Alors que le Brésil et l’Argentine ont conjointement refusé d’envoyer des armes à Kiev, voici que les deux pays semblent prêts à créer une monnaie commune. L’annonce a été faite par Lula, en visite à Buenos Aires, aux côtés de son homologue argentin. Si le deal voit le jour, il s’agirait de la deuxième plus grande union monétaire au monde, contribuant au rapprochement des deux principales économies d’Amérique latine, qui ont fait l’annonce de ce plan de création d’une monnaie unique lors du récent sommet de la CELAC (la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes).
Cette monnaie pourrait s’appeler le « Sur » (pour « le Sud ») et permettrait notamment de stimuler le commerce régional et de réduire la dépendance au dollar américain. Cette devise doublonnerait, dans un premier temps, le réal brésilien et le peso argentin. Invitant d’autres pays d’Amérique latine à les rejoindre, Buenos Aires et Brasília ont insisté sur la perspective d’une union monétaire qui, si elle parvenait à terme à couvrir tout le continent sud-américain, représenterait environ 5% du PIB mondial, soit plus du tiers du poids économique du vieillissant euro…
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Je rapproche cette nouvelle monnaie sud-américaine du discours de Marc Carney (Banque d’Angleterre ) en aout 2019. Dans mon article sur la crainte de l’élite mondialiste de voir un retour de l’étalon-or, voici les propos que j’ai cité:
« Bien que de tels efforts concertés puissent améliorer le fonctionnement du système actuel, en fin de compte, une économie mondiale multipolaire a besoin d’un nouveau système pour réaliser pleinement son potentiel.
Ce ne sera pas facile.
Les transitions entre les monnaies de réserve mondiales sont rares étant donné les fortes complémentarités entre les fonctions internationales de la monnaie, qui servent à renforcer la position de la monnaie dominante »
Les premiers éléments constitutifs sont là. La Chine est d’ores et déjà la première nation commerçante du monde, devançant les États-Unis au début de cette décennie. Et le Yuan est maintenant plus courant que la livre sterling dans les contrats à terme de référence sur le pétrole, bien qu’il n’ait aucune part sur le marché avant 2018.
L’utilisation accrue du Yuan dans le commerce international conduit également à son utilisation croissante dans la finance internationale. Cela a été rendu possible par les réformes des systèmes monétaire, de change et financier de la Chine qui ont libéralisé et amélioré l’infrastructure de ses marchés financiers, faisant du Yuan une réserve de valeur plus fiable. L’initiative des nouvelles routes de la soie pourrait favoriser davantage l’adoption du Yuan dans le commerce et la finance.
Toutefois, pour que le yuan devienne une devise véritablement mondiale, il faut beaucoup plus »
Un peu plus avant, il ajoute :
« En ce qui concerne l’offre de monnaies de réserve, les problèmes de coordination sont plus importants lorsqu’il y a un petit nombre d’émetteurs que lorsqu’il y a soit un monopole, soit un très grand nombre d’émetteurs. Si la montée du Yuan peut, avec le temps, fournir un plan B aux problèmes actuels du SMFI, la première solution serait de construire un système multipolaire »
J’ai bien peur que cette nouvelle monnaie soit inspirée par ce discours. En gros, ils acceptent de perdre le dollar au profit de “monnaies régionales” issue de banques centrales dont ils ont le contrôle. J’espère n’être qu’un “oiseau de mauvaise augure”
Sur son blog boycotté par Gogole & co (quotidien.com), le journaliste P. JOVANOVIC annonce justement une opération financière au profit de membres de la CIA.
Objectivement, si je me place du côté du brésilien lambda, avec à moyen terme une place dans le top 6 des grandes puissances mondiales, pourquoi le Brésil s’encombrerait-il d’un fardeau tel l’Argentine, qui a déjà fait plusieurs faillites ?
S’ils avaient avançaient directement une nouvelle monnaie pour l’AmSud, ok, là, le raisonnement me semble bancal.
Nous ne sommes pas dans le secret des dieux, on verra à la fin du bal…