L’Europe trouve curieusement des consensus beaucoup plus rapides lorsqu’il s’agit de sauver ses banques, ou de leur aménager des règles prudentielles favorables, que lorsqu’il s’agit d’aider un État-membre en difficulté. L’Ecofin, le conseil des ministres des Finances, vient d’en donner une nouvelle démonstration avec l’assouplissement des contraintes applicables aux banques…
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L’Europe n’a décidément peur de rien, et surtout pas des comportements indécents… Ainsi, l’Ecofin, qui a tant peiné à trouver un accord pour sauver l’Italie, devrait déboucher sur une solution beaucoup plus rapide pour sauver les banques…
L’Europe se met d’accord pour sauver ses banques…
On découvre ainsi que l’Ecofin, qui a échoué plusieurs fois à trouver une solution pour l’Italie, devrait se mettre d’accord beaucoup plus rapidement pour assouplir les contraintes prudentielles qui pèsent sur les banques, comme nous l’avons annoncé depuis plusieurs semaines.
En l’espèce, il s’agit de modifier en urgence la norme comptable IFRS qui détermine la part de fonds propres dont une banque doit disposer en contrepartie des risques financiers qu’elle prend (notamment par les crédits qu’elle accorde). Cette décision, qui couvait depuis plusieurs mois et est indépendante de la crise du coronavirus, quoiqu’en disent les banquiers, permettra accessoirement à ces banques de continuer à prêter à des emprunteurs risqués (comme des entreprises affaiblies par le confinement…).
C’est en soi un indicateur de la mauvaise santé de nos banques, puisqu’elles pourront désormais prendre plus de risques sans être capables de les assumer. Voilà qui annonce une intervention des contribuables en cas de problème…
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L’Italie rechigne à recevoir l’aumône
Le consensus qui se dégage sur les banques tranche avec les difficultés à dégager une vision claire sur l’aide à l’Italie. Après un Ecofin dont nous avons souligné les incertitudes, le gouvernement italien s’est écharpé sur les formes d’intervention de l’Union.
Le Premier Ministre italien ne souhaite pas l’intervention du Mécanisme Européen de Solidarité (MES), qui permettrait à l’Eurogroupe de constituer une troïka, à l’image de ce qui s’est passé en Grèce, pour prendre les affaires italiennes directement en main.
Le dossier n’est donc pas clos, et démonstration est faite que l’Europe se met plus rapidement d’accord pour ses banques que pour ses États-membres.
Macron annonce l’impensable : la fin de l’euro
Dans ce contexte dégradé, il ne faut surtout pas manquer l’interview d’Emmanuel Macron au Financial Times, où il prédit la fin de la zone euro si l’Europe ne parvient pas à faire preuve de solidarité.
Nous sommes à un moment de vérité, qui est de décider si l’Union européenne est un projet politique ou simplement un projet de marché.
La question surprend, puisque l’Allemagne a déjà répondu en choisissant un simple projet de marché.