Nous sommes mardi, le ministre de la Santé du cabinet Borne2 s’appelle toujours Aurélien Rousseau, et sa femme est toujours N°2 de l’Assistance publique. Mais tout va bien, car Borne va lui signer cet équivalent macronien de l’indulgence papale : un déport.
A tout saigneur, tout honneur : ce sont les frasques de la Schiappa, grande consommatrice de compagnons à la ville, qui ont d’abord amené Borne à mettre en place ce système du déport, qui permet à la domesticité politique de la Caste de concilier sa déontologie surannée du conflit d’intérêts avec le fait qu’ils ont de plus en plus tendance à former une grande famille.
Dans la droite ligne du fameux prêche d’Ursula à Davos sur le thème de la confiance, l’argumentation mobilisée par Aurélien Rousseau pour se justifier est d’ailleurs un chef-d’œuvre d’irénisme technocratique :
« ‘Il n’y a pas de conflit d’intérêts’ qui puisse naître des responsabilités respectives occupées par le couple, ‘car nous poursuivons (…) le même intérêt public…’ ». En d’autres termes : il faut – sous peine de se faire accuser de populisme par Sylvain Fort – leur faire confiance sur la foi de leurs bonnes intentions. Après tout, la tentation de se servir serait – comme la famille et la nation – une pure illusion : à force de nier l’existence des égoïsmes, ils finiront bien par disparaître. Ou éventuellement par tout submerger ?
« Je vous déclare unis par les liens de la connivence »
A la tête du véritable modèle organisationnel de l’Occident pigmenté, Mohammed ben Salmane, lui, ne prendra a priori pas la peine de signer des déports à ses milliers de demi-frères, cousins et autres membres de la famille Al Saoud employés par son appareil « d’Etat » – dans un pays où, en dépit des simagrées féministes récentes de MBS, personne n’oublie que l’humanité est constituée, non pas de « personnes » à la sauce Sandrine Rousseau, mais de familles. Et d’ailleurs, pour le cas où quelqu’un se mettrait à l’oublier, c’est même marqué dessus : Arabie Saoudite.
Dans un contexte culturel post-soviétique, plus proche du nôtre, en revanche, Ilham Aliyev – président de cet Azerbaïdjan tellement démocratique que le gaz russe turkmène que nous lui achetons, en le traversant, devient instantanément démocratique lui-même – pourrait s’inspirer d’E. Borne, et signer à sa femme Mehriban Aliyeva un déport concernant les fonctions de vice-président dont elle s’acquitte.
Plus ils parlent de confiance, moins elle existe. Qu’ils continuent ainsi…