La crise bancaire guette, très largement du fait mĂŞme de l’incurie des banques qui n’ont jamais voulu “dĂ©sintoxiquer” leurs actifs les plus pourris qu’elles dĂ©tiennent parfois depuis les annĂ©es 2000. Officiellement, les Ă©pargnants sont protĂ©gĂ©s Ă hauteur de 100.000€ contre la faillite de leur organisme bancaire. Mais la rĂ©alitĂ© est quand mĂŞme plus compliquĂ©e et plus… risquĂ©e que les textes officiels ne le disent. Voici quelques trucs simples pour se protĂ©ger un peu mieux. Â
Une crise bancaire paraĂ®t très probable Ă l’automne, compte tenu du risque de crĂ©dit qui se profile. Vous ĂŞtes nombreux Ă vous demander si, dans cette hypothèse, vos Ă©conomies sont Ă l’abri des malheurs du temps et comment Ă©viter de les perdre si ce n’est pas le cas. Voici quelques dĂ©buts de rĂ©ponse Ă ces questions.Â
La crise bancaire qui vient
La crise bancaire est, pour certains, une tarte Ă la crème qui revient tous les ans, pour d’autres un risque imminent que la finance internationale est parvenue miraculeusement Ă conjurer depuis plusieurs annĂ©es, après avoir eu très chaud en Grèce en 2011. Chacun se fera sa doctrine sur ce sujet, mais une chose est sĂ»re : l’Union EuropĂ©enne n’a pas pris le temps de “purger” les actifs toxiques de ses banques après la crise de 2008. Cette paresse rend ses banques fragiles.Â
Avec la crise du coronavirus, ces questions d’actifs toxiques prennent une importance accrue : les dettes du passĂ© vont s’ajouter aux dettes nouvelles que de nombreux emprunteurs vont ĂŞtre incapables de rembourser. C’est particulièrement vrai pour les crĂ©dits des entreprises, qui sont dĂ©sormais en situation compliquĂ©e. Rappelons que les analystes tablent sur un doublement des faillites en France en 2020. Pour l’ensemble de l’Union, c’est une provision de plus de 300 milliards qui est supposĂ©e ĂŞtre passĂ©e par les banques pour faire face aux dĂ©fauts qui s’en suivront.Â
Au demeurant, la situation tendue des banques n’est une surprise pour personne. Les membres du directoire de la BCE eux-mĂŞmes ont annoncĂ© Ă plusieurs reprises au printemps qu’il fallait s’attendre Ă des dĂ©fauts bancaires en cascade. Leur intention est de les traiter par des fusions sous contrainte.
Toute la questions est dĂ©sormais de savoir une faillite bancaire ici ou lĂ peut produire un effet domino sur l’ensemble du système financier europĂ©en.Â
Je veux rassurer les TPE et PME inquiètes du remboursement de leur PGE. Nous avons négocié des taux avantageux avec les banque compris :
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) September 6, 2020
➡️ Entre 1 et 1,5% pour les entreprises prolongeant leur prêt sur 1 ou 2 ans.
➡️ Entre 2 et 2,5% pour celles l'étendant sur 3, 4 ou 5ans. pic.twitter.com/Er2XlohqvS
L’Union EuropĂ©enne a prĂ©parĂ© des “rĂ©solutions bancaires”…
Pour faire face Ă l’Ă©ventualitĂ© de faillites bancaires, l’Union EuropĂ©enne n’est pas restĂ©e inactive. Dès 2014, une directive a fixĂ© le cadre des “rĂ©solutions bancaires”, c’est-Ă -dire des faillites sans intervention directe du contribuable pour rĂ©parer les dĂ©gâts. Ce texte fondateur, qui organise une sorte de Ponzi (les premiers Ă intervenir en cas de faillite bancaire sont les actionnaires, puis les clients, puis un fonds de garantie publique) est flanquĂ© de plusieurs règlements d’application directe qui harmonisent l’application des directives dans tous les Etats membres.Â
C’est cette directive qui a Ă©tĂ© transposĂ©e en droit français “interne”, avec la crĂ©ation du Fonds de Garantie des DĂ©pĂ´ts et de RĂ©solution supposĂ© indemniser les petits Ă©pargnants en cas de faillite d’une banque.Â
Officiellement, les avoirs sont protĂ©gĂ©s jusqu’Ă 100.000 €, avec quelques raffinements supplĂ©mentaires en cas de versement inhabituel sur le compte au moment oĂą la faillite survient.Â
… mais n’a pas tout dit sur leur application
Ces textes sont parfaitement efficaces en cas de faillite d’une “petite banque” isolĂ©e qui impose une rĂ©action rapide et limitĂ©e. Dans cette hypothèse, le rĂ©gulateur (en France, l’ACPR) prend la situation en main, et restructure la banque en actionnant l’indemnisation des clients si leurs avoirs sont engloutis par la faillite.Â
Point Ă retenir : l’indemnisation ne porte que sur les 100.000 premiers € du compte. Donc… règle fondamentale, on ne laisse pas plus de 100.000€ sur son compte courant, sinon, en cas de problème, on boit le bouillon.Â
Surtout, la dotation du Fonds de Garantie se limitant Ă quelques milliards, la question est de savoir ce qui se passe en cas de sĂ©vère crise bancaire, oĂą une entitĂ© comme le CrĂ©dit Agricole par exemple disparaĂ®trait. Il va de soi que ce cas-lĂ n’est pas directement prĂ©vu par le manuel. Et que la garantie des 100.000€ a quelque chose de factice dans cette hypothèse.Â
Soyons plus clairs : dans l’hypothèse oĂą le CrĂ©dit Agricole s’effondrerait (ou un autre gĂ©ant de la banque de dĂ©tail, bien entendu), l’État indemniserait comme il le pourrait, mais rien ne prouve que la garantie des 100.000€ pourrait ĂŞtre appliquĂ©e.Â
Il est économiquement et socialement infiniment préférable de dégrader temporairement les soldes publics pour investir, réarmer l’économie et repartir de l’avant, plutôt que de s’enfoncer dans l’austérité, laisser exploser le chômage, et les drames humains.#FranceRelance pic.twitter.com/NLksGUls9H
— Jean Castex (@JeanCASTEX) September 3, 2020
Comment limiter les risques de spoliation ?
Dès lors que les hypothèses ci-dessus ne ressortissent plus de la science-fiction, comment se prĂ©munir contre le risque de perdre ses Ă©conomies ? Le premier conseil de bon sens, et le seul qui puisse tenir d’ailleurs, consiste Ă ne jamais dĂ©passer les 100.000€ dans la mĂŞme banque. Concrètement, si vous disposez d’une Ă©pargne liquide de 150.000€, le bon sens recommande d’en placer la moitiĂ© dans une banque, et l’autre moitiĂ© dans une autre banque, si possible sans interdĂ©pendance avec la première.Â
Ainsi, si vous placez 75.000€ au CrĂ©dit Agricole, il n’est pas dĂ©lirant de placer les 75.000€ Ă la BNP, ou dans une succursale française d’une banque Ă©trangère en bonne santĂ© (on Ă©vite les banques allemandes). Mais placer cette autre tranche au CrĂ©dit Lyonnais n’a pas beaucoup de sens, puisque LCL fait partie du groupe CrĂ©dit Agricole. Les difficultĂ©s de l’un auront donc forcĂ©ment des rĂ©percussions sur les difficultĂ©s de l’autre.Â
Diversifier votre Ă©pargne
Si vous avez immobilisĂ© Ă la banque des sommes supĂ©rieures Ă 100.000€, le bon sens consiste par ailleurs Ă limiter cette Ă©pargne en la diversifiant. Il est vrai qu’en temps de crise, cette diversification est une opĂ©ration forcĂ©ment compliquĂ©e. Mais, un placement immobilier de rapport, dans une ville de province Ă rendement Ă©levĂ© (si, si, il y en a) sur une petite surface peut ĂŞtre une bonne façon d’Ă©viter de trop gros risques.Â
Dans tous les cas, il faut se tenir prĂŞt et suivre les opportunitĂ©s qui se prĂ©sentent.Â
Je me contenterais de relayer ici en rĂ©action Ă votre conseil de bon sens, l’institut des libertĂ©s pour un autre conseil :
https://institutdeslibertes.org/revenons-a-nos-moutons-2/
“Il y a quelques mois, j’avais en effet prĂ©sentĂ© une espèce de portefeuille « permanent » scindĂ© en deux parties de taille Ă©gale (50-50) :
– Une sĂ©lection de 10 valeurs cotĂ©es Ă Paris, (Cap Gemini, Sodexo, Danone, Accor, Schneider, LVMH, l’OrĂ©al, Total, Air Liquide, Pernod-Ricard), faisant toutes partie du CAC 40 et qui avaient un point commun, ne rien devoir Ă l’Etat et ne rien en attendre, chacune de ces valeurs devant donc reprĂ©senter 10% du portefeuille actions et 5 % du portefeuille total.
– Une sĂ©lection d’actifs anti-fragiles (voir le livre de Nassim Taleb) qui avaient une caractĂ©ristique commune, voir leur prix monter quand la volatilitĂ© journalière de ce prix augmentait. Les valeurs anti fragiles choisies Ă©taient : OR, Obligation Ă 10 ans de l’état chinois et Obligation Ă 5 ans de l’état amĂ©ricain, chaque position reprĂ©sentant un tiers du capital Ă investir dans la partie dĂ©fensive du portefeuille soit 16.66 % du portefeuille.