révélé dans son substrat idéologique, dans sa pureté d’une certaine façon, qui n’est pas forcément très éloignée du vide intellectuel. Que ce soit sur le plan intérieur ou sur le plan diplomatique, l’inconsistance de la vision au pouvoir a produit le moins bon… et le pire.
Au commencement était la réforme des retraites
L’année 2023 a commencé dans la confusion avec le projet de réforme des retraites. Initialement, la réforme devait être présentée en décembre, mais un premier loupé a contraint Emmanuel Macron à repousser la présentation du texte au début du mois de janvier. Dans la pratique, le texte n’était pas prêt… et la suite n’a pas déçu ! Quelques semaines plus tard, Olivier Dussopt, ministre du Travail, se prenait les pieds dans le tapis dans le nombre de retraités qui allaient bénéficier de la revalorisation des “petites retraites”.
Les manifestations sont allées bon train. Emmanuel Macron peut se féliciter d’avoir compté sur une opposition divisée, qui a soigneusement évité de voter la moindre motion de censure à l’Assemblée lorsqu’Elisabeth Borne a finalement décidé de recourir au 49-3. Parallèlement, l’utilisation de l’opposition suscitée a permis d’épuiser les obstacles dressés dans l’opinion et dans le monde syndical, et d’éviter le pire précisément au moment où les organisations syndicales avaient déposé un préavis de grève reconductible, comme nous le rappelle l’interview que le responsable de l’UNSA SNCF nous avait accordée ;
L’opposition suscitée a-t-elle mis en échec la révolte populaire contre la retraite à 62 ans ? Rien ne l’exclut, même si les éléments chiffrés empêchent aujourd’hui d’y voir clair. Ce qui est sûr, c’est que l’énergie dépensée par Myriam Palomba et ses amis pour promouvoir le danger du pédosatanisme a permis de distraire l’opinion vers des sujets annexes quand Emmanuel Macron était en danger, et a fait défaut à la lutte contre la réforme des retraites. Et, contrairement aux convictions du Courrier, Emmanuel Macron a pu passer sa réforme au forceps, en utilisant un subterfuge de “100 jours” qui, finalement, a fonctionné, et a permis d’étouffer les oppositions les plus farouches, notamment sous la menace des pires mesures, comme un retour aux urnes.
Cette réforme sera-t-elle définitive ? Nous sommes sceptiques, mais… “wait and see”, même si la réforme est adoptée à court terme, nous restons dubitatifs sur la suite des événements.
L’affaire des émeutes
Pour se sortir de la crise des retraites, Macron avait promis cent jours de réflexion. Finalement, les 100 jours font “pschitt!”. La mort du jeune Nahel fin juin met le feu aux poudres et relance la polémique sur la question de l’immigration, jugée centrale par de nombreux Français. Certaines banlieues s’embrasent et éclipsent le bilan du Président de la République. La séquence politique qui s’ouvre alors fait trembler le pouvoir.
Mais un consensus politique se crée autour d’un “sauvetage” d’Emmanuel Macron face au péril musulman que beaucoup redoutent dans les milieux de droite, notamment chez les identitaires. Qu’il s’agisse d’Eric Zemmour, d’Eric Ciotti ou du Rassemblement National les appels à la fermeté, au besoin en instaurant l’urgence, se multiplient. Une fois de plus, donc, la droite sauve la mise du Président en consolidant sa base au moment où celle-ci chancelle.
Le naufrage de l’immigration
Pour tenter de reprendre la main sur l’opinion, Emmanuel Macron s’est livré à un petit remaniement, sans changer de Premier Ministre. Selon les rumeurs, il avait pourtant envoyé des signaux clairs à Gérald Darmanin sur son accession possible à Matignon. Maintenu à l’Intérieur, Darmanin obtient de déposer à la rentrée un projet de loi sur l’immigration, qu’il se fait fort de faire adopter par le Parlement.
Cette promesse va se transformer en piège politique. Le gouvernement dépose d’abord son texte au Sénat, où la majorité républicaine durcit considérablement les dispositions initiales, notamment en remplaçant l’aide médicale d’Etat par une aide médicale d’urgence. En outre, le Sénat supprime les régularisations massives dans les métiers en tension. La Commission des Lois de l’Assemblée, dominée par les macronistes, détricote largement les ajouts du Sénat et pousse les parlementaires à se coaliser contre le groupe présidentiel en adoptant une motion de rejet avant l’examen en hémicycle.
Si le texte finit par être adopté après une douloureuse Commission Mixte Paritaire, l’opération laisse de lourdes traces dans la macronie, particulièrement dans son aile gauche. Le ministre de la Santé Aurélien Rousseau démissionne pour protester contre le durcissement du texte, ouvrant probablement la voie à un remaniement ministériel d’ampleur.
Le naufrage européen de Macron
Si le théâtre intérieur n’a guère souri à Emmanuel Macron, les affaires étrangères ne lui ont pas apporté de plus grandes satisfactions.
On notera tout particulièrement la déculottée prise par la France dans la renégociation du Pacte de croissance et de stabilité adopté au moment du traité de Maastricht. Après le ruineux quoiqu’il en coûte, la France espérait obtenir un relâchement de l’étau qui l’étrangle à petits feux. En particulier, l’objectif était de pouvoir étaler dans la durée la réduction de la dette contractée depuis 2020. Après des mois et des mois de négociations, la France n’a quasiment rien obtenu, et a dû se contenter des propositions allemandes ordo-libérales, à peine attendries jusqu’en 2027.
Les puristes se souviendront que dès 2019 Bruno Le Maire avait eu l’ambition d’imposer un Pacte beaucoup plus dépensier. Il faudra finalement se contenter d’obéir aux prescriptions allemandes, notamment de réduire rapidement tout déficit excessif (0,5 point par an, avec une petit modulation en cas d’investissement écologique).
La France disparaît des radars internationaux
Au-delà de l’Europe, c’est l’image de la France elle-même qui en a pris un sérieux coup. Dans l’affaire ukrainienne, la France continue sa politique de suivisme vis-à-vis des Etats-Unis et est totalement absente de la table diplomatique. Au Proche-Orient, Macron s’est ridiculisé en proposant de lutter contre le Hamas avec une coalition du même ordre que celle qui avait affronté Daesh. Ce faisant, beaucoup en ont déduit que, dans l’esprit d’Emmanuel Macron, la question palestinienne était en fait une question de “colonisation” religieuse d’un territoire revenant légitimement à Israël.
Par la suite, le Président a donné le sentiment d’une errance sur cette question, tendant parfois la main aux Palestiniens, mais soutenant sans faille, en réalité, les positions israéliennes les plus suprémacistes. Là encore, cet alignement aveugle sur le bloc occidental en a troublé plus d’un, au point que des diplomates français ont pris position contre la ligne présidentielle.
La France désormais invisible en Afrique
Mais les reculs diplomatiques français, chasse gardée d’un Président dont le bilan international est calamiteux, ne se limitent pas aux grandes crises planétaires. En quelques mois, la France a aussi quasiment disparu de sa traditionnelle sphère d’influence en Afrique. Cette disparition accélérée est largement due aux fautes de comportement du Président.
Ainsi, dès le début de l’année, le Burkina Faso demandait le départ des 400 soldats français chargés de pister les djihadistes sur son territoire. Ce retrait suivait de quelques mois la débâcle française au Mali. Il s’intègre dans un reflux français global sur le sol africain.
En juillet, un coup d’Etat au Niger, officiellement justifié par la montée du terrorisme djihadiste dans le pays, conduit à une nouvelle expulsion des troupes françaises. Face à l’hostilité de la junte qui séquestre le Président Bazoum, la France est contrainte de retirer ses 1.500 soldats.
Ainsi, en un an, la France aura brutalement perdu son influence au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Rien n’exclut que la liste ne s’allonge dans les mois à venir.
Un bilan calamiteux est logique compte tenu du vide intellectuel de MacRon qui s’aligne sur la sphère anglo-saxonne pourtant en voie d’effondrement. Depuis VGE ( peut être le pire avec Sarkozy ) nous avons eu droit à une série de nuisibles et aujourd’hui est à l’œuvre le fossoyeur de la France.
La police est maintenant devenue l’outil uitlise pour battre les population en soumission pour les rendre docile face a l’esclavage des multinationales, les banques, les riches,l’agenda Davosien ou globaliste ,au choix et, comme toujours il y toujours une classe,( qui collabore avec ces projets L”elite” politique qui vend leurs populations aux plus offrants. Macronescu a perverti la police , les CRS et al avec on ne sait quelles promesses ,-qu’il ne tiendra pas d’ailleurs.- Le peuple a compris cette fois-ci qu’il ne peur compter que sur lui-meme contre un etat qui est voue a sa destruction. . Tant pis ceux qui seront sur son chemin. Fini de tendre l’autre joue.
Comme le disait Coluche : “La France va mieux !….. que demain….”
Si je comprends bien vous ne souhaitez pas vos meilleurs vœux à notre drôle de président ????
Je n’ai pas compris la référence à Palomba sur le pedosatanisme qui aurait détourné l’attention pendant la réforme des retraites. Je veux bien que les gens soient généralement facilement manipulables mais je ne pense pas que sur le sujet des retraites il y ait moyen de les faire détourner le regard à ce point. Je vous avoue que pour ma part je n’ai pas entendu parler de ces histoires pedosataniques plus que ça.
Par contre j’ai vraiment l’impression que les français avec qui j’ai pu discuter sont dans une forme de résignation manifeste face à toutes ces réformes ou décisions politiques prises à leur détriment. Ils voient en face d’eux comme un bulldozer qui ne recule devant rien dorénavant… tout finit par être accepté…
Même le triste théâtre autour de la loi immigration est gobée ; la plupart des gens pensant que la démocratie a fonctionné pendant ce dernier petit événement de fin 2023 alors que tout ceci avait l’air plus grotesque qu’autre chose… des lois par dessus d’autres lois toujours autant inappliquées les unes que les autres et alors qu’à l’Europe autre chose se décide…
La population est très mal informée, très peu avertie et n’a plus beaucoup de réserve de réflexe reptilien pour se défendre…
J’ai hâte de voir la suite du programme mais pourtant je crains le pire !
Excellente synthèse. Merci Eric. En toute logique, la prochaine mauvaise nouvelle ou catastrophe devrait venir de l’intérieur. 2024 = l’année de tous les dangers.
Nous sommes dans une anomalie surréaliste, un épisode des Simpson, un sit-com, une comédie clownesque qui n’est malheureusement pas une fiction, sans boîte à rire et qui ne fera pas rire du tout.
Je suis pour ma part persuadé que Macron a pour objectif la destruction de la France, et cette année encore il a remarquablement fait avancer son programme.
Très curieusement il a bénéficié du soutien incompréhensible de l’opposition (pas une seule motion de censure alors que nous sommes rendus au vingt-troisième 49-3) et de celui de la police (les policiers étant pourtant issus du peuple)…
Toutefois, je constate que les faillites de son action diplomatique et de sa gestion des retraites sont plus dues à ses failles de personnalité qu’à un plan intelligent et machiavélique. Mais après tout les gens qui l’ont choisi en 2017 pour prendre la suite de Hollande connaissaient son caractère et savaient qu’il ne les décevrait pas !