Le patronat de l'industrie est actuellement en phase de réorganisation. Ce mouvement de fond pourrait contribuer à le faire revenir à la place qu'il occupait dans le jeu social avant l'affaire de l'UIMM. Mais il faudra attendre les prochaines élections à la présidence du MEDEF, en juillet 2022, pour que le fil de la pelote soit complètement déroulé, et pour qu'on y voie plus clair.
Depuis que l’affaire UIMM a éclaté, en 2007, la place de l’industrie a beaucoup décliné dans le jeu social français, au profit des professions financières. Les syndicats de patrons industriels sont toutefois en phase de réorganisation et pourraient produire un séisme salvateur dans les mois qui viennent. Derrière ces jeux d’appareil, c’est le poids de l’industrie dans l’économie française qui se joue.
L’UIMM face à la réorganisation de ses composantes patronales
Du temps de la splendeur de l’UIMM, qui tenait en bride courte le CNPF de l’époque et l’ensemble du monde patronal, l’industrie représentait bon an mal an un quart du PIB français. Cette part s’est effondrée de 50%, et l’UIMM ne pèse plus comme avant…
Cet affaiblissement n’a pas empêché Pierre Gattaz, en son temps, d’accéder à la présidence du syndicat patronal. Mais il était le fils de… et ses liens personnels avec les grands patrons ont joué autant que sa proximité avec l’industrie. Au moment de sa succession, en revanche, l’affaire s’est compliquée : Alexandre Saubot, propulsé dans la campagne électorale par l’UIMM, a découvert le jour du scrutin que les lois du MEDEF étaient impénétrables. Battu de 60 voix, on prête au patron du groupe Haulotte l’intention de prendre sa revanche.
En 2018, l’UIMM s’est donné les moyens de peser plus lourd, et d’éviter des “combinazioni” aussi risquées que celles de 2017. C’est ainsi qu’est née France Industrie, une sorte de super-UIMM qui regrouperait aujourd’hui 99% des entreprises industrielles françaises, soit par adhésion directe, soit par le truchement des fédérations adhérentes (dont l’UIMM).
France Industrie est-elle la nouvelle UIMM ?
Le premier président de France Industrie n’était autre que Philippe Varin qui fut notamment président du directoire de Peugeot. Il devrait laisser la place à Alexandre Saubot, qui renonce parallèlement à succéder à Darmayan à la présidence de l’UIMM.
Ce mouvement tactique en dit long sur les intentions finales de France Industrie : face au morcèlement des fédérations qui ont joué contre le succès d’Alexandre Saubot (du moins le croit-il ?), le regroupement de tout ce petit monde autour d’une voix commune donnerait la suprématie à l’industrie dans le concert patronal. Tout laisse donc à penser que la présidence de l’UIMM devrait devenir secondaire par rapport à la présidence de France Industrie.
Une élection pistolet sur la tempe en 2022 ?
On comprend progressivement le mouvement qui se dessine. Si Alexandre Saubot présentait sa candidature en 2022 à la présidence du MEDEF, il la présenterait au titre de France Industrie, ce qui englobe notamment l’univers du médicament.
Saubot risque toutefois de trouver sur son chemin Patrick Martin, l’actuel vice-président qui a oeuvré à la victoire de Roux de Bézieux en 2017 en se ralliant à lui. Il n’est pas impossible que, dans l’esprit de Martin, la succession de Roux lui soit réservée.
Dans l’hypothèse d’une nouvelle défaite, Saubot disposerait alors d’une flotte de guerre capable de marginaliser le MEDEF en fédérant autour de lui l’ensemble de l’industrie. La menace est claire : soit l’industrie récupère la présidence du MEDEF, soit elle fait bande à part.
Saubot soigne ses relations avec les pouvoirs publics
D’ici là, Alexandre Saubot soigne ses relations avec les pouvoirs publics. Il évite notamment de critiquer trop vertement les actions brillantes de Bruno Le Maire et de ses sbires. Cette attitude de prudence est probablement très utile pour éviter un veto de l’Elysée à l’élection d’un indésirable. Suffit-elle à gagner une élection ?
Selon nos informations, la rigidité personnelle de ce polytechnicien a conduit à des défections dans sa propre fédération en 2017. Et il devrait y réfléchir.
Excellent, enfin un rigide! Je commençais à désespérer. Tellement marre des caramels mous, moi.