Pierre Moscovici est, depuis des mois, annoncé à la Cour des Comptes pour remplacer le Premier Président Didier Migaud. Mais cette opération prévue de longue date pourrait, comme souvent dans les nominations à la main d'Emmanuel Macron, donner lieu à une surprise de dernière minute. Malgré une vraie indulgence sur le déficit français sous Macron lorsqu'il était à Bruxelles, Moscovici pourrait être l'une des nouvelles victimes de la désormais légendaire ingratitude d'Emmanuel Macron.
De longue date, Pierre Moscovici était donné comme le grand favori pour occuper le poste de Premier Président de la Cour des Comptes, en remplacement du bravache Didier Migaud admis à faire valoir ses droits à la retraite. Cette nomination a failli avoir lieu l’an dernier, lorsque Richard Ferrand était supposé présenter la candidature de Migaud au Conseil Constitutionnel, ce qui aurait permis de nommer immédiatement Moscovici.
Malheureusement, l’opération avait finalement avorté, et Moscovici a dû attendre le départ normal de Migaud. À l’époque, il se murmurait que la complaisance de Macron vis-à-vis de Moscovici n’était pas étrangère… à la complaisance de Moscovici alors commissaire à Bruxelles vis-à-vis des déficits accumulés par Emmanuel Macron en France, pourtant taxé de “libéralisme” par ses adversaires politiques.
Selon toute vraisemblance, ce brave Moscovici, dont le manque de clairvoyance lorsqu’il était à Bercy égala à peu près celui de Bruno Le Maire, pourrait être victime d’une mauvaise manière de la part du Président de la République. On évoque en effet de façon répétée le nom d’Éric Woerth pour prendre la tête de la maison de la rue Cambon. Cette hypothèse politique serait conforme à la tradition républicaine qui veut que la Cour des Comptes soit confiée à l’opposition.
Eric Woerth embarque avec lui une image de compétence technique sur les dossiers financiers, ternie par le dossier de l’hippodrome de Compiègne et par les soupçons qui pèsent sur les cadeaux fiscaux qu’il aurait pu faire à Bernard Tapie. Par les temps qui courent, calmer l’opposition ou l’affaiblir en la privant de l’un de ses meilleurs experts pourrait toutefois rendre un service à une majorité battue par les flots sur la réforme des retraites. Moscovici ferait à son tour les frais de la désormais légendaire ingratitude d’Emmanuel Macron.