L’opération militaire russe en Ukraine a « coïncidé » avec le lancement prévu de bio-laboratoires militaires américains à Kiev et à Odessa. L’ambassade des États-Unis en Ukraine a depuis supprimé de son site Internet les documents relatifs aux 11 laboratoires biologiques financés par le Pentagone en Ukraine. L'invasion russe de l'Ukraine pourrait, donc, mettre en danger un réseau de laboratoires ukrainiens liés aux États-Unis qui travaillent avec des agents pathogènes dangereux. Des scientifiques spécialisés dans la guerre biologique, utilisant une couverture diplomatique, testent, donc, des virus artificiels dans des laboratoires biologiques du Pentagone, sur le sol Ukrainien.
Les laboratoires biologiques du Pentagone en Ukraine
En octobre 2021, l’agence de réduction des menaces de la défense américaine (DTRA), une agence de soutien au combat au sein du département de la défense des États-Unis (DoD), a publié un accord supplémentaire sur la « lutte contre les agents pathogènes hautement dangereux ».
L’accord impliquait l’équipement et la formation du personnel ainsi que la mise en service des installations. Le coût des travaux a été estimé à 3,6 millions de dollars. Toujours, selon le document, les laboratoires étaient presque prêts à commencer à fonctionner. Toutefois, leur achèvement a été retardé par rapport à la date de signature du document (juillet 2021), et ils devaient commencer à la fin du mois de février 2022.
En termes de développement de la recherche biologique, l’Ukraine intéresse particulièrement l’armée américaine. Immédiatement après la victoire de la première révolution de couleur, un accord global a été signé entre le ministère ukrainien de la Santé et le ministère américain de la Défense sur la rénovation des installations biologiques en Ukraine. En 2008, un plan a émergé pour la fourniture d’une aide américaine au ministère ukrainien de la Santé, et en octobre 2009, un concept de développement pour un « programme de réduction des menaces biologiques » a été proposé.
Avec le soutien des États-Unis, le premier centre biologique d’Ukraine a été ouvert le 15 juin 2010 dans le cadre de l’Institut de recherche Mechnikov Anti-Plague à Odessa en présence de l’ambassadeur américain John Tefft. Le centre d’Odessa s’est vu attribuer un niveau permettant de travailler avec des souches utilisées dans le développement d’armes biologiques.
Rien qu’en Ukraine en 2013, des biolaboratoires ont été ouverts à Vinnytsia, Ternopil, Uzhhorod, Kiev, Dnepropetrovsk, Simferopol, Kherson, Lviv (trois laboratoires à la fois dans cette ville !) et Lugansk avec le soutien des États-Unis.
Des laboratoires en Ukraine ont été construits dans le cadre du programme américain de coopération pour la réduction des menaces, lancé en 1991 et visant la Russie et l’ancienne Union soviétique. Et curieusement, la coopération entre l’Ukraine et les États-Unis dans ce domaine s’est intensifiée après la première révolution « orange » en 2005.
Le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Nikolai Patrushev, a averti dans une interview à l’hebdomadaire Argumenty I Fakty en 2021 que les laboratoires biologiques que les États-Unis étaient en train de créer dans le monde mettaient en danger la santé de dizaines de millions de personnes.
« L’Occident s’inquiète des droits de l’homme, mais en réalité, il les viole à grande échelle . Les laboratoires biologiques que Washington met en place à travers le monde mettent en péril la santé de dizaines de millions de personnes, violant ainsi leurs droits », a déclaré le chef de la sécurité russe.
Des laboratoires biologiques de fonction inconnue ont donc bien ouvert en Ukraine et la plupart de ces activités sont supervisées par le Pentagone.
Hasard ou coïncidence, plusieurs documents disponibles sur le site de l’ambassade des US à Kiev, détaillant le financement de laboratoires habilités à manipuler des agents pathogènes ne sont plus accessibles depuis le début de la crise Russo-Ukrainienne … mais heureusement, internet a de la mémoire.
Aujourd’hui, les bio-laboratoires du Pentagone sont regroupés autour de la Russie en demi-cercle.
L’invasion Russe pourrait mettre en péril ces laboratoires
L’invasion militaire russe en Ukraine pourrait mettre en danger le réseau de laboratoires ukrainiens liés aux États-Unis qui travaillent avec des agents pathogènes dangereux, a déclaré Robert Pope, directeur du programme Cooperative Threat Reduction Program, un programme du département de la Défense, vieux de 30 ans, qui a aidé à sécuriser les armes de destruction massive de l’ex-Union soviétique et rediriger les anciennes installations d’armes biologiques et les scientifiques vers des efforts pacifiques.
Bien que les États-Unis ne maintiennent pas d’installations d’armes biologiques, a déclaré Pope, la guerre pourrait mettre en danger les collections d’agents pathogènes en Ukraine.
“Je dirais que dans toutes les installations dans lesquelles nous avons travaillé avec eux, nous sommes convaincus que tant que l’électricité est allumée et que les personnes que nous avons formées sont présentes dans l’installation, les agents de biosécurité, que ces agents pathogènes sont sûrs et conformes aux normes internationales », a déclaré Pope. “Si ces installations devaient être endommagées par un conflit, cela pourrait changer.”
“Je pense que les Russes en savent suffisamment sur les types d’agents pathogènes qui sont stockés dans les laboratoires de recherche biologique pour que je ne pense pas qu’ils cibleraient délibérément un laboratoire”, a déclaré Pope. “Mais ce qui m’inquiète, c’est qu’ils seraient… accidentellement endommagés lors de cette invasion russe.”
Le gouvernement américain a travaillé avec 26 installations en Ukraine. Avant l’invasion, le programme fournissait un soutien matériel direct à six laboratoires ukrainiens. Le programme offre également une formation en biosécurité et en mentorat scientifique au personnel du ministère de la Santé dans tout le pays.
L’armée américaine produit régulièrement des virus, des bactéries et des toxines mortels en violation directe de la Convention des Nations unies sur l’interdiction des armes biologiques. Or, le Protocole concernant la prohibition d’emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires et d’agents bactériologiques a été adopté à Genève le 7 juillet 1925. Il a été ratifié par 65 États, qui ont déclaré l’interdiction absolue d’utiliser des armes bactériologiques dans les conflits militaires.
Des « scientifiques » sous couverture diplomatique
La « Defense Threat Reduction Agency » (DTRA), du Département de la Défense, a financé 11 laboratoires biologiques en Ukraine. Ces laboratoires américains sont financés par la DTRA dans le cadre d’un programme militaire de 2,1 milliards de dollars : le Cooperative Biological Engagement Program (CBEP), et sont situés dans d’anciens pays de l’Union soviétique comme l’Ukraine.
La DTRA a, donc, externalisé une grande partie du travail dans le cadre du programme militaire à des entreprises privées, qui ne sont pas tenues responsables devant le Congrès, et qui peuvent opérer plus librement et contourner l’état de droit. Le personnel civil américain effectuant des travaux au Lugar Center bénéficie également de l’immunité diplomatique, bien qu’il ne soit pas diplomate. Par conséquent, les entreprises privées peuvent effectuer des travaux, sous couverture diplomatique, pour le gouvernement américain sans être sous le contrôle direct de l’État hôte Cette pratique est souvent utilisée par la CIA pour couvrir ses agents
Par exemple, la société américaine Metabiota Inc. a obtenu des contrats fédéraux de 18,4 millions de dollars dans le cadre du programme DTRA du Pentagone en Géorgie et en Ukraine, pour des services de conseil scientifique et technique. Les services de Metabiota comprennent la recherche mondiale sur le terrain sur les menaces biologiques, la découverte d’agents pathogènes, la réponse aux épidémies et les essais cliniques.
Or, L’Ukraine n’a aucun contrôle sur les bio-laboratoires militaires sur son propre territoire. Selon l’ accord de 2005 entre le Département de la Défense des Etats-Unis (DoD) et le ministère ukrainien de la Santé, il est interdit au gouvernement ukrainien de divulguer au public des informations sensibles sur le programme américain et l’Ukraine est obligée de transférer au département américain de la Défense (DoD) des agents pathogènes dangereux à des fins biologiques. De plus, Le Pentagone s’est vu accorder l’accès à certains secrets d’État de l’Ukraine dans le cadre des projets et ce en vertu de leur accord.
Parmi l’ensemble des accords bilatéraux entre les États-Unis et l’Ukraine figurent la création du Centre des sciences et de la technologie en Ukraine (STCU), une organisation internationale financée principalement par le gouvernement américain qui s’est vu accorder le statut diplomatique. Le STCU soutient officiellement les projets de scientifiques précédemment impliqués dans le programme soviétique d’armes biologiques. Au cours des 20 dernières années, le STCU a investi plus de 285 millions de dollars dans le financement et la gestion de quelque 1 850 projets de scientifiques qui travaillaient auparavant sur le développement d’armes de destruction massive.
L’opération militaire russe en cours en Ukraine pourrait-elle donc avoir comme (autre) objectif d’arrêter le programme de la DTRA en Ukraine ? Les projets à Kiev et Odessa seront désormais reportés, voire annulés.
L’ambassade US de Kiev veut-elle cacher les preuves que les États-Unis ont violé la convention sur la non-prolifération des armes biologiques ?
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Sans oublier ceux qui sont en Géorgie et qui sont soumis aux mêmes absences de contrôles
Oui…
https://reseauinternational.net/les-experiences-biologiques-des-etats-unis-en-georgie-et-en-ukraine/
Les interdictions, c’est pour les autres, pas pour les Etats-Unis et, parfois, leurs “alliés”
Et puis…
https://www.mondialisation.ca/de-nouveau-sous-le-feu-des-projecteurs-le-programme-de-guerre-biologique-des-etats-unis/5627825
Ce ne serait pas une découverte, les US (mais ils ne sont sûrement pas les seuls) financent des recherches sur les armes bactériologiques un peu partout dans le monde, avec la menace que représente chaque labo d’être détruit par une guerre – les bouillons de culture restant résistants – ou pas totalement protégé contre fuite et accident.
Les apprentis sorciers !!!
J’avoue que je commence à devenir tout à fait anti américain. Ils font franchement trop de conneries où qu’ils aillent…
Au passage félicitation pour la qualité de vos informations et de vos commentaires sur l’Ukraine. De ce fait je ne regarde plus que le Courrier des Stratèges. Les autres informations provenant d’ailleurs sont mensongères…
https://vimeo.com/202792798
Bon article qui pose bien la problématique, merci. Un petit complément d’information : regarder où se situent ces labos et comparez la carte à celle des bombardements qui ont été effectués par la Russie dès les premières heures de l’attaque! Vous aurez une réponse claire à vos questions 🙂 Par ailleurs, il y a des rumeurs qui parlent non pas de 11 ou 13 labos mais de 39 ; qui plus est, la France et l’Allemagne pourraient être elles aussi impliquées dans deux labos… Toute cette histoire pue le coup tordu à plein nez!
Quand ils disent “réduction des menaces”, ne faut-il pas comprendre le contraire?