Hier, Gérald Darmanin s’est attiré les bonnes grâces de la gauche (Mélenchon compris), en annonçant la dissolution du mouvement catholique traditionnaliste Civitas, dans le collimateur depuis un certain nombre d’années. Dans le même temps, on apprend que, cette après-midi, le Conseil d’Etat doit plancher sur le référé lancé par les Soulèvements de la Terre contre sa dissolution au mois de juillet. Rien n’exclut que cette décision ne soit remise en cause par nos juges administratifs, notamment en raison de la forme juridique insaisissable des Soulèvements (qui ne se sont pas constitués en association). Civitas devrait d’ailleurs poser des problèmes proches. D’ici là, les uns pourraient obtenir une annulation de la dissolution, quand les autres s’apprêtent à la subir.
La question de la dissolution de Civitas n’a pas traîné. Alors qu’un groupe coordonné de twittos de gauche commençait une campagne en ce sens pour demander à Darmanin d’agir après les universités d’été du mouvement, où Pierre Hillard a affirmé que la citoyenneté des Juifs, accordée en 1791, était contraire aux lois de la catholicité sous l’Ancien Régime, le ministre de l’Intérieur s’est refait une santé politique en agissant promptement.
Reste que la décision administrative devrait être un peu plus compliquée à prendre qu’il n’y paraît. En effet, Civitas n’est pas une association, mais un parti politique qui rêve de remporter des mairies. Dirigé par Alain Escada, Civitas pourrait donc donner un peu de fil à retordre, juridiquement, même si le ministère de l’Intérieur se répand pour dire que le dossier est prêt depuis longtemps. Au moment du mariage gay, François Hollande semble avoir songé à interdire ces opposants, avant de se raviser finalement.
De ce point de vue, l’audience en référé, au Conseil d’Etat, ce 8 août, des Soulèvement de la Terre, promet d’apporter un peu de grain à la réflexion. Le ministre de l’Intérieur peut en effet plaider pour la dissolution d’une association. Mais peut-il dissoudre un collectif qui n’est pas une association ? Peut-il dissoudre un parti politique ? Certes, la tendance, nous le soulignons régulièrement, est à l’affirmation autoritaire. Il n’en reste pas moins que les dossiers marchent mieux quand ils présentent une forme de vraisemblance juridique.
La liberté d’opinion doit être aussi large que possible.
On combat des opinions et idées par des arguments, non par des interdictions.
Un pouvoir qui prétend légiférer sur l’histoire tout en pratiquant l’anachronisme, est bien peu crédible. Et plus il censure, plus il dissout, plus il se discrédite.
Va falloir qu’ils se battent. Et contre une dite justice française, c’est pas fait..